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Du Cange et Ménage le font dériver de l'allemand behuten, qui signifie conserver. C'est là, nous le croyons, l'étymologic la plus naturelle de ce mot. Nous nous garderons donc bien d'en citer d'autres qu'on a été emprunter au celtique, et même à l'hébreu. Il est à remarquer que, dans presque tous les textes anciens, il est question de bahut à propos des bagages d'une armée. C'est ainsi que le roman du petit Jehan de Saintré, la Chronique rimée de Guiot, et celle de Monstrelet, nous présentent ce mot. Partout l'on voit les bahuliers avec les pionniers. Pourrait-on conclure de là que les caissons d'artillerie portaient le nom de bahut, et ceux qui les gardaient le nom de bahutiers? Si notre mot armoire, et cela est incontestable, signifiait dans l'origine le coffre où l'on conservait les armes, pourquoi le bahut, avant de se transformer en un meuble tout civil, n'aurait-il pas eu une origine militaire? Dans tous les cas, ce que nous nommons bahut maintenant est un coffre ancien, qu'il soit ou non orné de bas-reliefs; mais, pour mériter ce nom, il doit s'ouvrir à sa partie supérieure; s'il avait plusieurs tiroirs ou plusieurs étages, il prendrait alors le nom d'armoire, de dressoir, etc. Il n'est peut-être pas inutile de rappeler ici que le mot bahuter (commettre du désordre) est fort ancien. Au commencement du dix-septième siècle, on disait encore proverbialement: «< Il fait comme les bahutiers,» en parlant d'un homme qui faisait plus de bruit que de besogne, qui parlait beaucoup et travaillait peu « en effet, dit à cette occasion Furetière, les bahutiers, après avoir cogné un clou, donnent plusieurs coups de marteau inutiles avant que d'en cogner

un autre. >>

BAIF (Jean-Antoine de), naquit à Venise en 1532. Son père, ambassadeur de la cour de France auprès de la république, s'était fait un nom dans la politique et dans les lettres. Antoine de Baïf n'embrassa que la seconde de ces deux carrières, et s'y distingua de bonne heure. Après avoir suivi en

même temps que Ronsard les leçons du savant Dorat, il acquit, jeune encore, de la réputation par un recueil de poésies amoureuses, intitulé: A Méline et Francine. D'autres ouvrages se succédèrent rapidement, et obtinrent le même succès, mais sans rapporter toutefois à leur auteur autant de profit que de gloire; et Baïf se plaint souvent de l'injustice des grands, qui lui accordaient volontiers leurs louanges, mais se montraient moins prodigues de leur argent. Dans Baïf, comme chez la plupart des écrivains de cette période, l'érudition domine; et, çà et là seulement, quelques passages gracieux ou fins se rencontrent au milieu d'un fatras d'images emphatiques et d'expressions bizarres. Mais ce qui distingue surtout Baïf des poëtes qui l'entourent, c'est la manie d'innover non- seulement dans la langue, mais encore dans le mètre, et d'innover sans scrupule et sans mesure. Il produisit des vers exactement fabriqués sur les règles de la prosodie grecque et de la prosodie latine, et qu'on appela de son nom Baïfins, mais dont la vogue fut de courte durée. Du reste, il ne faisait par là que s'approprier l'invention d'un autre, et l'idée, d'ailleurs malheureuse, d'introduire des longues et des brèves dans notre versification, appartient au poëte Mousset. En 1570, Baïf fonda une académie de poésie, qui fut le premier établissement de ce genre en France. On s'y occupait aussi de musique; et les concerts qui se donnaient chez Baïf réunissaient les personnages les plus distingués du temps. Mais l'académie ne put se maintenir au milieu des guerres civiles qui ne tardèrent pas à désoler la France. Baïf mourut à Paris à l'âge de soixante ans. Ses principaux ouvrages sont cinq livres d'amour; sept livres de jeux; une traduction en vers de cinq pieds de l'Antigone de Sophocle; le Brave ou le Taille-Bras, comédie imitée de Plaute; les Etrenes de la poésie françoeze, et les Ansenements de Naumace aux filles à marier. Il faut savoir, pour comprendre la manière dont ces deux derniers titres

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sont écrits, que Baïf avait aussi tenté des innovations singulières dans l'orthographe.

BAIGNOUX (Pierre-Philippe), était administrateur du district de Tours, lorsque l'assemblée électorale du département d'Indre-et-Loire le nomma député à l'Assemblée législative. Nommé membre du comité des contributions, il fit en son nom plusieurs rapports. Le 13 novembre 1791, il annonça une insurrection arrivée à Tours à l'occasion de l'ouverture d'une église par des prêtres insermentés. Le 16 mai 1792, il fit décréter la suppression des rentes d'apanage accordées aux frères du roi, et ordonner la vente de leurs biens. Après le 10 août, il fit adopter un acte d'accusation contre Barnave et Alexandre Lameth. Le 23 du même mois, il fit décreter des secours en faveur des domestiques pensionnés par Louis XVI, ou encore à son service. La session législative terminée, il retourna à Tours. Il y exerçait, en 1805, les fonctions de magistrat de sûreté et de juge.

BAIGORRY (Baigorria ou Biguria), pays de la basse Navarre, formant aujourd'hui le canton de Saint-Étienne de Baigorry, dans le département des Hautes-Pyrénées. Ce canton renferme des mines de cuivre fort importantes, dont l'exploitation remonte peut-être à l'époque romaine. Le 24 septembre 1793, le général Dubouquet, commandant l'armée des Pyrénées-Orientales, y remporta un avantage sur les Espagnols.

BAIL. On appelait bail, du temps de saint Louis, la jouissance que le pere et la mère avaient des biens du mineur sans être tenus de lui rendre aucun compte, et sans autre obligation que celle de le nourrir, d'acquitter toutes ses dettes, et de maintenir son héritage en bon état. A défaut du pere et de la mère, à qui la loi de PEtat, comme celle de la nature, confait et la personne et les biens de leurs enfants, on permettait au plus proche heritier de se charger et de l'éducation de l'orphelin et de la régie de ses re

venus. Le devoir du parent qui tenait le bail était de payer une pension convenable à celui qui avait la garde du mineur; elle devait être du tiers du revenu de la terre. Il n'y avait pas de bail de droit dans le vilainage ou la

roture.

Il était défendu de commettre la garde d'un gentilhomme à celui qui, par la proximité du sang, était destiné à lui succéder, de peur que la convoitise ne lui fit faire la garde auloup; et on livrait le roturier à l'avidité d'un parent, qu'un crime secret pouvait enrichir. Quelle étrange inconséquence! quel triste reste de l'ancienne barbarie! C'est la réflexion d'un de nos historiens. Il est vrai que le pupille plé béien (avantage que n'avait pas le noble) pouvait, dès qu'il commençait à se connaître, quitter ce prétendu tuteur, en choisir un autre parmi ses parents et amis, et aller demeurer chez lui.

BAIL (Charles-Joseph), né à Béthune en Artois, le 29 janvier 1777, prit part, comme volontaire, à la défense de Lille, en 1792, et fit en la même qualité la campagne de Dumouriez et les suivantes. Il passa ensuite dans l'artillerie, et enfin dans l'administration de l'armée. Il concourut avec M. le comte Beugnot à l'organisation administrative du royaume de Westphalie, et devint successivement secrétaire général des finances, inspecteur aux revues et commissaire du roi. Rentré en France en 1814, il concourut, en juillet 1815, au licencie ment de l'armée, se retira, en 1818, dans la vallée de Montmorency, et y mourut en 1824. Bail a écrit de nombreux ouvrages, tous remarquables par la facilité du style, mais où l'on trouve peu de profondeur. Celui qui a eu le plus de succès a pour titre: Des juifs au dix-neuvième siècle, etc., in-8°, 1816: 2 édit., 1817.

BAILLAU-LE-PIN, ancienne paroisse du pays Chartrain, à dix kilomètres sud-ouest de Chartres, érigée en baronnie en 1618.

BAILLE (Paul), baron, né à Brignolles en 1769, entra fort jeune au

service, et se distingua promptement. Lieutenant du 3o bataillon du Var en 1791, capitaine en 1796, chef de bataillon en 1799, et major du 51° régiment d'infanterie de ligne en 1804, il conquit tous ses grades sur le champ de bataille. A Austerlitz, sa brillante valeur lui valut le grade de colonel. Bientôt après, il fut nommé général de brigade. A la restauration, il fut créé chevalier de Saint-Louis, et servit les Bourbons comme il avait servi la république et l'empire.

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BAILLÉES DES ROSES. D'après un usage dont on ne connaît pas plus la cause que la date, les pairs de France présentaient au parlement de Paris des roses, en avril, mai et juin, lorsqu'on appelait leur rôle. Les princes du sang, les enfants de France, les princes étrangers qui avaient des pairies dans son ressort, étaient soumis à la baillée des roses. On choisissait un jour qu'il y avait audience à la grand' chambre, et le pair qui présentait les roses faisait joncher de roses et d'autres fleurs toutes les chambres du parlement avant l'audience. Il donnait un déjeuner splendide aux présidents et aux conseillers, et même aux greffiers et aux huissiers de la cour: ensuite, il venait dans chaque chambre, faisant porter devant lui un grand bassin d'argent, rempli non-seulement d'autant de bouquets d'œillets, de roses et de fleurs artificielles, qu'il y avait d'officiers, mais encore d'autant de couronnes, rehaussées de ses armes. Après cet hommage, on lui donnait audience à la grand'chambre; ensuite, on disait la messe les hautbois jouaient, excepté pendant l'audience, et allaient même jouer chez les présidents pendant le diner. On ignore la cause de cette espèce d'hommage, la date de son institution, et même quand et pourquoi il a cessé. Sauval pense cependant que ce ne fut pas avant la fin du seizième siècle. En effet, en 1576, Henri III rendit un édit qui régla le rang dans lequel les princes devaient présenter les

roses.

Le parlement de Toulouse jouissait aussi de ce privilége; au lieu de lui

présenter des roses et des couronnes de roses, on lui offrait des boutons de roses et des chapeaux (*).

BAILLET (Adrien), érudit, naquit à la Neuville, près Beauvais, le 13 juin 1649, étudia de bonne heure l'histoire et les langues, et, en 1680, devint bibliothécaire de Lamoignon. Deux ans apres, il avait fait le catalogue de la bibliothèque confiée à ses soins, en trente-cinq volumes in-folio, qu'il écrivit de sa main. Il resta vingt-six ans bibliothécaire de Lamoignon, ne sortant qu'une fois par semaine, ne dormant que cinq heures, ne se chauffant pas afin de ne pas avoir de distractions, menant enfin la vie la plus singuliere. Affaibli par l'excès du travail, il mourut le 21 janvier 1706. Baillet a composé un assez grand nombre d'ouvrages, parmi lesquels nous citerons les Jugements des savants sur les principaux ouvrages des auteurs, 1686, neuf volumes in-12. Menage, dont les jugements avaient été plusieurs fois critiqués dans ce livre, y répondit en composant une critique qu'il publia sous le titre d'Anti-Baillet. Baillet fit alors imprimer son ouvrage, les Satires personnelles, traité historique et critique de celles qui portent le titre d'Anti, 1689, deux volumes in-12.

Les autres ouvrages de Baillet sont une Vie de Descartes, deux volumes in-4o, 1691 ; une Histoire de Hollande, de 1609 à 1690, quatre volumes in-12 c'est une bonne continuation de l'his toire de Grotius; une Histoire de féles mobiles, les Vies des saints d l'Ancien Testament, la Chronologi et la topographie des saints, 1703 in-folio; c'est le meilleur ouvrage d Baillet, selon Lenglet, une Histoir des démélés du pape Boniface avec Philippe le Bel, 1717, in-12, tres bon ouvrage, fait d'après les sou

ces.

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BAILLEUL, Balliolum, ville de 1 Flandre flamingante, à dix-sept kil metres ouest-nord-ouest de Lille. Cet ville fut deux fois brûlée par les Fra çais, en 1653 et en 1681.

() Voir Sauval, Antiquités de Paris, t.

BAILLEUL (le), bourg de l'Anjou, à huit kilomètres nord-ouest de la Flèche, jadis ville importante par son commerce, mais ruinée par deux incendies. C'est la patrie du jurisconsulte René Chopin, mort en 1606.

BAILLEUL (le), bourg de Normandie, à six kilomètres nord d'Alençon. C'est de ce bourg que Jean de Bailleul d'Harcourt (mort en 1306) et Édouard de Bailleul (mort en 1342), rois d'Écosse, ont pris leur nom. Jean avait été seigneur de cette terre.

BAILLEUL (N.), président de l'élection de Belesme, fut choisi, en 1789, pour représenter aux états généraux le tiers état du bailliage du Perche. Il resta fort obscur pendant la session de l'Assemblée nationale. Il retourna ensuite dans son département, fut élu, en l'an v (1797), membre du Conseil des cinq-cents, et en fut exclu par suite de la journée du 18 fructidor. Depuis cette époque, il ne fit plus partie du Corps législatif.

BAILLEUL (Jacques-Charles), était avocat au parlement de Paris lorsque la révolution commença. Se trouvant inoccupé par suite de la désorganisation des tribunaux, il alla exercer à Montdidier, puis au Havre, où, a rès avoir été juge de paix, il fut élu deputé à la Convention. Sa conduite dans cette assemblée fut insignifiante; il siegea constamment parmi les membres qui composaient la Plaine; ainsi, dans le proces de Louis XVI, il vota pour la réclusion, la déportation à la paix, et l'appel au peuple; il s'éleva encore contre la journée du 31 mai et la mise en accusation des girondins. Forcé de fuir, il fut arrêté à Provins et détenu à la Conciergerie, d'où il ne Sortit qu'à la chute des montagnards Turs. Il fut ensuite membre du Conseil s cinq-cents jusqu'à la revolution du 20 prairial, et publia sur cette journée et sur celle du 18 fructidor des notices carieuses. Ce fut lui qui présidait Lassemblée lors de l'inauguration de la Bale du palais Bourbon. Appelé au tribunat, il conserva de l'indépendance, et fut éliminé en 1802. Il fut cependant, en 1804, nommé directeur des

BAILLI.-BAILLIAGE.

droits réunis dans le département de la Somme. Il a occupé cette place jusqu'à la seconde restauration. Bailleul, que son extrême timidité rendit réactionnaire, sut toutefois rester sincèrement républicain sous l'empire. Il apporta de notables améliorations dans le système financier de la France. Il est peu de mots dans notre langue qui présentent des acceptions aussi nombreuses et aussi diverses que le mot bail, et tous ceux de la même formation. Bail a signifié à la fois concession, louage, protection ou tutelle. Quelle peut être l'origine de ce mot ? Ce n'est pas ici le lieu de la chercher. Bornons-nous à rapporter l'hypothèse suivante pour ce qui concerne bailli, bailly, où baillif. Bajulus a été quelquefois employé pour baillivus ou bailus; par exemple, dans un sermon de saint Bernard, où il est dit, en parlant d'un jeune homme dont le salut est difficile: Necessarius est pædagogus ; imò etiam bajulus parvulo inter hæc gradienti. dangers, il ne suffit pas d'une voix pour instruire, il faut encore une main pour soutenir. » Le mot bailli ne serait donc qu'une altération de bajulus, et, comme le Barthes des Grecs, il signifierait, étymologiquement, porteur ou soutien du peuple.

« A travers ces

Quoi qu'il en soit, il est certain que bail, dans les coutumes, s'emploie comme synonyme de garde ou tutelle. Les baillis étaient donc des protecteurs; les bailliages, le ressort de leur protection. Dans un temps où les faibles sont à la merci des forts, il n'est pas étonnant que la justice apparaisse, non comme un droit, mais comme une faveur, et qu'elle reçoive le nom de protection. Aux diètes de Roncaglia, les hommes des communes italiennes arrivaient dans l'appareil des suppliants; ce qui faisait tristement songer, sur son tribunal, l'empereur le plus dur.

Sous le régime de la féodalité, il y avait trois espèces de juridiction: l'ecclésiastique, la seigneuriale, la

royale. La première ne jugeait que certaines contestations et certaines personnes. La seconde et la troisième étaient générales, mais restreintes, quant à leur ressort, dans les limites des terres de chaque seigneur et du roi. La juridiction ecclésiastique se distinguait encore des deux autres par cette différence, qu'elle était administrée par des juges en titre ou officiels, tandis que les deux autres étaient administrées par des personnes de la même condition que les défendeurs ou accusés, par des pairs, sous la présidence du roi ou des seigneurs. « Nullus, écrivait Mathieu Pâris, en 1226, nullus in regno Francorum debet ab aliquo jure spoliari, nisi per judicium duodecim parium. Nul en France ne peut être dépouillé d'un droit, si ce n'est par le jugement de douze de ses pairs. » Notons, en passant, une quatrième justice qui se montrait alors, celle des communes ou des arts, métiers et faits de marchandise.

Or, il arrivait que les seigneurs n'avaient pas toujours le loisir de présider les plaids: ils commettaient alors quelqu'un en leur lieu, le sénéchal de feur maison, et, dans ce cas, la qualité du personnage était à elle seule une preuve suffisante de la délégation; ou bien un individu spécialement autorisé pour une telle fonction, et qui s'appelait le plus souvent un bailli.

Le sénéchal, au reste, et le bailli n'avaient point toute la puissance du seigneur. Le pouvoir féodal étant tout à fait personnel, ces officiers tenaient bien lieu du seigneur, mais ils ne le représentaient point. Partant, ils n'avalent pas le droit de juger eux-mêmes, ils servaient seulement à faire juger. Ils convoquaient les pairs des défendeurs ou accusés, assistaient aux plaids, les dirigeant, les résumant, et, en définitive, quand ils prononçaient la sentence, au lieu de parler en leur propre nom, ils ne faisaient que for muler l'avis des pairs. Les justiciables trouvaient, dans la présence des baillis ou sénéchaux, l'avantage de pouvoir appeler aux seigneurs des

sentences exprimées par ces officiers.

Cependant la complication des af faires et la renaissance des études du droit rendirent l'administration de la justice de plus en plus difficile. Il fallut, pour exercer les fonctions judiciaires, avoir fait une étude spé ciale de l'interprétation des lois et de la discussion des affaires. Dès lors, les seigneurs, ennuyés de débats qu'ils n'étaient point tous capables de conduire, abandonnèrent définitivement ces fonctions à leurs sénéchaux et à leurs baillis. (Voyez aux mots JUSTICES SEIGNEURIALES et PROCÉDure ce que devinrent les baillis et sénéchaux des seigneurs. Voyez aussi SÉNÉCHAUX.)

Quant aux rois, le soin rigoureux qu'ils mettaient à rendre la justice ne leur permettait guère de se tenir éloignés de leur cour. Mais, si assidus qu'ils y fussent, malgré leurs allées et venues continuelles, ils ne pouvaient pas se trouver dans tous les lieux de leur domaine pour juger toutes les contestations qui pouvaient s'y élever. Ils furent donc contraints, bien avant les seigneurs, d'établir à demeure un grand nombre de baillis, de sénéchaux. En outre, les rois, en leur qualité de souverains dominants, qua lité qu'ils affectèrent toujours alors même qu'ils n'étaient point encore parvenus à la réaliser, avaient, dans les pays de leur obéissance, des intérêts multiples et divers. Ils devaient protéger les communes contre les seigneurs, amoindrir ceux-ci, contenir celles-là; exclure du temporel le pouvoir ecclésiastique; disposer enfin et organiser tous les moyens d'arriver à une souveraineté unique. En dehors des pays de leur obéissance, la tâche était la même et plus difficile encore. Ils l'entreprirent pourtant, en s'introduisant dans ces pays sous des motifs divers. Ainsi, ils y avaient des hommes qui les avouaient, tels que les bourgeois de toute une ville ou des individus isolés ( voyez AVEU); il fallait donc qu'un agent du roi se trouvât près de ces hommes pour les pro

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