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mines, il faudrait que le propriétaire se résignât à la volonté du ciel, et qu'il attendît du tems un remède qui ne répugnât point à ceux qui peuvent seuls le servir efficacement 1.

1 Dans les mines royales, on force les Indiens à travailler.

CHAPITRE VII.

Sol et agriculture. — Population.

Importation des

nègres. Espagnols.

Exagération des massacres imputés aux

A l'époque de la découverte, les terres du Pérou, comme toutes celles du nouveau monde, n'offraient qu'un sol aride et stérile, qui trompait constamment les efforts de ceux qui le cultivaient avec le plus de soin. Les européens qui tentèrent les premiers de former un établissement dans ce pays, furent 'tous, sans exception, tourmentés par la faim, pressés par toutes sortes de besoins, et réduits à travailler pour le profit de ceux qui devaient leur succéder. Cet inconvénient était inévitable dans ure contrée sans culture, et qui ne produisait de plantes que celles que faisait

croître la seule nature.

Les indigènes ignorant l'usage des outils de fer, et n'ayant ni chevaux, ni bœufs, ni ânes, il était impossible que les effets de l'agriculture se fissent sentir au loin sur un sol

couvert de forêts et entrecoupé de lacs et de marais dont les exhalaisons corrompaient l'air.

Les observations les plus anciennes et les mieux fondées, nous apprennent qu'au centre même de la zone torride, la terre était si froide à la profondeur de six ou de sept pouces, que les semences qu'on lui confiait étaient gelées. En conséquence, les plantes de l'Amérique, au lieu d'enfoncer leurs racines perpendiculairement, les étendaient horizontalement, pour éviter le froid intérieur qui les eût fait périr.

Ce degré de froid était également sensible dans les impressions de l'air, car la comparaison des expériences les plus exactes donne pour résulat une différence de vingt degrés, entre le climat de l'ancien monde et celui du nouveau, la chaleur étant la même à quarante degrés de l'équateur en Amérique, qu'à soixante en Europe.

Cette disposition de l'atmosphère a dû nécessairement influer sur les productions et les animaux du nouveau monde. Il n'existe entre les tropiques aucune espèce de grands quadrupèdes; et, d'après cette particularité, les naturalistes ont soupçonné que les germes ne pouvaient se développer sous un climat si

peu favorable aux principales organisations du règne animal, conjecture qu'appuie la dégénération sensible de tous les animaux importés d'Europe en Amérique, et qui dans les commencemens, fit craindre que leur race ne s'éteignît insensiblement.

La même altération se fit remarquer dans les productions végétales, transplantées dans le nouveau monde. Le grain de froment confié avec le plus grand soin à la terre, ne produisait qu'une plante inutile, dont la tige était extrêmement grosse. En conséquence, la culture en fut abandonnée en plusieurs endroits. Les vignes ne réussirent point, quoique plantées sous des latitudes plus méridionales qu'elles ne le sont en Europe. Le café est toujours si inférieur à celui d'Arabie, que les habitans du Levant s'aperçoivent facilement, tant au goût qu'à la vue, lorsqu'on en a mêlé avec du moka; et on ne peut le vendre qu'à très-bas prix en Turquie. Les sucres des Canaries, de la Chine et de l'Egypte ont décidément la préférence sur celui du Brésil, quoiqu'il soit réputé le meilleur qu'il y ait en Amérique.

Les plantes aquatiques et grasses étaient donc celles qui croissaient en abondance, sur

un sol marécageux, couvert d'épaisses forêts, et par conséquent très-favorable à la multiplication de ce prodigieux nombre d'insectes. qui, à chaque pas, tourmentaient les premiers colons. Les œufs n'étant ni dispersés ni détruits par le vent, qui ne pouvait pénétrer dans ces retraites, les insectes pullulaient rapidement et à l'infini.

Trois siècles de culture ont en partie remé dié à ces inconvéniens. Par un travail assidu, par des abattis d'arbres, par le desséchement des lacs, et par la chaleur des habitations, on est parvenu à tempérer la vivacité de l'air. Les efforts de l'agriculture ont fait perdre à la terre le froid qu'elle renfermait. Les sillons tracés par la charrue ont permis aux rayons du soleil de pénétrer à une grande profondeur. Le sol s'est amélioré par les sels qu'y ont déposé les détrimens des végétaux, accumulés pendant une longue suite d'années; il est devenu riche, et il fournit une nourriture suffisante à plusieurs plantes qui acquièrent un volume vraiment extraordinaire.

Mais comme l'industrie ni le travail ne peuvent changer la position d'un pays, celle du Pérou s'oppose constamment à la perfection de l'agriculture.

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