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aux temps; ils ont voulu faire économie d'hommes difficiles à trouver, lents à former. Leurs statuts leur permettent expressément d'envoyer un ou plusieurs mattres; et par conséquent, ils peuvent satisfaire également aux demandes des villes et des campagnes.

Mais d'autres obstacles ont arrêté jusqu'ici la multiplication de ces derniers Frères, quelqu'utiles et quelque respectables qu'ils soient; et en attendant qu'il se forme un assez grand nombre de ces dignes ouvriers, la moisson presse. On peut dire avec autant de raison, pour le moins, qu'on le disait en 1686 et en 1724 : l'ignorance est une source de tous maux; ignorantia omnium origo malorum.

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Nous pouvons désormais réduire à deux les trois méthodes dont nous avons parlé au commencement de cet ouvrage.

Ces deux méthodes, réellement distinctes, sont l'enseignement individuel, et l'enseignement mutuel.

Cette dernière méthode est toute française: on la doit à l'Instituteur des Frères des Ecoles chrétiennes. Après avoir langui comme si elle n'avait pas été persécutée, elle s'est ranimée dans ces derniers temps. Elle a été perfectionnée, non quant à ses principes essentiels, qui ont tous été trouvés et pratiqués dès 1680, par M. De La Salle et par ses disciples, mais quant

aux procédés de détail et de forme. Ces derniers perfectionnemens, qui n'ont pas le même mérite que la découverte principale, ont néanmoins jeté plus d'éclat, ou fait plus de bruit; et grâce à ce bruit, à cet éclat, grâce à un siècle impatient de jouir, grâce au rapide mouvement de tous les esprits, grâce au besoin, plus grand que jamais, d'une instruction universelle, grâce aussi à des oppositions maladroites et passionnées, l'enseignement mutuel grandit tous les jours, il marche à pas de géant, il parcourt l'Europe, il fait le tour du monde, la terre est à lui il éclairera les peuples civilisés, il eivilisera les nations barbares; et concourant avec la propagation des livres sacrés, s'avançant à la suite et sous les auspices: de la religion, il achèvera la conquête de l'univers au christianisme.

Mais combien d'obstacles retarderont encore sa marche et ses bienfaits!

Et d'abord il lui faudra vaincre l'aveugle routine, pour qui l'entêtement est de la constance, et l'inertie de la force.

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C'EST une chose prodigieuse, de voir avec quelle obstination les hommes, qui semblent si avides de leur bien être, résistent au bien réel qu'on leur veut faire. Vous les diriez incessamment appliqués à se punir eux-mêmes. d'avoir voulu jadis, contre la défense divine, goûter du fruit qui recélait la science du mal et moral et physique. Le mal physique même, individuellement ils le craignent et le fuient, en masse ils s'y condamnent ou s'y résignent, sans motif et sans but, avec un incroyable aveuglement; souvent ils en gémissent, mais il faudrait, pour en sortir, ouvrir les yeux et faire un pas : ils y demeurent, ils s'y enfoncent, ils finissent par s'y complaire.

Autrement, expliquerait-on qu'aujourd'hui encore, les quatre cinquièmes des parens laissent leurs enfans en proie aux deux fléaux de l'ignorance et de l'oisiveté, et à tous les maux qui en sont la suite, dans un pays tel que la France; après dix-huit siècles de l'éclatante lumière du christianisme, de cette religion amie de l'homme, qui, posant l'unité en JésusChrist pour fondement de l'égalité universelle dans l'ordre moral, devait, sous ce rapport, effacer, partout et pour toujours, les distinctions de riches et de pauvres, de grands et de petits, comme celle de Grecs et de Barbares?

Nous comptons en France plus de 40,000 communes, et 1500 au plus jouissent du bienfait d'un enseignement, dont le modèle existe au milieu de nous depuis un siècle et demi.

Des hommes pleins de zèle veulent combler cé vide immense; et de toutes parts, en 1818 comme en 1680, leur généreuse entreprise sè voit accueillie par l'indifférence, ou même par l'injure et la calomnie. On hésite, on repousse, on accuse, on intrigue, on s'allarme; et il est des gens qui délibérent gravement si l'ignorance ne serait pas préférable à l'instruction, conséquemment l'oisiveté au travail, l'infortune à l'aisance, la misère au bonheur, le crime à la vertu.

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