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le droit de faire à ses anciennes règles les changemens que réclamaient les circonstances et le bien du service, tout en conservant le respect le plus profond et le mieux mérité pour des statuts émanés de son fondateur, approuvés et consacrés par les souverains pontifes, autorisés par la puissance civile. C'est qu'il est pour toute société une loi première, une loi suprême, en exécution de laquelle se font toutes les autres lois, et contre laquelle rien ne prévaut c'est la loi qui lui commande d'exis ter, et, pour cela, de s'améliorer sans cesse. Toute institution humaine qui ne peut pas grandir, décroît; qui ne peut pas s'améliorer,

meurt,

CHAPITRE XVI.

Livres classiques

en usage dans les Ecoles chrétiennes.

Nous connaissons les statuts essentiels et fondamentaux. Nous avons étudié la méthode dans principaux détails.

ses

Nous savons, tout ensemble, que ces statuts et cette méthode des Frères donnent générale

ment l'idée d'une excellente institution; qu'ils

les observent, depuis un siècle et demi, avec une religieuse exactitude; et que néanmoins, ils n'ont pas cru déroger à leurs règles ni à leurs vœux, en introduisant, de temps en temps, des modifications qui pouvaient contrarier la lettre de certains articles, mais qui, au fond, rentraient dans l'esprit de l'Institut, et tendaient à l'accomplissement des intentions du fondateur, au plus grand bien des enfans. Salus puerorum, suprema lex.

Tout, jusqu'à présent, nous a paru digne d'éloges, et la louange n'est pas épuisée.

Mais tout louer, même dans les meilleures institutions, est, de tous points, un mauvais parti. La critique, quand elle est juste, est un hommage de plus.

Nous ne craindrons donc pas de proposer aux Frères eux-mêmes quelques observations. sur les livres qu'ils mettent entre les mains de leurs élèves, tels, ou à peu-près, qu'ils sont sortis des mains de M. de La Salle.

On doit bien penser que les Frères ont le plus grand soin de préserver les enfans du poison des mauvais livres. Il est enjoint aux maîtres de s'emparer aussitôt de ces funestes productions, et de les porter au Frère directeur. Ce point, ajoute la Conduite des Ecoles, est d'une grande conséquence. (p. 155.)

Il paraît que, dans le commencement, le Frère directeur était obligé de brûler les ouvrages de cette espèce. Depuis, on s'est contenté de les retirer des mains des écoliers. Les statuts actuels veulent que les livres méchans et suspects soient portés au Frère directeur, pour les examiner ou faire examiner (1).

(1) L'Université a pris sur ce point une mesure générale

Mais, sous d'autres rapports qui ont aussi leur importance, les livres mêmes des Frères, composés il y a près de cent cinquante ans, sous l'influence de lois et de coutumes qui ne sont plus, n'auraient-ils pas besoin d'être revus et corrigés?

Prenons un de ceux qu'ils estiment le plus, et qui justifie le mieux cette estime, celui où sont exposés les Devoirs d'un chrétien envers Dieu (1).

Sous ce titre, par une de ces pensées fécondes qui naissent d'une conviction intime et d'un sentiment vif de la religion, le saint fondateur a compris toute espèce de devoirs que l'homme est appelé à remplir envers soi-même et envers la société, parce qu'en effet tout devoir de l'homme envers l'homme est aussi un devoir

qui facilite beaucoup la surveillance; tout livre dont l'usage est ordonné ou permis aux élèves dans l'enceinte d'une maison d'écucation, doit être frappé d'une estampille; tout livre non estampillé doit être retiré.

(1) Les devoirs d'un chrétien envers Dieu, et les moyens de pouvoir bien s'en acquitter, par M. De La Salle, prêtre, docteur en théologie, etc., à Charleville, chez Raucourt, imprimeur-libraire. (Il n'y a point de

envers Dieu, source éternelle, inépuisable, immense, de tout ce qui est bon, juste et vrai.

Un pareil ouvrage est, de sa nature, invariable; car il ne fait qu'exposer la doctrine catholique, et le propre caractère de cette doctrine est de ne changer point, tandis que tout change autour d'elle. Le livre des Devoirs envers Dieu doit donc être aujourd'hui, dans tout ce qu'il a d'essentiel, ce qu'il était il y a cent ans et au-delà, ce qu'il sera dans mille

ans,

Mais c'est précisément à cause de ce beau et incommunicable caractère de la doctrine catholique en tout ce qui concerne la foi et les mœurs, que l'on doit se garder d'y mêler des expressions inexactes, des devoirs surannés, des usages abolis, rien enfin de ce qu'entraîne avec lui, d'âge en âge, le torrent des choses humaines.

Sous ce point de vue, le livre des Devoirs était, comme les statuts et les règlemens, suscep tible de modifications: car le temps a couru; et dans sa course rapide, que n'a-t-il pas emporté?

Nous appellerons, par exemple, l'attention des Frères, et de l'autorité supérieure chargée de les surveiller et de les protéger, sur les passages qui suivent.

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