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«En effet, comme il n'est pas possible, dans une grande réunion d'enfans, que les facultés et les progrès soient égaux, il est indispensable de les occuper diversement et suivant la capacité qui se manifeste dans chacun d'eux,et l'on arrive par là à la division en classes, dans lesquelles se réunissent un certain nombre d'écoliers, prenant part aux mêmes exercices. >>

« Afin d'exciter dans chacune de ces classes une activité et une application constante, on établit un concours perpétuel pour les places que les enfans doivent occuper dans le banc, et chacun se trouve toujours assis là où l'ap-, pellent son savoir et son attention. »

<<< Le maintien de l'ordre et de la discipline dans l'école, est également confié aux élèves, parmi lesquels on prend des inspecteurs, aussi bien que des maîtres chargés de veiller à la régularité dans chacune des divisions. »

« A l'aide de l'enseignement mutuel, le nombre des maîtres se trouve tout-à-coup fort augmenté, et par conséquent les bonnes connaissances peuvent se répandre beaucoup plus vite, et parmi ceux à qui elles étaient étrangères. Des classifications exactes et des exercices appropriés aux facultés de chacun des écoliers, font

que ceux-ci sont toujours efficacement occupés, et qu'il ne se perd pas un moment pendant les heures de l'étude; comme ils s'enseignent les uns les autres, les enfans apprennent beaucoup mieux en cherchant à imiter leurs camarades; (1) et il est facile de remarquer chez ceux qui commencent combien cette influence est puissante: les écoliers qui font les fonctions de maîtres se forment eux-mêmes en enseignant. (1) Enfin, le concours pour les places excite constamment une émulation qui provoque elle-même plus de zèle, et qui hâte sensiblement les progrès de chacun des écoliers. »

Encore une fois, un frère des Ecoles chrétiennes n'aurait-il pas le droit de dire aux fondateurs des nouvelles écoles: De quoi vous glorifiez-vous? nous savons et nous faisons tout cela depuis plus d'un siècle.

(1) Ceci rappelle le passage de Quintilien, que M. Ha mel a pris pour épigraphe: Incipientibus condiscipulorum quàm præceptoris jucundior, hoc ipso quòd facilior, imitatio est. (Instit. orat., lib. I. cap. 2.}

(2) Donner, c'est acquérir, a dit excellemment Colardeau; enseigner, c'est apprendre. Ce vers pourrait être la devise de nos écoles d'enseignement mutuel,

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MAIS alors, pourquoi ces nouvelles écoles ? Si cette question ne s'était pas présentée, après tout ce que nous avons dit, nous aurions tout-à-fait inanqué notre but.

Les réponses sont nombreuses et faciles.

Nous nous en tiendrons à celles qui ont été faites, il y a une centaine d'années, par le zélé défenseur des Frères (1).

Elles sortent naturellement du récit que nous allons transcrire dans sa naïve et religieuse simplicité. >>

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<< Vers 1687, la divine providence parut ou

(1) Vie de M. De La Salle, tom. I, pag. 278.

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vrir à M. de La Salle un grand champ pour exercer son zèle, sans le faire sortir des fins de son Institut. L'odeur de ses vertus et de celles de ses disciples répandue de tous côtés, le fruit des Ecoles chrétiennes connu enfin dans les villes et les villages voisins de Reims; réveillant le zèle des bons curés, chacun d'eux s'empressa d'avoir des Frères pour se décharger sureux de l'éducation et de l'instruction d'une jeunesse abondonnée et comme laissée en proie à l'ignorance. Ces bons pasteurs cherchaient remède à un mal sur lequel le serviteur de Dieu gémissait depuis long-temps. Il avait plus de désir qu'eux de guérir une plaie qui devenait mortelle pour la plupart des pauvres gens de la campagne. »

« Mais plus il y pensait, moins il se voyait le pouvoir d'y remédier. »

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«Il est vrai que ses disciples pouvaient faire dans les villages le bien qu'ils faisaient dans les villes: ils l'eussent même fait plus facilement parce qu'ils y eussent trouvé plus de docilité du côté des enfans, et moins de contradiction du côté de leurs parens: mais où trouver en chaque village les fonds pour la subsistance de deux Frères? Le pasteur le mieux intentionné, quoi

qu'aidé de ses paroissiens, n'aurait pas été par tout en état d'y fournir. »

«De plus, si un second Frère eût été néces-. saire dans les grosses paroisses, il eût été de trop dans les petites. »

all aurait donc fallu, en prenant le parti d'établir des Frères dans les villages, les envoyer seuls: or, c'est à quoi le pieux fondateur ne pouvait se résoudre. Il entrevoyait dans ce projet de trop grands inconvéniens. (1) Quelque zèle donc qu'il eût de seconder celui de MM. les curés de campagne, il ne put se prêter à leurs demandes ; et il leur répondit à tous qu'il s'était fait une règle inviolable de n'envoyer jamais un Frère seul. » }

On se rappelle que la bulle de 1724 approuva expressément, et répéta cette disposition: elle se retrouve dans les statuts de 1810.

A la vérité, cette règle, inviolable pour les Frères de l'Institut de M. de La Salle, n'est pas aussi inflexible pour les Frères de la com

munauté.

Ceux-ci ont reconnu de bonne heure la nécessité de se conformer davantage aux lieux et

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