Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

(135) S. LVII. Ceux qui ont fondé Placie, &c. Gronovius n'a rien compris ici. On diroit, en lisant sa traduction, que les Pélasges qui se sont établis à Crestone, étoient les mêmes que ceux qui ont bâti les villes de Placie et de Scylacé; au lieu que, suivant Hérodote, c'étoient deux peuplades différentes. M. Geinoz a éclairci ce passage (a) avec sa sagacité ordinaire. J'ai préféré óizicávτav avec M. Wesseling. Cette correction est appuyée de Pomponius Méla: Placia et Scylace (b), parvæ Pelasgorum coloniæ.

(136) S. LVII. Qui ont demeuré autrefois avec les Athéniens. Les Pélasges, si l'on en croit Hérodote, s'étoient anciennement établis dans l'Attique, et y avoient toujours demeuré. Je pense que cette opinion est insoutenable, et je crois l'avoir réfutée d'une manière solide, dans mon Essai sur la Chronologie, chap. vIII, §. XI. Quoi qu'il en soit, il ne s'agit pas ici de ces Pélasges, mais d'une seconde colonie du même peuple. Les Pélasges, qui s'étoient retirés dans la Tyrrhénie, désolés par la famine, par des maladies contagieuses, et en proie à des dissensions perpétuelles, passèrent en différens pays, et quelques-uns dans l'Attique. Les Athéniens leur firent accueil, et leur donnèrent un terrein situé au pied du mont Hymette, à condition qu'ils bâtiroient la muraille qui fait l'enceinte de la citadelle. Ces conditions acceptées, les Pélasges prospérèrent pendant 47 ans. Mais ce peuple agreste, qui ne connoissoit d'autre droit que celui du plus fort, voulut avoir part au gouvernement, et il se porta, contre les jeunes garçons et les jeunes filles, qui alloient puiser de l'eau à la fontaine Callirrhoë, à des outrages (c) que des hommes vertueux ne pouvoient dissimuler. Les Athéniens les chassèrent de leur pays. Ils se retirèrent dans l'île de Lemnos. Miltiades, fils de Cimon,

(a) Mémoires de l'Académie des Belles - Lettres, tom. XVI, Hist. pag. 62 et 63.

(b) Pompon. Mela, lib. 1, cap. XIX (c) Herodot. lib. VI, §. CXXXVII.

, pag. 102.

les en ayant chassés dans la suite, les uns fondèrent en Asie les villes de Placie et de Scylacé; les autres se réfugièrent dans la presqu'île du mont Athos; d'autres enfin se rendirent sur les côtes de Thrace, et fondèrent un peu plus avant dans les terres, la ville de Crestone.

(137) §. LVII. Les Pélasges parloient une langue Barbare. Les Pélasges n'étoient point une nation Hellénique, comme le pensoit (a) Denys d'Ilalicarnasse. Ils étoient véritablement Argiens d'origine; mais alors les Argiens n'étoient pas Hellènes. Hérodote et la plupart de ceux qui ont parlé de ces peuples, le disent positivement. Ceux qui ont fait la filiation des anciennes Maisons et des Peuples à qui elles ont donné leurs noms, tels qu'Apollodore, font venir les Pélasges de Pélasgus (b), qui remontoit à Inachus, et lest Hellènes, d'Hellen, qui reconnoissoit Prométhée pour un de ses aïeux. Ces peuples habitèrent, il est vrai, la Thessalie, mais ils n'en occupèrent qu'une partie.

Denys d'Halicarnasse dit, à l'endroit ci-dessus cité, que cette nation étoit originaire du Péloponnèse, et qu'elle demeuroit autour d'Argos. Voyez, sur les Pélasges, mon Essai de Chronologie, chap. vin.

Les Pélasges étoient originaires du Péloponnèse, et descendoient de Pélasgus. Ceux d'entr'eux qui se transplantèrent hors de la Grèce, ne s'étant pas incorporés avec les Hellènes, furent regardés par eux comme des barbares, c'est-à-dire, comme des étrangers. Les Hellènes ayant chassé les Pélasges de la plus grande partie de la Grèce, proscrivirent l'ancien langage, et y introduisirent le leur. J'ignore quel étoit celui que parloient alors les Athéniens. Il y a grande apparence qu'il étoit, pour le fond, le même que celui des Hellenes. Je suis d'autant plus porté à le croire,

(a) Dianys. Halicarn. Antiq. Roman. lib. 1, §. XVII, pag. 14. (b) Apollodor. Biblioth. lib. 11, cap. 1, pag. 68; lib. 1, cap. vII, pag. 22 et 24. Dionys. Halicarn. Antiq. Roman, lib. 1, §. XVII, pag. 14.

qu'Amphictyon

qu'Amphictyon régna sur eux, et que Xuthus s'établit chez eux avec ses fils Achæus et Ion. Les Hellènes, et tous ceux qui parloient leur langue, formant un seul corps, donnèrent le nom de Barbares à tous ceux qui ne faisoient pas partie de leur association, et nommèrent Langue Barbare, celle que parloient les nations qui leur étoient étrangères. C'est par cette raison qu'Hérodote assure que les Pélasges parloient une Langue Barbare.

(138) §. LVII. Car le langage des Crestoniates. Il y a dans le gree, les Crestoniates. J'avois d'abord mis, les Crestoniens, de crainte que le Lecteur, trompé par la diversité des noms, ne crût qu'il s'agisssoit ici d'un peuple différent. Voyez la Table Géographique, à la fin de notre Hérodotc.

(139) S. LVII. Et des Placiens. Placie étoit une colonie de ces Pélasges à qui les Athéniens donnèrent une retraite chez eux, et qu'ils chassèrent ensuite. Ce paragraphe en est la preuve. Feu M. le Président Bouhier vouloit encore le prouver par l'inscription de Cyzique qu'il croyoit avoir été trouvée (a) à Placie, parce qu'il y est fait mention de la mère Placiène (Cybèle), et je pense qu'il se trompe. Cette inscription regarde la ville de Cyzique. Cybèle y étoit particulièrement honorée. Elle avoit un temple sur le sommet du mont Dindyme, qui dominoit cette ville. Placie étoit située entre Cyzique et l'embouchure du fleuve Rhyndacus. La Déesse y étoit aussi en grande vénération; et comme ces deux villes n'étoient pas éloignées l'une de l'autre, les Cyzicéniens l'adoroient sous le nom de Mère Placia. Voyez les Antiquités Egyptiennes, Etrusques, &c. de M. le Comte de Caylus, tome 11, pages 193 et suivantes, où M. l'Abbé Barthelemy explique cette inscription d'une manière plus satisfaisante que M. le Président Bouhier,

(a) Recherches et Dissertations sur Hérodote, par M. le Pió, sident Bouhier, pag. 116 et suiv.

[blocks in formation]

(140) S. LVIII. Et c'est indépendamment des, &c. Du Ryer a traduit: mais au contraire, il semble que les Pélasgiens, comme peuples grossiers et barbares, ne firent pas de grands progrès.

On diroit que cette traduction a induit en erreur M. Bellanger. Il traduit: Il n'en est pas de même de la nation Pélasgiène; c'étoient des peuples barbares et grossiers, et je crois que c'est pour cela qu'ils ne firent pas de grands progrès, et que jamais cette nation ne devint fort nombreuse.

Ce n'est pas le sens de ce passage. Hérodote veut dire que les Pélasges étant restés isolés, et ne s'étant point incorporés avec les autres nations, n'ont pu s'agrandir de même que les Hellènes. D'ailleurs, le nom de Barbare n'est que par opposition à celui d'Hellènes, et ne signifie pas grossier. Les Hellènes devoient être dans les commencemens aussi grossiers que les Pélasges. Ce n'est qu'avec le temps et la culture des Lettres, que les nations se civilisent, et que leurs moeurs s'adoucissent.

(141) S. LIX. Partagés en diverses factions. Ceux qui ont lu dovoμrror, tenu dans l'oppression, gouverné par un maître absolu, un despote, au lieu de dowaquévor, partagé en factions, n'ont pas saisi le sens d'Hérodote. Un peuple n'est souvent que plus fort, lorsqu'il obéit à un seul maître, et Crésus auroit, suivant toutes les apparences, préféré par cette raison l'alliance des Athéniens à celle des Lacédémoniens. Mais ce qui l'en détourna, c'est qu'il sentit que ce peuple devoit être affoibli par ses divisions intestines, et que Pisistrate n'oseroit envoyer des troupes à son secours, de crainte que la faction opposée ne vînt à le chasser.

(141*) §. LIX. Les Paraliens ou habitans de la côte maritime. C'est le nom de l'une des quatre anciennes tribus d'Athènes, ainsi que les Mesogéens qu'Hérodote appelle habitans de la Plaine. Voyez liv. v, note 175.

(142) S. LIX. Les Hyperacriens. Plutarque les nomme

Diacriens. C'est le nom de l'une des quatre anciennes tribus d'Athènes. Voyez liv. v, note 175. Ils étoient (a) attachés au gouvernement démocratique. Les (b) Mercenaires, tourbe vile qui détestoit les riches, en faisoient aussi partie. Pisistrate gagna ceux de ce parti que leur indigence ne portoit déjà que trop à toute sorte de crimes.

(143) §. LIX. S'étant blessé lui et ses mulets. (c) Ulysses, Zopyre (d) et quelques autres se sont servis d'une ruse pareille pour le bien de leur patrie, au lieu que Pisistrate n'en fit usage que pour assujettir la sienne. Aussi Solon lui dit « Fils (e) d'Hippocrates, tu joues mal le rôle de » l'Ulysses d'Homère. Il se déchira le corps pour tromper » les ennemis, et tu t'es fait la même chose pour tromper >> tes compatriotes ».

Denys renouvela cette ruse environ 155 ans après, avec le même succès. La ville des Léontins (ƒ) étoit la place d'armes des Syracusains, et se trouvoit alors pleine d'exilés et de toutes sortes d'étrangers. Denys campoit pendant la nuit à la campagne. Il feignit qu'on lui avoit tendu des embûches; il jeta de grands cris, excita beaucoup de tumulte par le moyen de ses domestiques, et se sauva dans la citadelle, où il passa le reste de la nuit, allumant des feux, et faisant venir les soldats en qui il avoit le plus de confiance. Le peuple s'étant assemblé au point du jour dans la ville des Léontins, il lui parla des embûches qu'on lui avoit dressées, de manière à se faire croire, et le persuada de lui donner six cents hommes qu'il choisiroit dans l'armée, pour lui servir de garde. On dit que Denys, par cette conduite, imita Pisistrate l'Athénien.

(a) Plutarch. in Solone, pag. 85, A.

(b) Id. ibid. pag. 94, F.

(c) Homeri Odyss. lib. iv, vers. 244.

(d) Herodot. lib. III, §. CLIV, &c.

(e) Plutarch. in Solone, pag. 95, D.

(f) Diodor. Sicul. lib. xx1, §. xcv, tom. 1, pag. 618.

« VorigeDoorgaan »