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Enfin, cette objection devient elle-même une puissante preuve de la nécessité de l'établissement des écoles gratuites, parce qu'en montrant l'avantage qu'il y a, pour s'instruire de la religion, de savoir bien lire, elle avertit que, là où il y a des écoles charitables, presque tous les enfans des pauvres savent lire, et que, là où ces écoles manquent, presque aucun ne le sait, faute de gens qui veuillent les instruire pour le seul amour de Dieu. >>

Si cette institution des écoles chrétiennes est şi nécessaire, Dieu a donc manqué à son Eglise de lui envoyer si tard un secours si important.

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Ici, le défenseur des Frères se sentait ému et, poussant l'argument, il en montrait avec assez d'énergie les singulières conséquences.

« Si l'institution des retraites, des missions, des séminaires, etc. etc., était si nécessaire pour la conversion des âmes et la formation des ministres de l'Eglise, Dicu a bien manqué à son Eglise de lui envoyer si tard ces secours de salut. Si la tenue du concile de Trente était si nécessaire pour arrêter le cours des hérésies de Luther, de Zuingle et de Calvin, Dieu a bien manqué à son Eglise de ne pas le faire convoquer et terminer plutôt. »

<< Disons-en autant, ajoutait-il, de toutes les réformes qui ont réparé les brèches de la discipline monastique, et de toutes les diverses congrégations de saints et de savans hommes que Dieu a suscités depuis deux siècles pour la défense et l'édification de son Eglise. Pourquoi si

tard?

Après avoir ainsi pulvérisé ce qu'il appelait un raisonnement téméraire, il recherchait, comme c'est la coutume dans tous les temps, si on ne pourrait pas, pour la satisfaction de ceux qui ont peur des institutions récentes, étayer de quelques vieux appuis l'édifice trop neuf des Ecoles chrétiennes. Il trouvait que si l'on voulait absolument leur donner une origine plus ancienne, on en découvrirait une ébauche dans les établissemens des religieuses Ursulines, dans les institutions des Filles de Notre-Dame, et des Filles Grises, fondées par M. Vincent et Mme Legras.

Il s'enfonçait de plus en plus dans l'antiquité, et il citait le martyr saint Cassien, faisant la profession de maître d'école pour avoir occasion de donner aux enfans des fidèles et des païens l'instruction et l'éducation chrétienne; il disait qu'en général, les chrétiens se chargeaient volontiers d'apprendre à lire et à écrire,

ou d'enseigner les belles - lettres et les sciences supérieures, pour avoir la liberté de faire connaître Jésus-Christ et sa doctrine.

Enfin, il concluait qu'au défaut des ministres de l'église, c'est une nécessité que d'autres ouvriers mettent la faux dans la moisson.

CHAPITRE XVIII.

Suite des objections faites dans le temps contre les Frères des Ecoles chrétiennes.

L'INTÉRÊT des villes, l'intérêt des instituteurs déjà établis, étaient autant de considérations que pressaient les adversaires des Ecoles chrétiennes, pour en tirer des moyens victorieux contre l'Institut naissant.

A l'égard des villes, « Il faut, disaient-ils, aux communautés un grand espace de terre ;- les nouveaux établissemens, en amenant dans une ville de nouveaux habitans, la peuplent; et en la peuplant, contribuent à la cherté des denrées et de toutes les choses nécessaires à la vie; si ces nouveaux Instituts vivent d'aumônes, la ville s'en trouve surchargée: s'ils peuvent posséder des rentes, il leur faut de nouvelles acquisitions qui augmentent les fonds et les met tent à un plus haut prix.

» etc.

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par

On se croyait obligé de réfuter sérieusement ces pauvretés; de faire observer que les services rendus les communautés bien tenues, dédommagent le public de l'espace de terre qu'occupent leurs bâtimens, leurs cours et leurs jardins; que ce que les villes craignent le plus, ce n'est pas précisément de voir s'accroître leur population; que l'augmentation raisonnable du prix des fonds, des maisons, des denrées, loin de nuire à l'aisance d'une ville, y contribue; qu'elle fait circuler l'argent, encou rage les travaux et anime le commerce.

On ajoutait que la communauté des Frères avait essentiellement pour objet le bien public; que si leurs écoles et leurs maîtres se multipliaient, ils procureraient d'autant plus le bien public; qu'il ne fallait, après tout, ni un grand terrain pour les loger, ni de vastes bâtimens pour les mettre à leur aise; que comme leur état ne leur permettrait jamais de grandes possessions, ni des fonctions d'éclat, ni rien qui fût capable d'exciter l'envie ou d'irriter l'ambition d'autrui, ils n'avaient rien qui dût les faire repousser.

On terminait ce plaidoyer par une réponse sans réplique. « A qui est-ce à juger de ce

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