breuses veines métalliques, très-abondantes en minerai; mais, vu la cherté de l'exploitation, elle ne rapporte pas à proportion de sa richesse naturelle. L'éloignement où elle est de la capitale, est aussi au nombre des causes de son peu de valeur. Les trente marcs de métal qu'on y extrait du caxon', ne suffisent pas pour les frais. On peut en dire autant du minerai tiré des veines plus petites et plus voisines de la superficie de la terre. Il serait à désirer qu'on mît à exécution le projet de transporter le produit de cette mine à Calloa, ce qui non-seulement la ferait prospérer, mais serait très-avantageux aux provinces voisines. La mine de Guarochiri *, dont l'abondance a d'heureux effets dans la capitale, paraît cependant ne pas être dans un état qui corresponde à la quantité des veines, ni à la richesse du minerai. Le nouveau mode d'amalgame, l'emploi d'un nombre suffisant d'ouvriers indiens qu'on peut engager sans difficulté, et • Le caxon est du poids de 6,250 livres. * Cette mine s'étend presqu'entièrement sur toute la province qui en porte le nom, et dont la capitale est la ville de Guarochiri, qui est à dix-sept lieues de Lima, et à vingt-huit de Tarma. Elle est comprise dans l'intendance de Lima. quelques réformes dans les procédés, sont les seuls moyens de mettre dans un état florissant toutes les mines du Pérou. La navigation du Pérou est bornée. Le commerce du blé conduit les navigateurs de ce royaume dans les ports du Chili. Ils en voient aussi des bois de construction, etc. à Guayaquil. Dernièrement ils ont fait quelques voyages à Chiloë, aux îles de Juan Fernandez, à Valdivia et à Panama. On navigue avec facilité, et à bon compte; mais la partie scientifique est très-defectueuse, parce qu'elle ne tire aucun secours de l'astronomie. Ceux qui conduisent les vaisseaux marchands ne suivent que la routine. Les cartes hydrogra phiques sont fautives en plusieurs points, et les côtes sont plus parallèles qu'elles ne les représentent. D'ailleurs, les brouillards qui presque continuellement couvrent la terre, et la dérobent aux regards, des navigateurs, les obligent à faire un circuit qui alonge considérablement le voyage. Jusqu'à l'année 1780, c'était pour une maison de commerce, une source de grandes richesses, que de pouvoir disposer d'un vaisseau pour faire le cabotage. Mais depuis que les opérations se sont multipliées, le prix du fret a baissé, et les profits se sont partagés entre un plus grand nombre de spéculateurs. La pêche est un genre d'industrie exclusi vement réservé aux Indiens qui habitent le rivage. Mais comme ils manquent d'adresse, et qu'ils n'ont ni barques ni instrumens convenables, ils ne s'avancent qu'à peu de distance en mer. De là proviennent la rareté et la cherté du poisson, si souvent éprouvées à Lima et tout le long de la côte. Il y a quelques années que l'on construisit des bateaux d'une forme particulière, pour pêcher dans toute l'étendue de mer qui borde le Pérou ; mais on y renonça promptement. Les lacs de ce pays ne donnent que très-peu de poisson. Le produit de la pêche qu'y feraient les Indiens, ne paierait pas leurs peines. Contens de leur maïs et de leurs pois secs, ils croient que prendre une nourriture abondante, c'est renoncer volontairement à la santé, et même à l'existence. A parler généralement, l'agriculture pour rait fournir suffisamment aux besoins des habitans du Pérou, et leur subsistance serait moins précaire et moins dépendante des secours étrangers. On peut cultiver le froment avec succès dans les vallées voisines de la capitale. La nature et le mauvais état des chemins, ainsi que les retards et les frais de transport, arrêtent presque entièrement la circulation intérieure du royaume, et sont autant d'obstacles aux progrès de l'agriculture. La vallée de Jauja fournit plus d'une preuve de cette assertion. La facilité avec laquelle elle envoie aux mines de Pasco le maïs et les autres denrées qu'elle produit, la maintient dans un état florissant, L'histoire naturelle du Pérou est fertile en prodiges. Les montagnes de Chancamayo, de Huanaco et de Lamas, etc. * sont extrêmement remarquables par la force et la beauté de leurs productions. Les inconvéniens de la chaleur et de l'humidité, joints à la terreur qu'inspirent les Indiens qui habitent ces contrées, n'ont pas permis de recueillir beaucoup de renseignemens sur ce sujet, et en conséquence, l'histoire naturelle du Pérou n'occupera que peu d'espace dans cet ouvrage. * Cette vallée, qui n'a pas plus de dix-sept lieues de circuit, est extrêmement peuplée. Atanjauja est la ca pitale de la province de ce nom, et dépend de l'intendance de Tarma. Elle est située à dix lieues de cette dernière ville, et à trente-huit lieues de Lima. * Les montagnes de Chancamayo sont à vingt-cinq lieues de Tarma. Celles d'Huanaco sont à environ quatre-vingts lieues de Lima. Les montagnes de Lamas s'étendent de Téfé, frontière des possessions portu gaises, aux confins de l'intendance de Truxillo. La vivacité d'esprit et la pénétration des habitans originaires du Pérou ont, ainsi que leur passion pour l'étude, infiniment propagé les connaissances parmi eux. Dans tout ce qui n'exige pas une forte combinaison d'idées, le beau sexe y a ordinairement l'avantage sur les hommes. L'université royale de SaintMarc de Lima, et les autres universités du royaume, forment un centre de lumières qui se répandent sur toute la circonférence. Sous les auspices de ces corps, les sciences ont fait depuis peu d'incroyables progrès, et se sont introduites dans toutes les classes de la société. Il est à désirer qu'elles améliorént le système d'éducation le plus généralement suivi. Ce n'est que sous ce rapport que l'on a droit de faire quelque reproche aux habitans du Pérou. Le bon goût, l'urbanité, un grand nombre de qualités sociales semblent hérédi taires parmi eux ', * La plupart des objets contenus dans ce chapitre, seront traités plus en détail et séparément dans les chapitres suivans. 1 |