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Alors, surtout alors, vous lèverez la tête;
Vos yeux chargés d'ennuis aux cieux s'attacheront
Et vous y verrez luire, à travers la tempête

Le regard du Très-Haut éclairant votre front.

Nous nous reprocherions de ne rien dire d'une autre pièce, gracieuse romance intitulée : « La Mouche luisante,» où nous retrouvons l'auteur de la Goutte de rosée. »

Quel est ce point d'or qui scintille
Joyau tombé sur le gazon?

Petite mouche, pour parure
Dieu te donne un rayon de feu
Voltige, luis dans la verdure
Petite mouche et bénis Dieu!

Qui de nous, un soir d'été, n'a vu ces points d'or illuminer le gazon et n'en retrouve un vif souvenir dans ces quelques vers?

Cette romance que la musique pourrait si bien populariser est suivie d'une autre pièce pleine de foi et d'amour intitulée «une Mère. »

UNE MÈRE.

Seigneur, quand pour mourir tu naquis parmi nous,
Des trésors, des bonheurs, des amours de la terre
Tu ne voulus qu'un seul, le plus saint le plus doux :
Tu choisis une mère.

Et lorque t'immolant pour les hommes pécheurs,
Tu mourus, délaissé sur l'infàme Calvaire,
Un cœur seul recueillit et ton sang et tes pleurs:
C'est le cœur de ta mère !

Par son sein virginal, par son lait maternel,
Par ses genoux sacrés, par son angoisse amère,
Je t'en prie: ô mon Dieu, de ton tròne éternel,
Protège notre mère.

Exauce de nos cœurs les vœux les plus ardents;
Rends tous ses jours sereins, prolonge sa carrière
Laisse, ò Dieu, notre amour jouir encor longtemps
Des baisers d'une mère !

Depuis la publication de ces poésies, Mme Struman-Picard n'a plus ecrit; mais grâce à Dieu, elle ne quittera pas le luth sacré qui nous a fait entendre cette belle prière. La femme va maintenant succéder à la jeune fille; nous en avons la promesse dans la pièce suivante intitulée Mon choix, que nous avons dérobée à la Revue Générale pour la reproduire ici, afin de ne pas la séparer de ses sœurs :

MON CHOIX.

Laisse-là, m'ont-ils dit, laisse-là tes cantiques,
Tes hymnes inspirés, tes lais mélancoliques,
Ou si tu veux chanter, suis du moins nos leçons :
Encense le pouvoir, la fortune, les vices;
Couronne de tes fleurs nos coupes de délices;

Plus beau que vos lauriers, le pampre ceint nos fronts.

A quoi sert la vertu, le cœur et le génie,
Et de paisibles vers la suave harmonie?

« C'est vieilli, c'est usé; de nos jours, vois-tu bien,
Il faut courber le front pour puiser au Pactole,
Des élus du plaisir guider la danse folle;

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« Le reste... ne rapporte rien.

Tu voudrais exhumer de ces âges antiques

Les nobles dévouements, les vertus domestiques?

Va, Lucrèce et Caton sont bien loin de nos jours,
Plus loin encor David et sa harpe sacrée.

Foi, poésie, amour?... Eh! ma pauvre inspirée,

L'or est notre seul Dieu, le plaisir, nos amours.

« N'écoute plus le sage et ses graves paroles;

Crois-nous, fais comme nous, courtise nos idoles,

«L'or et la renommée alors te souriront;

« Pour l'éclatant archet quitte la lyre sainte,

« Pour les refrains hardis, ta prière et ta plainte.

« L'or, enfant, cachera la rougeur de ton front!

Dans la fange traîner ta robe virginale!
Ternir tes lis si blancs, Muse, sainte vestale!
Renier mon passé, trahir tous mes serments,
Vendre pour un hochet ta couronne étoilée,
Tes célestes transports pour leur gloire souillée,
Pour leur impur gravier tes riches diamants!

Oh non! je chante seule et le monde m'oublie.
Mais j'étanche ma soif à la source de vie,
Loin des stupides dieux adorés de nos jours;
Et quand sur son aile de flamme,
L'idéal emporte mon âme

Que me font des mortels, les frivoles discours?

Pourquoi pleurer? pourquoi pencher ainsi la tête?
D'un sourire et d'un chant saluons la tempête,
A travers le ciel noir j'entrevois le soleil ;

Je ne suis qu'un oiseau frêle entre les plus frêles,
Mais je chante, j'ai des ailes,

Et jamais le remords ne troubla mon sommeil,

Peu suffit à l'oiseau son nid sous les vieux chênes,

Un peu d'eau pour sa soif, pour sa faim quelques graines.
L'ombre, la solitude avec la liberté;

Et s'il voit à ses chants s'émouvoir ceux qu'il aime,
Est-il dans vos palais et sous le diadème
I'n bonheur comparable à son obscurité?

Ne me parlez donc plus d'un encens idolatre,
De vos trésors maudits, d'une muse folâtre,

Ne plaignez point mon sort, mon oubli, mes soupirs.
Mes larmes, insensés, pourraient troubler vos fêtes
Et vous ne savez pas que mes douceurs secrètes

Surpassent vos bruyants plaisirs.

Ton souffle, ô Dieu vivant, a fait vibrer ma lyre,
Que pourrais-je envier dans mon ingrat délire!
Touche ma lèvre encor du feu de ton autel,
Du feu sacré qui purifie

Et je brave à tes pieds les dédains de l'impie :
A lui la terre, à moi le Ciel?

Nous saluons de cœur et d'âme cette résolution. Cet exemple sera suivi. Les sirènes du mal ont assez chanté sur l'abime profond qu'a creusé une littérature sans frein; assez de victimes y sont tombées. Il y a bien des ruines; il faut d'autres chants pour nos coeurs, et aux poètes, il faut un autre guide qu'une folle imagination qui amasse les tempêtes et nous éloigne du port, quand elle est livrée a elle-même. Puisque l'homme avec son orgueil a fait les ruines, la femme les relèvera. Elle grandira sa mission; elle a pour cela, avec la grace de sa parole si douce, l'humilité et la grandeur de l'âme formée au foyer domestique où pénètre la foi chrétienne. Pour guérir de nos blessures il nous faut les vertus que nous avons perdues, et que la femme a conservées. Elle nous les rendra ; elle les rendra à la société malade. En 1845, M. de Cormenin, qui a si bien jugé la société officielle de France, exprimait le même espoir. «Non, disait-il, notre société officielle avec ses petites choses et ses petits hommes n'entraîne point le mouvement du monde. Quand ils deviendraient tous athées depuis l'enfant qui tette jusqu'au vieillard qui s'éteint, il ne faudrait pas croire que la société périt pour cela....

D'ailleurs, il n'y a que la moitié de la société officielle de perdue. L'autre moitié ne l'est pas. Dieu, dans sa prévoyante sagesse, a voulu que ce qui périssait par l'homme se sauvât par la femme.

Les femmes ont retenu cette virilité de l'âme, qui n'a point de sexe et que les hommes ont perdue dans les débauches du doute et de la matière. Les femmes enseignent à leurs jeunes fils ces leçons divines de morale et de religion, que les colléges universitaires ou quasi-universitaires ne peuvent pas tout à fait leur désapprendre; les femmes ne peuvent pas ne pas croire, parce qu'elles ont besoin de force pour ellesmêmes et pour les autres.

L'homme officiel, absorbé par le continuel et violent amour de soi. ne connaît pas le peuple, ne l'étudie pas, ne le visite pas, ne l'aide pas. ne le sert pas, ne le porte pas dans son cœur, ne l'a pas même sur ses lèvres.

Mais la femme touche partout les points au peuple, à ses vieillards sur le grabat, à son épouse en couches, à ses jeunes filles, à ses petits enfants, à ses misères, à sa faim, à ses blessures, à son désespoir, à son ame. Elle y touche par le travail qu'elle lui procure, par l'éducation qu'elle lui donne, par les plaies de son corps qu'elle panse, par les vêtements dont elle le couvre, par l'argent qu'elle met dans sa main sans qu'il s'en aperçoive, par sa parole de femme, la plus douce que le cœur du

pauvre puisse entendre, par cette tendresse maternelle, inquiète, inventive, dévouée, prodigue que la religion seule inspire, et qui cache, dans le sein de Dieu, le secret de la récompense.

« Oui, la charité, la sublime charité, que l'homme ne pratique pas. entretient continuellement chez les femmes la source vive de leur foi.

Que la femme laisse donc à l'homme l'or, le pouvoir, l'agiotage et le sophisme! Qu'elle garde pour elle le gouvernement des esprits, ce gouvernement qui est le signe le plus manifeste des créatures que Dieu à faites à son image! Les hommes officiels ont abdiqué le commandement de leur espèce. C'est à la femme à le reprendre et à l'exercer dans le sein du foyer domestique, avec la sainte autorité d'une épouse et d'une mère.

«Si j'avais un souhait à former, je voudrais que les femmes du monde lussent et relussent ce que j'écris ici, car les hommes du monde ne me comprendront pas; mais les femmes chrétiennes me comprendront, les femmes chrétiennes confirmeront mon témoignage, lorsque je dirai que la Providence les a suscitées pour sauver la société.

Les femmes, qu'elles s'en souviennent! répondront devant cette société, elles répondront devant Dieu, de l'éducation plénière de leurs fils et de l'éducation pléniére de leurs filles.

que ne puis-je avoir, en m'adressant à leur raison, cette force victorieuse de la logique qui triomphe dans les luttes de l'idée! que ne puis-je avoir en m'adressant à leur coeur, cette grâce qui persuade et qui coule des lèvres de l'éloquence !

«On a fait, je le sais, on fait encore des efforts inouis pour corrompre la moralité de la famille. On a dissous l'homme, on veut dissoudre la femme. La femme a résisté, elle résistera. Elle s'adressera à la religion. dans ce monde officiel qui s'ébranle et qui craque de toutes parts; et elle restera debout, pour le relever au milieu de nos ruines ! »

V. D.

L'art de vérifier les généalogies des familles belges et hollandaises, par J. HUYTTENS. Bruxelles, Van Trigt, 1865, pp. 184, in-8°. Idée neuve, ou plutôt application nouvelle d'une idée ancienne et qui n'en est pas moins bonne pour cela. Le plan de l'auteur est bien simple: il a rangé les noms de famille par ordre alphabétique et à la suite de chacun d'eux il a cité les passages des divers auteurs renfermant des détails généalogiques qui les concernent. Nous avons vérifié bon nombre de ces citations et nous les avons généralement trouvées exactes. Cependant quelques-unes laissent à désirer: c'est ainsi qu'à la famille d'Awans, l'auteur a oublié de mentionner le Miroir de la noblesse de Hesbaye, qui donne beaucoup de renseignements sur cette illustre maison.

M. Huyttens fait précéder son ouvrage de la Liste chronologique (?) des ouvrages dont l'analyse est faite. Cette liste est longue et cependant elle n'est pas, à beaucoup près, complète. Nous espérons que dans un second volume, il dépouillera des ouvrages capitaux tels que l'Histoire de Bruxelles et l'Histoire des environs de Bruxelles; les Inscriptions funéraires de la province d'Anvers, le Messager des Sciences historiques, etc.. et même quelques recueils héraldiques allemands, surtout pour les familles de l'ancienne principauté de Liége.

PH. VAN DER HAEGHEN.

Cours élémentaire de culture (Éléments d'agriculture), à l'usage de MM. les instituteurs de Belgique, et pouvant servir. aux cultivateurs, par l'abbé L. KINET, professeur à l'Ecole normale de Saint-Roch; 1 vol. in-18. Liége, Grandmont-Donders; Bruxelles, au Comptoir universel d'Imprimerie et de Librairie; prix 2 francs.

Voici un livre écrit pour la généralité des agriculteurs. C'est la science agricole mise à la portée de toutes les intelligences, presentée sous une forme simple, méthodique, attrayante; un chemin déblayé et rendu facile dans tout son parcours, afin que les praticiens se sentent entraînés à l'aborder, et finissent par le parcourir avec plaisir dans tout son développement. C'est un ouvrage qui devra se trouver entre les mains de tous les travailleurs agricoles ne voulant pas rester étrangers aux connaissances les plus utiles de leur profession, un livre qui aura sa place marquée dans la bibliothèque des écoles des campagnes, et qui pourra même fournir souvent aux agriculteurs avancés des renseignements précieux.

Sous un titre modeste, et dans un cadre restreint, l'auteur a su exposer les principes agricoles d'une manière plus parfaite que bien des auteurs qui se préoccupent davantage du nombre des pages que de leur valeur. C'est principalement au point de vue de la jeunesse des écoles que l'auteur à écrit son livre, et c'est bien là que le besoin d'enseignement est le plus indispensable. Personne ne contestera que si les populations agricoles se montrent réfractaires, nous dirons même hostiles à toute théorie, n'ayant foi que dans les traditions routinières de leurs devanciers, c'est que dans leur jeunesse on a négligé de leur inculquer des principes de science et de progrès, qui en auraient fait plus tard des agriculteurs instruits.

En écrivant son livre, M. l'abbé Kinet a fait une œuvre utile aux instituteurs, aux élèves des campagnes, à la majorité des agriculteurs et à la société. Nous souhaitons bien vivement que l'administration de l'enseignement primaire le fasse adopter dans les écoles des communes rurales.

L'étude en est des plus faciles. Dès les premières pages on se sent à l'aise; l'auteur s'est efforcé d'écarter les épines qui donnent de l'aridité aux principes de météorologie, de botanique et de chimie, sur lesquels repose l'agriculture.

Chaque division de l'ouvrage est suivie de réflexions morales, rappelant le souvenir du Créateur dans l'harmonie de la nature et les grandes lois qui président à la manifestation des phénomènes terrestres.

C'est que si c'est là le travail d'un agronome, c'est aussi celui d'un ministre spirituel qui a mission de moraliser tout en instruisant.

Lisez son livre, et vous direz comme nous, que sous le couvert de la modestie s'est abrité le mérite, quant au fond et à la forme.

Et nous ne croyons pas trop nous aventurer en lui prédisant un succès légitime et durable.

VICTOR CORTIN,

Secrétaire de la Société agricole de l'Est de la Belgique, et rédacteur en

chef du Journal agricole du Comice de Verviers.

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