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nous donne d'abord l'histoire et la description des manuscrits, puis passe en revue les traductions, citations et éditions du livre de Dante (l'édition princeps de Corbinelli est naturellement l'objet d'une étude spéciale), et enfin établit les « bases et critères de la présente édition » : le résultat est que V, remontant à T, est sans valeur, que toutes les traductions ou éditions proviennent de T ou de G, et que le texte ne peut s'établir que par la comparaison de T et de G; malheureusement, ces deux mss. ont une source commune, X, et c'est déjà « un testo molto viziato; per spingerci più sù dobbiamo ricorrere alla critica congetturale (p. CXLII). » Des remarques sur l'orthographe et quelques autres points accessoires terminent cet excellent morceau. C'est une joie de relire, avec tous ces secours et toutes ces garanties, l'œuvre vraiment merveilleuse de l'étrange et solitaire penseur qui serait déjà un étonnant génie s'il n'avait écrit ni la Vita nuova ni la Comédie. Le livre est dédié à Al. d'Ancona comme « tardo tributo di non mutabile riconoscenza. »>

Le verbe dans la langue française (étude historique), par J. BASTIN. Première partie Lexicologie; Seconde partie : Syntaxe. Saint-Pétersbourg, 1896, in-8, IV-120-208 p. Comme dans tous les écrits de M. Bastin, on trouve dans celui-ci du discernement et, en ce qui concerne le français moderne, la constatation de nombreux faits appuyés d'exemples.

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Aureliu CANDREA. Poreclele la Románi. Bucarest, Socecu, 1896. In-12, 140 p.

- L'étude des sobriquets ou surnoms, très répandus dans le peuple roumain, est intéressante pour le folklore et la philologie. On apprendra dans le petit livre de M. Candrea, écrit avec savoir et avec goût, beaucoup de mots et beaucoup de choses. On n'y trouvera rien d'ailleurs qui remonte à une haute antiquité et puisse jeter du jour sur le mystérieux passé des Roumains.

Grammaire classique de la langue française, par M. Léon CLÉDAT. Paris, Le Soudier, 1896, in-12, VI-377 p. Si nous signalons ici cet ouvrage, qui appartient à un genre de livres que nous laissons ordinairement hors de notre cadre, c'est qu'il se distingue par des traits particuliers. M. Clédat a tiré de la Grammaire raisonnée (avec préface de G. Paris) qu'il a publiée il y a deux ans une grammaire destinée aux classes, qui est faite sur un plan nouveau, qui distingue soigneusement dans la langue ce qui est réel de ce qui est purement orthographique, et qui, sans être précisément «< historique », s'appuie constamment sur l'histoire et l'évolution de la langue. Il serait fort à souhaiter que ce livre remarquable fût introduit dans l'enseignement.

Cristian von Troyes Erec und Enide. Neue verbesserte Ausgabe, mit Einleitung und Glossar herausgegeben von Dr Wendelin FÖRSTER. Halle, Niemeyer, 1896, in-12, XLV-231 p. (Romanische Bibliothek, 13). M. Förster nous offre ici une deuxième édition d'Erec, dont le texte a été très soigneusement revu et encore amélioré. L'introduction, fort intéressante, s'occupe à nouveau de quelques-uns des problèmes littéraires soulevés par le poème.

L'auteur y discute notamment, avec une parfaite courtoisie, les objections que j'avais adressées à quelques-unes de ses assertions. Je ne reprendrai pas pour le moment l'étude de ces questions plusieurs ont reçu tout récemment un nouveau jour des recherches de MM. Philipot, Schofield et Lot. La comparaison de la version norvégienne avec le texte français tel qu'il nous est parvenu et avec la version galloise a fourni à M. F. quelques arguments très dignes d'attention en faveur de sa thèse sur le rapport du mabinogi de Geraint avec le poème de Chrétien; mais ils ne suffisent pas, à mon avis, pour la mettre hors de doute. Il continue à croire que l'idée du «< verliegen » est toute française et propre à Chrétien, et ne parle pas des faits que j'ai cités à l'appui de l'origine celtique de cette conception. En somme, on ne saurait trop recommander les trois élégants volumes de la Romanische Bibliothek qui contiennent Cligès, Ivain et Erec. Par leur format commode, leur belle exécution, leur prix modique et les glossaires qui y sont joints, ils se recommandent tout particulièrement aux étudiants en philologie française. — G. P.

Girardo Pateg e le sue « Noie », testo inedito del primo dugento, nota di Francesco NOVATI. Milan, 1896, in-8, 27 p. (extrait du Rendiconti del reale Istituto Lombardo, sér. II, vol. XXIX). — M. Novati a eu la bonne fortune de trouver une copie du xve siècle des Noie de Girardo Pateg de Crémone (première moitié du XIe siècle), dont on ne connaissait que les fragments cités par Salimbene. Il les imprime ici avec une excellente introduction. Comme il se propose d'en donner prochainement une édition revue, ainsi que des Proverbi de Girardo publiés par M. Tobler, dans la Biblioteca storica della letteratura italiana qu'il dirige, nous nous bornons ici à signaler la présente publication. II, II, 6, l'erra ne serait-il pas pour l'arra ? Francesco TORRACA. Attorno alla scuola Siciliana. Roma, Forzani, 1896, in-8, 23 p. (extrait de la Nuova Antologia, mai 1896). - Dans cette fort intéressante étude, M. Torraca combat de nouveau les idées de M. Cesareo sur l'antiquité en Sicile de la poésie lyrique « provençalisante ». Il les combat par des raisonnements auxquels on ne peut que donner son assentiment. Chemin faisant, il met en lumière des faits peu connus ou relève des erreurs courantes. Ainsi il montre que c'est par une bévue qu'on a représenté Robert Crespin, vers 1070, trouvant à la cour de Palerme (qui n'était pas encore conquise !) des poètes français. Il donne des raisons plausibles pour placer Uguçon de Lodi, l'auteur des Proverbia super natura feminarum qu'a publiés M. Tobler, à la fin du XIIe siècle (à noter aussi une pièce de 1260 où figure Petrus de Bazacape de Mediolanis). Il rectifie une singulière méprise de Fauriel, qui fait épouser à Roger de Sicile la fille de Raimond de Saint-Gilles (d'où aurait pris naissance la propagation de la poésie provençale en Sicile), au lieu que c'est Raimond qui épousa la fille de Roger! Il dissipe d'autres hypothèses fondées sur les noms, connus seulement par Barbieri, de Garibo, Maraboto et Lanceloto. Il appuie de très bonnes raisons, contrairement à M. Monaci, l'opinion de M. di Giovanni

que Guido della Colonne (et non della Colonna) était bien de Messine et n'avait rien à faire avec les Colonna de Rome. Toutes ces notices sont précieuses et font le plus grand honneur à l'érudition comme à la critique de M. Torraca. M. Cesareo aura bien de la peine à défendre sa thèse contre les nombreuses objections auxquelles elle a donné lieu. Nous sommes toutefois portés à penser qu'une influence de la poésie française et provençale en Sicile, dès le xe siècle, n'est pas aussi invraisemblable que paraît le croire M. Torraca.

La Chronique des chanoines de Neuchatel, par Arthur PIAGET. Neuchâtel, Wolfrath, 1896, gr. in-8, 37 p. (extrait du Musée neuchátelois). — Dans ce piquant et solide mémoire, qui a produit, comme on pouvait s'y attendre, une grande émotion et quelque scandale à Neuchâtel, M. Piaget démontre que les célèbres fragments de la Chronique des chanoines de Neuchâtel, censés découverts en 1714 par Samuel de Purry et publiés par lui, sont une fabrication, soit de Purry lui-même, soit, plus probablement, du chancelier de Montmollin, dont les Mémoires sur le comté de Neuchâtel contiennent plus d'une falsification. Ces fragments ont fait, par leur style vif, pittoresque et chaleureux, l'admiration, non seulement des historiens littéraires suisses (c'est, dit M. V. Rossel, « le plus beau fleuron de notre littérature nationale avant la Réforme »), mais de bien d'autres, comme Michelet et Alexandre Dumas; on en cite des passages dans toutes les histoires à propos de la défaite de Charles le Téméraire par les « Ligues ». Mais c'est précisément, avec beaucoup d'autres circonstances, - ce style, si différent de celui des contemporains, qui prouve à tout connaisseur la composition moderne des fragments. Le vocabulaire est un indice encore plus sûr : M. Piaget a relevé dans les quinze pages censées écrites au xve siècle une soixantaine de mots qui n'apparaissent (et ne peuvent apparaître) ailleurs qu'au xvie ou au XVIIe. Le Dictionnaire général n'a pas enregistré, dans ses 18 premiers fascicules, moins de 18 de ces mots dont la Chronique des chanoines offrait le premier exemple en français. C'est une petite mésaventure fort explicable, car personne jusqu'à M. Piaget n'avait élevé le moindre doute sur un document dont la critique appartenait en somme aux savants suisses. En la portant avec tant de courage et de justesse sur ce point inattaqué avant lui, le jeune professeur de Neuchâtel a pu mécontenter pour un temps quelques-uns de ses compatriotes; mais il a rempli son devoir de philologue et, en prévenant les attaques qui auraient pu venir d'ailleurs, il a rendu service et fait honneur au canton qui l'a appelé dans son université.

I principali episodi della Canzone d' Orlando tradotti in versi italiani da Andrea MOSCHETTI. Con un proemio storico di Vincenzo CRESCINI. Turin, Clausen, 1896, in-8, cxII-123 p. · Nous n'examinons pas ici la traduction partielle de M. Moschetti, qui intéresse surtout ses compatriotes; mais nous devons signaler à nos lecteurs les cent pages d'introduction qu'y a jointes M. Crescini. C'est assurément ce qu'on a écrit de plus substantiel

et, dans sa brièveté, de plus complet, sur le célèbre poème. On y trouvera résumés tous les faits qui importent à l'appréciation historique et littéraire de la chanson et tous les travaux dont elle a été l'objet. Mais en outre l'auteur y a mis beaucoup de vues personnelles et de constatations intéressantes, notamment en ce qui concerne la destinée du poème en Italie. Le tout est d'ailleurs présenté dans une forme excellente, et M. Crescini fait preuve, là comme ailleurs, d'autant de goût que de sens critique.

Die Geschichte des lateinischen suffixes -arius in den romanischen Sprachen..... von Emil Rudolf ZIMMERMANN. Darmstadt, Otto, 1895, in-8, 94 p. (diss. de Heidelberg). Ce travail méritoire contient deux parties : l'une est relative à la forme qu'a prise -arius dant les différentes langues romanes; nous en reparlerons à propos du livre que M. E. Staaff vient de consacrer à cette intéressante question; l'autre s'occupe de l'emploi et du sens de -arius et de ses représentants. On y remarquera la double liste des mots où -arius est ajouté à un autre suffixe ou s'ajoute un autre suffixe, liste qui d'ailleurs n'est exempte ni d'omissions ni d'erreurs (notons, p. 39, l'extraordinaire étymologie de daintiers tiré de daim !). M. Z. prétend que le roman a fait des dérivés en -arius de thèmes verbaux, et il le prouve par un grand nombre d'exemples, qui tous sont tirés, en réalité, non de thèmes verbaux, mais de participes ou même de substantifs. Prenons les exemples français (p. 73), qui sont au nombre de treize : il faut tout de suite en retrancher conductier, cuitier, faitier, lavandier, tirés de participes; establier vient d'estable, errier de erre, flanier (M. Z. le tire de flanarius (!) et p. 89 l'explique par « flâneur » (!)) de flaon, commandier de commande, minier de mine; enquerrier («inquaerarius») est à rayer (s.d.), faute pour enqueriere) ainsi que retondier (retonder dans un texte lyonnais) sont très douteux; restent parlier et restorier: parlier (de m. en prov.) doit, d'après l'analogie, se rattacher à parabola et non à parabolare; quant à restorier, il aurait fallu le rapprocher de reprovier, encombrier et autres abstraits neutres en -ier existant en regard d'infinitifs en-er: ces mots ont probablement pour point de départ (voy. Meyer-Lübke, II, § 471) le mot latin improperium, qui a produit reprobèrium en regard de reprobare, d'où les autres; ils n'ont rien à faire avec -arium, lequel ne s'est jamais appliqué à un thème verbal. Les mots anc. fr. que l'auteur cite plus loin (p. 89) comme présentant l'-arius verbalis, et qui ne sont qu'en partie les mêmes que ceux de la p. 89, n'ont pas plus d'existence réelle, en ce sens, que les premiers.

Studies on the Li beaus Desconus, by William Henry SCHOFIELD. Boston, Ginn, 1895, in-8, 216 p. (vol. IV des Studies and notes in philology and literature, publiées sous la direction du Modern Language Department de la Harvard University). Nous nous bornons, pour le moment, à signaler ce très intéressant ouvrage, sur lequel nous reviendrons prochainement, en rendant compte en même temps du long et savant mémoire publié par M. F. Saran, dans le t. XXI des Beiträge zur Geschichte der

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deutschen Sprache und Literatur, sur le Wigalois de Wirnt de Grafenberg. Il s'agit en effet également, dans ces deux ouvrages, des diverses versions du Bel Inconnu et de leurs rapports.

Michele SCHERILLO. Alcuni capitoli della biografia di Dante. Torino, Loescher, 1896, in-8, xx-530 p. - Nous ne saurions trop recommander ce volume à tous ceux qui veulent connaître et comprendre Dante, son temps et son milieu, autant que cela nous est possible aujourd'hui. M. Scherillo a lu tout ce qui a été écrit sur le sujet ; il a étudié les documents de tout genre qui l'éclaircissent; il a surtout profondément médité les vers du poète et il en a souvent pénétré le sens intime mieux qu'on ne l'avait fait jusqu'à lui. Il a d'ailleurs apporté dans son interprétation et dans sa critique un sens historique très judicieux et une parfaite clarté de vues. Nous nous plaisons à regarder son livre comme l'annonce d'une Vie de Dante où seront utilisées et complétées toutes les recherches auxquelles ce beau sujet, à la fois si attrayant et si difficile, a donné lieu surtout dans notre siècle. Donnons les titres des chapitres dont se compose le présent ouvrage, et dont plusieurs, publiés dans divers recueils, avaient déjà permis d'apprécier le savoir et la méthode de l'auteur : L'anno della nascita, La madre e la matrigna, Il nome di Dante, Il cognome Alighieri, Geri del Bello, Brunetto Latini (tout particulièrement intéressant), I primi versi, Perchè Dante salva Salomone, La morte di Beatrice, I giganti nella Commedia, I primi studi. De nombreuses pages servent à illustrer les œuvres du poète autant que sa biographie, et, dans ses digressions, parfois prolongées un peu au delà de ce qu'on attendrait, M. Sch. touche bien des points qui intéressent en général l'histoire littéraire du moyen âge. Aussi aurait-il été désirable qu'aux sommaires des chapitres, d'ailleurs très développés, que donne la table, fût joint un index des matières et des noms; car il y a là plus d'un renseignement qu'on ne songera pas toujours à chercher dans un volume consacré à la vie de Dante.

Il Giudizio universale in Canavese. Pubblicato e commentato da Costantino NIGRA e Delfino ORSI. Turin, Roux, 1896, in-12, 208 p.- MM. Nigra et Orsi continuent leurs intéressantes publications des Rappresentazioni popolari in Piemonte. Après nous avoir donné le Natale et la Passione, ils nous offrent maintenant le plus curieux peut-être des drames religieux du Canavais, le Giudizio universale. L'introduction comprend deux parties: l'une, de M. Nigra, qui s'occupe, avec beaucoup d'érudition, des origines. de la légende de l'Antéchrist et de sa dramatisation; l'autre, de M. Orsi, remplie de curieux détails sur une représentation du Jugement dernier dans la montagne en 1895.

Jules CAMUS. Les Songes au moyen dge, d'après un manuscrit namurois du xve siècle. Paris, Leroux, 1896, in-8, 23 p. (extrait du Bulletin de la Société de folklore wallon). – D'un manuscrit copié au xve siècle à Namur, que M. C. a décrit ailleurs (Rev. des 1. rom., 1894, 1895), il extrait une liste alphabétique de songes interprétés, qui est, dit-il, le manuel de ce

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