Les sciences sont une source de bonheur pour l'homme; filles du ciel, elles lui révèlent ces grandes vérités qui le rapprochent si dignement de son créateur, qui lui font si grandement comprendre les merveilles de l'univers. Que l'homme considère les êtres qu'il ne voit qu'au microscope, qu'il porte ses regards sur les plus hautes montagnes ou vers les cieux, tout le confond, tout lui dit que sa vie matérielle n'est rien en comparaison de sa vie intellectuelle. Cette pensée animait sans doute M. le maréchal de BelleIsle, lorsqu'il fonda à Metz, en 1760, l'ancienne Société Royale des lettres, sciences et arts; elle animait aussi ceux a de nos honorables confrères* qui, en 1819, conçurent la pensée généreuse de faire revivre ce centre scientifique. Dès son origine notre société, digne héritière des traditions de celle qui l'avait devancée, donna à ses travaux un vaste développement; un grand nombre de mémoires furent publiés, des expositions de l'industrie, de l'agriculture et de l'horticulture ont eu lieu tous les cinq ans ; les producteurs qui se sont le plus distingués ont été dignement récompensés, des collections d'histoire naturelle et d'archéologie ont été créées et l'administration, appréciant de plus en plus les services qu'elle pouvait attendre de vous, s'empressa de vous aider de son concours et de consulter vos lumières. Animés du zèle le plus fervent pour toute espèce de progrės, vous avez pensé qu'il convenait de fonder un enseignement spécial pour nos jeunes industriels, et vous avez créé des cours dont l'enseignement, professé par plusieurs d'entre vous, s'éleva jusqu'au point d'initier de jeunes ouvriers à ce que les sciences ont de plus relevé. Enfin ne vous arrêtant point dans la voie du progrès, vous avez, celle année, créé un comice agricole dans chaque arrondissement du département, en vous réservant un patronage que ces comices se sont empressés d'accepter, sachant combien la pratique et la théorie peuvent se prêter un mutuel appui. La direction générale que vous avez donnée à vos travaux, révélait cette pensée que la richesse d'un pays repose sur son industrie et principalement sur son agriculture; que, si quelques localités doivent leur prospérité à leur position * Cette société a été fondée par MM. Barthélemy, docteur en médecine; Champouillon, professeur de littérature; Carré, docteur en médecine; Chambille, propriétaire; Joseph Gentil, fabriquant de papier; Gerson Lévy, ancien professeur de langues orientales; Herpin, docteur en médecine; Macherez, professeur de langues; Munier, professeur de grammaire; Sarrazin, propriétaire; Thiel, professeur an collège royal de Metz. topographique, la nature du sol est cependant la source la plus certaine et la plus invariable de prospérité. En effet, les peuples primitifs étaient riches par leurs troupeaux, puis s'adonnant à l'agriculture, dès que les arts eurent fait quelques progrès, ils en firent la principale source de leur revenu. Si nous consultons les anciens auteurs qui ont écrit sur les Gaules, nous voyons combien l'agriculture y était avancée, combien les instruments étaient perfectionnés. Toutes les provinces de ce riche pays rivalisaient pour leurs produits en tout genre; Pline, en parlant des Gaules, dit qu'elles ont de vastes plaines de céréales; le tableau qui nous est fait de l'Aquitaine et de la Novempopulanie est le plus riche et le plus varié; à la lecture d'une lettre de Sidoine Apollinaire (lettre 24, livre 4) sur l'Auvergne, on croit voir ce riche pays à notre époque. Ses belles plaines en céréales sont bien peintes par ces expressions: Illud æquor agrorum in quo, sine periculo, quæstuosæ fluctuant in segetibus undo. Ausone, dans son poème sur la Moselle, nous montre combien était grande la prospérité agricole de nos contrées. Que d'immenses richesses notre pays ne nous présentet-il pas? Ne pouvons-nous revendiquer pour lui ce que l'on disait dans l'antiquité de la Novempopulanie, de l'Aquitaine et de l'Auvergne? Nos vignobles, nos prairies, nos jardins, nos vergers, nos grandes cultures, nos abondantes moissons, nos vastes forêts, les rivières qui l'arrosent, ne sontils pas une source immense de richesses qui donne l'abondance en tout genre et qui influe d'une manière si heureuse sur le caractère des habitants. Si à cela nous ajoutons nos mines de fer, nos excellents matériaux de construction, nos argiles si convenables pour la fabrication des tuiles, des briques et de la poterie, nous n'aurons plus sujet de nous étonner de ce qu'à l'époque où les Gaules jouissaient d'une paix profonde sous la protection des légions romaines, notre pays avait tant de voies de communication, tant de villes florissantes et des campagnes si peuplées. Dans ces temps où les arts étaient si développés, combien de grands monuments furent élevés. Rappelons-nous Metz avec son palais impérial, ses temples, son immense aqueduc, son amphithéâtre, ses fortifications, ses portes triomphales; jetons un coup-d'œil sur ces débris de marbre si variés épars sur le sol, sur ces bronzes en tout genre, sur ces poteries ornées de riches reliefs et de formes élégantes, et sur ce grand nombre de pierres gravées dont quelques-unes nous offrent un travail si fin et si pur. Si les invasions des barbares apportérent quelque perturbation dans les Gaules, bientôt sous l'empire des Francs, l'agriculture et les arts, conservant leurs anciennes traditions, recouvrèrent leur état antérieur, et Metz, devenue la résidence des rois d'Austrasie, ne le céda peut-être en rien à la capitale des Médiomatriciens. Les communications furent rétablies, l'agriculture reprit son ancienne activité, et Charlemagne, par ses sages capitulaires pour l'administration de ses domaines qu'il visitait successivement, nous montre combien, à cette époque, l'agriculture était en honneur, et combien ce grand homme la considérait comme la base la plus solide de son vaste empire. C'est donc au sol que nous devons le plus nous attacher, c'est par le développement de toutes les industries qui s'y rattachent que nous devons aujourd'hui faire des conquêtes beaucoup plus durables que celles qui résultent des chances de la guerre. C'est par de nombreuses voies de communication que nous devons faire circuler plus rapidement les capitaux, et faire pénétrer jusque dans les hameaux les plus isolés les éléments de la civilisation. Mus par ces pensées, nous devons donc rechercher quels sont les éléments de richesses qu'il faut tâcher de développer, et il est bien évident que les |