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n'étoit en état de leur disputer la possession? Pourquoi seroient-ils rentrés dans leurs anciennes limites? c'est ce qu'on n'expliquera jamais. En supposant deux Araxes qu'Hérodote a confondus, tout devient clair. Ce n'est que par méprise que notre Historien donne le nom d'Araxes au fleuve Européen: il s'appeloit Rha. Ce nom, qui approche beaucoup d'Aras ou Eras, sous lequel étoit connu le fleuve d'Arménie, a occasionné l'erreur. M. de Sainte-Croix a développé avec beaucoup d'érudition et de sagacité le cours de l'Araxes Arménien et du Cyrus, dans un Mémoire lu en 1789 à l'Académie des Belles-Lettres. Il a été inséré dans l'ouvrage intitulé: Mémoires Historiques et Géographiques sur les pays situés entre la mer Noire et la mer Caspiène, in-4°. On fera bien de lire cet excellent ouvrage. Voyez notre Table Géographique au mot ARAXES.

(498) §. ccII. Par un canal propre. La propreté de ce canal est par opposition aux trente-neuf autres, dont les eaux passent par des lieux marécageux pour se rendre à la

mer.

(499) §. CCII. Avec l'autre. Hérodote ne distinguoit que deux mers, la Caspiène et l'Atlantide ou Océan, dont la Méditerranée faisoit, selon lui, partie. La mer Caspiène n'a aucune communication avec l'Océan septentrional, comme l'avoient cru Strabon (a), Pomponius Méla (¿), Pline (c), Denys le Périegète (d), &c. Nos Voyageurs modernes ont mis hors de doute la remarque d'Hérodote. Ptolémée (e) assure, au rapport d'Eustathe, qu'on peut en faire le tour à pied, ce qui s'accorde, ajoute cet Archevêque, avec ce qu'en

(a) Strab. lib. xi, pag. 773, A.

(b) Pompon. Mela, lib. 11, cap. v, tom. 1, pag. 266.

(c) Plin. Histor. Natur. lib. vi, cap. xi, tom. I, pag. 310, lin. 9. (d) Dionys. Perieget. Orbis Descriptio, vers. 48 et seq. pag. 10; et vers. 719 et seq. pag. 128.

(e) Eustath. ad Dionys. Perieget. vers. 48, pag. 11, col. 2. Confer. pag. 128, col. 1.

Tome I.

Xxx

dit Hérodote. Aristote (a) et Diodore de Sicile (b) sont de même sentiment. Voyez sur-tout la Dissertation de M. Bonamy dans les Mémoires de l'Académie des BellesLettres (c).

(500) §. cc111. A autant de longueur, &c. Suivant les cartes insérées dans la Géographie de Ptolémée, la longueur de la mer Caspiène est d'occident en orient. Isaac Vossius (d) et Cellarius (e) ont été de ce sentiment. Ce dernier assure qu'Hérodote a déterminé sa longueur d'orient en occident, et sa largeur, du midi au nord; mais on ne trouve rien de pareil dans cet Auteur. Les découvertes faites par les ordres du Czar Pierre le Grand, nous ont appris que la plus grande longueur de cette mer va du midi au nord. On peut voir la carte détaillée qu'en a donnée M. Delisle en 1724.

(501) §. ccv1. Regarde-nous tranquillement régner sur les nôtres. Tous les Traducteurs en langue vulgaire ont suivi la traduction latine qui est vicieuse. Et nos sine finium quorum sumus principes esse : καὶ ἡμέας ἀνέχευ ορέων άρχοντας τῶν περ ἄρχομεν. Ils ont cru que όρεων étoit pour ὅυρων, finium. Ils se sont trompés; piwv est le participe d'ipé que les Ioniens disent pour paw, video. Ce tour de phrase opiwv ávézt est fort commun dans Hérodote et ailleurs. Dans le même livre, S. Lxxx : ἐκ ἀνέχεται τὴν ἰδέην αὐτῆς ὀρέων ; il ne peut en supporter la vue, en parlant du cheval, qui est effrayé à la vue du chameau. Liv. II, §. XXXVII, zvάues is ἱρέες ἐδὲ ὁρέοντες ἀνέχονται; les Prêtres n'osent pas méme regarder les fèves. George, Archevêque de Corinthe, avoit averti que les Ioniens disoient épée pour ipáw. ὁρέω ὁράω.

(a) Aristot. Meteorologic. lib. II, cap. 1, pag. 550, C. (b) Diodor. Sicul. lib. xvi11, §. v, tom. II, pag. 261.

(c) Mémoires de l'Académie des Belles - Lettres, tom. xxv, Hist. pag. 43 et suiv.

(d) Isaaci Vossii Observationes ad Pomponium Melam, lib. III, cap. v, pag. 799, lin. ultimâ.

(e) Notitia Orbis antiqui, tom. II, pag. 674, §. I.

(502) S. ccvIII. De ces deux avis opposés, &c. J'ai suivi le sentiment de M. Wesseling, qui m'a paru très-vraisemblable. Voyez sa note.

(503) §. CCVIII. Suivant la convention. Il y a dans le grec: comme elle l'avoit d'abord promis. Karà se prend chez les Ioniens pour xada. Nous en verrons dans la suite plusieurs autres exemples.

(504) S. ccvIII. Cyrus déclara son fils, &c. Quand les Rois (a) de Perse partoient pour quelque expédition, ils avoient coutume de nommer leur successeur, afin de prévenir les troubles qui n'auroient pas manqué d'arriver, s'ils fussent venus à mourir sans l'avoir fait.

(505) §. ccix. Ne manquez pas.... de me représenter votre fils. « Καὶ ποίει ὅκως, ἐπεὰν ἐγὼ τάδε κατατρεψάμενος ἔλθω ἐκεῖ, η ὡς μοι κατατήσῃς τὸν παῖδα ἐς ἔλεγχον. Π est clair que ὡς » n'est qu'une répétition inutile de oxas, et qu'il faut de » toute nécessité supprimer l'une ou l'autre de ces deux >> particules. Je changerois volontiers la seconde en râv. Ev » μοι κατατήσῃς τὸν παῖδα. Thucydides, qui affecte souvent » d'imiter Hérodote, dit, liv. 111, §. XXXIV : w5€, Яv under » ἀρέσκον λέγῃ, πάλιν αυτὸν καταςήσειν ἐς τὸ τεῖχος σῶν καί ὑγιᾶ. » C'est à-peu-près dans le même sens, que Sophocles a dit, » Edip. Col. vers. 909.

» Οὐ γάρ ποτ' ἔξει τῆςδε τῆς χώρας, πρὶν ἀν

» Κενας ἐναργεῖς δεῦρ ̓ ἐμοὶ ςήσῃς ἄγων.

différent,

>> On pourroit encore lire dans un sens un peu » mais non moins vraisemblable. ... Κατατρεψάμενος, ἔλθω » ἐκεῖ σῶς, ἐμοὶ καταςήσης τὸν παῖδα. Cette correction signi » fieroit : Quand je serai retourné sain et sauf; comme » la première signifie : Faites en sorte de me représenter, » quand je serai de retour, votre fils sain et sauf. Dans le » livre III, §. CXXIV, vous trouverez de éiλnte, ÿv ows

(a) Scaliger. Prolegomen. de Emendat. Tempor. Brisson, de Regno Pers. 1, 9.

» άπονοςήσῃ. et dans le rv, S. Lxxvi, ἔυξατο. ... ἦν σῶς καὶ » υγίης απονοτήση κ. τ. λ. ». CORAY.

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Ces corrections sont ingénieuses; mais elles me paroissent inutiles. Quoique l'une de ces deux particules soit superflue, il ne faut supprimer ni l'une ni l'autre. Xénophon, Cyripæd. lib. vIII, cap. III, §. IV, s'est exprimé ainsi : ὁ μὲν δη Φεραύλας ούτω διαδοὺς ἢ ἐτάχθη, ευθὺς ἐπεμε λεῖτο τῶν εἰς τὴν ἐξέλασιν ὅπως ὡς κάλλιςα έκαςα έξω. Peut-être aussi Hérodote a-t-il mis la particule as, parce que xararrs auroit été trop éloigné de la particule oxas, dont il étoit régi.

(506) §. ccx1. Les Perses survinrent. Strabon (a) prétend que Cyrus se servit contre les Saces de la ruse qu'il employa contre les Massagètes. Ce Géographe a suivi le récit de Ctésias. Voyez l'extrait de son Histoire de Perse, par Photius, S. 111.

(507) §. ccx11. Par l'appas. Il y a dans le grec, donacces. δολώσας. Thom. Gale ayant trouvé dans un manuscrit du Collége d'Eaton dos, voudroit qu'on lût danσas; mais dans ce verbe, le moyen est seul en usage. VALCKEN AE r.

(508) S. ccx11. Le tiers de mon armée. Il y a dans le grec: τριτημορίδι τῷ κρατα κατυβρίσας. Υβρίζω se trouve souvent avec le datif, mais xa‡upi?w est extrêmement rare avec ce régime. En voici cependant un exemple que me fournit Sophocles (b) rois σois axeσiv xabvspilar, insultant à votre douleur.

:

(509) S. ccx11. Souverain maître. Acorns. Le titre de despote se donnoit indistinctement à tous les Dieux. Voyez liv. vII, §. v, note 11, où j'ai relevé une méprise du P. Brumoi. Cependant il étoit particulier au Soleil, qui étoit le Dieu par excellence, Otós. Les Egyptiens l'in

(a) Strab. lib. xi, pag. 780, A, B.

(b) Sophocl. Ajax Mastigophoros, vers. 155.

voquoient sous (a) ce nom dans leurs prières : & décñola
Ηλιε, καὶ Θεοὶ πάντες, οι τὴν ζωὴν τοῖς ἀνθρώποις δόντες : «Ο
» Soleil, souverain Maître, et vous, Dieux, qui avez donné
» la vie aux hommes ». Voyez la Dissertation de Gisbert
Cuper sur Harpocrate, pag. 113.

(510) 5. ccxII. Oui, je t'assouvirai de sang. pýr os
ἐγὼ καὶ ἄπλησον ἔοντα, αίματος κορέσω. Cette expression ή μήν
a été remarquée par le Gr. Etymologique, pag. 416, lig. 48.
Sylburge s'est trompé en croyant que ce passage regardoit
celui du S. ccxiv.

(511) §. CCXIV. On raconte diversement. Xénophon (6)
fait mourir ce Prince tranquillement dans son lit. Il paroît
que
c'étoit aussi le sentiment de Strabon, qui assure qu'on
montroit son (c) tombeau à Pasargades. Lucien (d) dit qu'il
mourut âgé de plus de cent ans, de chagrin de ce que son
fils Cambyses avoit fait mourir la plupart de ses amis.

M. Rollin a adopté le récit de Xénophon. «Quelle (e)
» apparence, dit-il, qu'un Prince si expérimenté dans la
» guerre, et plus recommandable encore par sa prudence que
» par son courage, eût donné ainsi dans des embûches qu'une
» femme lui auroit préparées»?

Ce reproche est fondé sur le récit de Justin. Hérodote ne
parle point d'embûches, et il paroît par sa narration, que
la victoire fut bien disputée, et que ce ne fut qu'après un
combat opiniâtre, qu'elle se déclara pour les Massagètes.
Mais voici une autre raison assez plausible que j'oppose à
M. Rollin :

Ce qu'Hérodote raconte de Cyrus, il le tenoit des plus
savans d'entre les Perses. Il seroit bien étonnant que peu
de temps après la mort de ce Prince, ils eussent dit à

(a) Porphyr. de Abstinentia ab esu Animal. lib. iv, §. x, pag. 329.
(b) Xenoph. Cyripæd. lib. vii, cap. vii, pag. 551.

(c) Strab. lib. xv, pag. 1061, B.

(d) Lucian. de Macrob. §. xiv, tom. 11, pag. 217 et 218.

(e) Histoire Ancienne, tom. 1, pag. 486, ligne dernière.

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