Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

torrens d'eau qui firent beaucoup de dégât.

Quelques jours avant ce terrible tremblement de terre, on entendit à Lima un bruit souterrain, qui tantôt ressemblait à des mugissemens, et tantôt à des coups de canon. Il dura même, après que les secousses eurent cessé, preuve certaine que la matière inflammable n'était pas entièrement éteinte, et que la cause des mouvemens de la terre n'était pas détruite.

La plupart des savans s'accordent à attribuer les tremblemens de terre à l'effort que les vents, tant ceux qui sont renfermés dans des matières sulfureuses ou autres minéraux, que ceux qui sont répandus dans les concavités de la terre, où étant comprimés, ils tâchent de sortir pour s'étendre davantage, font en se dilatant.

L'expérience a démontré, et plus encore au Pérou qu'ailleurs, que lorsqu'un volcan creve nouvellement, il donne à la terre une secousse qui renverse tout ce qu'elle porte. Le mouvement est bien moins fort, lorsque l'ouverture est déjà faite. On en infère que lorsque la bouche du volcan est ouverte, les secousses cessent, quoique la matière s'enflamme à différentes reprises.

[ocr errors]

On sait très-bien aujourd'hui de quelle manière se forment les volcans, et qu'ils sont causés par les parties sulfureuses, nitreuses, et par d'autres matières. combustibles, renfermées dans les entrailles de la terre. Ces matières s'étant unies, et formant une espèce de pâte préparée par les eaux souterraines fermentent jusqu'à un certain point, et s'enflamment ensuite. Alors le vent ou l'air qui en remplissait les pores, se dilate, et son volume s'accroît excessivement, en comparaison de celui qu'il avait avant l'inflammation. « On doit, dit ensuite Ulloa,« se figurer << deux sortes de volcans; les uns contraints ou «< gênés, les autres dilatés. Les premiers doi« vent se trouver dans un petit espace où il << y a une grande quantité de matière inflam «<mable, et les derniers dans les lieux où une «< certaine quantité de matière est répandue « sur un vaste espace. Les volcans comprimés << sont de nature à être contenus dans le sein « des montagnes, dépôt ordinaire de la matière qui les compose. Les volcans dilatés, quoique provenant des autres, en sont << néanmoins indépendans. Ces sont des ra« meaux qui s'étendent à droite et à gauche Voyage, etc. Liv. 1, c. vii, p. 470 et 471.

[ocr errors]

cc

[ocr errors]

<< sous les plaines, sans aucune correspondance avec la masse principale. Cela posé, il reste certain que le pays où les << volcans, c'est-à-dire, les dépôts de ces << matières sont plus communs, et comme « minéraux propres de ce même pays, s'en << trouvera plus veiné et plus ramifié dans ses << plaines; car il ne faut pas s'imaginer que les << matières de cette nature n'existent que dans << le cœur des montagnes, ni qu'elles soient séparées du reste du terrain qui les avoi<< sine. Le pays dont nous parlons, étant donc « plus abondant qu'aucun autre en ces sortes «< de matières, il est tout simple qu'il soit plus exposé aux tremblemens de terre, par la << continuelle inflammation qui survient, lorsqu'elles ont assez fermenté pour en être << susceptibles.

[ocr errors]
[ocr errors]

« Outre la raison naturelle qui dit qu'un << pays qui contient beaucoup de volcans, doit «< contenir aussi beaucoup de rameaux de la << matière qui les forme, l'expérience le dé« montre au Pérou, vu qu'on rencontre à tout « moment dans ce pays, du salpêtre, du sou<< fre, du vitriol, du sel, et autres matières com« bustibles; c'est ce qui fait que je n'ai aucun « doute sur la justesse de mes conséquences. >>

Le bruit qui précède les tremblemens de terre, dit ce même auteur, ressemble à celui du tonnerre, et s'accorde parfaitement avec leur cause. Il ne peut provenir que de cet air enflammé et raréfié qui, dès que la matière s'est allumée, commence à parcourir les concavités de la terre, poussant et dilatant en même tems celui qu'elles contiennent déjà. Il est à remarquer que lorsque la terre s'ouvre, et que cette quantité d'air, comprimé dans ses entrailles, parvient à s'échapper, on ne voit ni le feu ni la lumière que répandent les volcans. La principale raison en est que le lieu par où se fait l'explosion n'étant pas celui où est la matière enflammée, la lumière se perd dans les espaces de la terre où elle se répand. Cependant il y a eu des occasions où on l'a aperçue; mais il arrive plus souvent qu'on voit de la fumée, bien qu'il soit assez ordinaire de confondre, celle-ci avec la poussière qui s'élève de terre pendant le mou

vement.

Les secousses se répètent à peu de distance les unes des autres. Les secondes sont toujours plus fortes et font bien plus de ravages que les premières, le feu de la matière par laquelle commence la conflagration suffisant

pour hâter la fermentation d'une masse considérable.

Le mercure péruvien renferme l'indication de plusieurs tremblemens de terre arrivés plus récemment au Pérou.

Le 8 février 1791, à sept heures du soir, on ressentit à Lima deux petites secousses de tremblement de terre, entre lesquelles il n'y eut qu'une minute d'intervalle. La détonation fut violente. Le mouvement se dirigea du sud-est au nord-ouest, et fut à-peu-près le même que celui de tous les phénomènes de ce genre, qui ont fait de si grands ravages dans la capitale du Pérou. Le 10, le 11, le 12, le 13 et le 14, la rivière recouvrit ses bords. Ce fut l'effet des pluies abondantes qui tombèrent sur un espace de soixante à soixante et dix lieues, espace qui commence à la hauteur située en face de Chincha, et qui se termine à celle qui est vis-à-vis de Pativilca. Ce qu'il y eut d'extraordinaire dans cette pluie, ne fut pas qu'elle fût tombée dans le territoire montueux des eaux duquel elle provenait, mais ce fut son abondance; car, bien qu'elle n'ait pas duré plus de deux heures, elle forma de nouvelles rivières, détruisit différentes plantations, et ruina plusieurs bourgades.

« VorigeDoorgaan »