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celle de Franco, à Naples, mais plus sensible que la flamande et vivant sous un ciel qui invite davantage à l'amour, elle répondit à la tendresse de l'élève du peintre Anversois et l'épousa.

Quant à Martin de Vos, il tint le pinceau et le crayon jusqu'à la fin de ses jours, quoiqu'il atteignit l'âge de 84 ans révolus. Il amassa beaucoup de gloire et d'écus, et mourut riche etconsidéré, en l'année 1604, lorsque les Archiducs Albert et Isabelle soumettaient à leurs armes la ville d'Ostende le dernier refuge des Réformés en Belgique. Il fit bien de mourir à cette heure, la gravité de l'époque permettait sans doute encore de faire de beaux tableaux d'église et de chapelle, mais on ne riait plus guères dans les Pays-Bas, et les compositions malicieuses et fines n'étaient plus de saison. ARTHUR DINAUX.

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MÉMOIRE

SUR

LES BIBLIOTHEQUES PUBLIQUES

ET

LES PRINCIPALES BIBLIOTHÈQUES PARTICULIÈRES
DU DÉPARTEMENT DU NORD

par M. LE GLAY, in-8°, Lille, 1841. (1)

En 1708, le chapitre général de la congrégation de St.Maur résolut d'envoyer des religieux recueillir, dans les archives et les bibliothèques des églises et abbayes du Royaume, tous les documents nécessaires à la nouvelle édition ou plutôt à la refonte de la Gallia Christiana. Le choix tomba sur dom Marlène et dom Durand. Moins flattés d'un tel honneur qu'effrayés de la responsabilité qu'il faisait peser sur eux, les deux bénédictins se conformèrent toutefois à la décision du chapitre, et après s'être recommandés aux prières de leurs frères, ils partirent forts de la bénédiction du R. P. Prieur. A leur retour, ils avaient visité près de cent évéchés et huit cents abbayes. En 1717, ils publièrent sous le titre de Voyage

(1) Il été question de ce Mémoire dans le Bulletin Bibliographique de la dernière livraison de nos Archives; mais les matières contenues dans ce livre sont tellement variées, et tellement du ressort de notre publication, que nous n'hésitons pas à en publier une longue analyse, une sorte de quintessence qui nous est offerte par M. Jules Deligne. Nous y joignons même quelques notes additionnelles. Le livre de M. Le Glay étant tiré à petit nombre, nous mettons ainsi nos lecteurs, qui n'ont pu se le procurer, au courant de cette production bibliographique.

A. D.

littéraire de deux Bénédictins, le journal de leurs laborieuses recherches, livre plein de renseignements sur l'état des bibliothèques monastiques de France à cette époque.

Où trouver aujourd'hui de pareils hommes? où trouver tant d'humilité, tant de défiance de soi-même, unie à tant de foi en l'assistance divine? Ce n'est pas cependant, si la chose est rare, qu'elle soit impossible. Je ne recourrai même pas à la lanterne de Diogène pour découvrir quelques uns de ces hommes de science en qui la modestie rehausse le mérite. Certes

Il en est plus de trois que je pourrais compter

et nul ne me contredira si je mets au nombre des vrais bénédictius des temps nouveaux, l'auteur du Catalogue raisonné des Mss. de la bibliothèque de Cambrai et du Mémoire dont je dois vous entretenir (1).

Chargé par l'autorité supérieure de rédiger un rapport sur les bibliothèques communales du Département du Nord, M. L. G. n'a pas voulu se borner à dresser une statistique uniquement propre à satisfaire aux besoins de l'administration. Ce n'est pas une tournée rapide, mais un véritable voyage bibliographique qu'il a entrepris. Après avoir passé en revue les collections littéraires livrées au public dans les villes de Lille, Cambrai, Douai, Valenciennes, Dunkerque, Avesnes, le Câteau et St-Amand, il a fait un appel aux bibliophiles et aux amateurs du pays; et, s'inspirant des paroles de l'Ecriture: thesaurus invisus et sapientia absconsa, quæ est utilitas in utrisque? (2) il les a invités à ouvrir à tous les amis de l'étude les trésors cachés dont ils n'avaient jusqu'alors partagé la jouissance qu'avec un petit nombre de privilégiés. C'était une autre application de cette mesure si libérale qui permit à l'Association Lilloise, en 1838, d'offrir aux méditations des artistes et à la curiosité de tous, les produc

(1) En décernant ce titre à M. L. G., je ne suis que l'écho de plusieurs juges plus compétents.

(2) Eccl. XX, 32.

tions des Beaux-Arts renfermées dans les musées particuliers de la localité. Tous ou presque tous, ont gracieusement répondu à cet appel. Parler de ses livres à un bibliophile, n'est-ce pas ajouter encore au plaisir qu'il a de les posséder? Aussi ne faut-il pas s'étonner de leur empressement à se mettre en relation avec l'homme qui était capable, parmi nous, de signaler à l'attention publique les curiosités de leurs collections. M. Le Glay a transmis dans son ouvrage quelques unes de leurs réponses : c'est là qu'il faut aller chercher l'expression la plus vraie de l'amour des livres. C'est qu'en effet, comme dit l'un d'eux (1), on est bien heureux avec des livres, ou plutôt on est bien moins malheureux.

Suis-je seul? je n'ai qu'à former le vœu de Socrate (2) et je me trouve aussitôt entouré d'amis sincères et dévoués, et cela, sans effort, sans démarches, sans lettre d'invitation. Je n'ai qu'à allonger le bras vers ma bibliothèque, sans me lever de mon siège, et Homère, Virgile, Horace, La Fontaine, Molière ou tout autre intime, viennent amicalement se pla→ cer près de moi pour chasser la tristesse ou l'ennui, et je vous assure qu'ils y réussissent toujours. Ai-je le désir de philosopher? A moi Platon, Descartes, Bacon, Malebranche! Et voilà que ces illustres penseurs m'entretiennent de leurs belles conceptions. Je puis donc aussi tenir cercle chez moi, cercle choisi et de haut lignage, encore. Et quels immenses et précieux avantages me procure cette société ?

1° Je n'ai pas besoin d'ouvrir la bouche: ces grands hommes se chargent des frais de la conversation: Ce qui conviendrait à beaucoup de personnes et ce qui me met parfaitement à mon aise, car j'avoue que je ne saurais leur parler en face sans rougir d'une honnête pudeur.

2o Si je viens à différer d'opinion avec eux, je ne crains pas qu'ils me taxent de folie ou d'ignorance, et me proposent

(1) M. Aimé Leroy.

(2) Phod. lib. III, Fab. 9.

un coup d'épée ou de pistolet pour me prouver qu'ils ont raison: Ce qui s'accorde à merveille avec mon caractère pacifique, car je redoute les disputes et j'ai en horreur les duels.

3o Si d'aventure je me prends à bâiller en les écoutant, quandoque bonus dormitat homerus (1) je les congédie à l'instant même: Ce qu'on ne peut guères se permettre dans la bonne compagnie.

4° Je ne crains pas que ma société profite de mon absence pour me censurer et me déchirer.

5°.....

.. Mais nous n'avons pas mission de commenter le premier chapitre du Philobiblion. Revenons à notre sujet.

Tout le monde connaît, tout le monde a déploré les désastres du vandalisme auquel les excès révolutionnaires livrèrent les monuments des sciences et des arts. Mais ce que l'on connaît moins peut-être, ce sont les mesures conservatrices que prireut la Constituante et la Convention, lorsqu'à la rage de détruire eut succédé cette démangeaison d'innover sans fin dont parle Bossuet (2), inévitable tourment des sociétés qui prétendent rompre avec le passé.

Le 15 mai 1791, instruction qui ordonne de dresser le catalogue des livres provenant des établissemens religieux. Le travail fut effectué à la bibliothèque de St.-Pierre de Lille par le sieur Saladin et expédié en mai 1792 au président de l'Assemblée nationale. On avait eu soin de rédiger à part le catalogue des livres contenant des titres quelconques de noblesse, ou propres à retracer les idées de l'ancien despotisme de cette espèce d'hommes (sic).

Le 8 pluviose an II, là Convention nationale décrète l'établissement d'une bibliothèque publique dans chaque dis

(1) Horát. De arte poeticâ.

(2) Oraison funèbre de la reine d'Angleterre.

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