Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

d'imposer son nouvel apanage de tailles, aides, gabelles et autres subsides, pour pouvoir solder les dépenses des gens de guerre et tous frais. Des lettres complémentaires consentent un accroissement de domaine, comprenant les villes de Mortain3, Longueville, Saint-Sauveur-Lendelin 5 et Saint-Sauveur leVicomte ; d'autres encore attribuent à la Chambre des comptes de Normandie les jugements relatifs aux opérations de tous les comptables de la province. Le lendemain 30, il fait savoir solennellement qu'il a reçu de son frère les foi et hommage à lui dus à raison du nouvel apanage entraînant la pairie 9, et fait connaître 10 que les terres dont le duc d'Orléans avait la jouissance en Normandie seront annexées à l'apanage; puis, le 2 novembre, il charge Guillaume Jouvenel des Ursins et Jean de Reilhac de recevoir de son frère, du duc de Bretagne et de Dunois, le serment de la paix jurée11; le duc de Normandie s'engage en la forme et maniere que les traitez et appointemens ont esté passez et leuz en la Cour de Parlement ". De son côté, Charles de France a écrit, dès le 29 octobre, au sire de Lignières 12 pour l'inviter à remettre au roi ou à son repré

[ocr errors]

1. Idem, pp. 401-402. Le 3 novembre, Jean Carbonnel, seigneur de Sourdeval, déclare avoir reçu du trésorier Robert Le Gay une somme de 2574 livres destinée au paiement de vingt-six lances fournies dont il a la charge, et qui font partie des cent lances fournies dont le grand sénéchal de Normandie est le chef (Bibliothèque nationale, Pièces originales, vol. 594, doss. 13863, n° 136).

2. Idem, pp. 398-399. Ces documents sont contenus dans le vol. 539 de la collection Dupuy à la Bibliothèque nationale (ff. 166-176).

3. Chef-lieu d'arrondissement (Manche).

4. Cant. Bréhal, arrond de Coutances (Manche).

5. Chef-lieu de cant., arrondt de Coutances.

6. Chef-lieu de cant., arrond de Valognes (Manche).

7. Ordonnances des rois de France, t. XVI, pp. 400-401.

8. Par Dunois, qui le représenta en cette circonstance et reçut à cet effet 300 livres tournois (Bibliothèque nationale, ms. français 23262).

9. Ordonnances des rois de France, t. XVI, p. 396; Archives nationales, P 264a, no 73.

10. Bibliothèque nationale, ms français 11222.

11. Dom Morice, Preuves, t. III, col. 112.

12. Archives nationales, J 393, no 5 (original); Bibliothèque nationale, coll. Dupuy, vol. 539, fo 172; publ. dans les Ordonnances des rois de France, t. XVI, pp. 397-398. Ce fut un certain Gaudebert qui porta les lettres

(Bibliothèque nationale, ms. français 23262).

sentant autorisé le duché de Berry dont il cesse d'être apanagiste1, et qui revient légalement à la couronne François de Beaujeu, s'acquittant de sa mission, fit signifier cette modification à David Chambellan, aux maire et bourgeois de Bourges, et le chroniqueur local assure que le peuple en fut ému de joie ; puis il se transporta de ville en ville pour annoncer la nouvelle. Aussitôt chaque communauté s'empressa de réclamer et d'obtenir du roi confirmation du fait de la réunion au domaine royal et de ses anciens privilèges 5

Après l'orage, les nuages se dissipent, le calme paraît renaître. La royauté française avait joué une partie difficile, et l'avenir même de la monarchie avait paru un instant compromis par les succès momentanés des princes ligués contre le roi. La querelle, prenant de sérieuses proportions, avait dégénéré en véritable guerre civile, et une confédération jalouse de feudataires ambitieux et puissants avait pu offrir pendant quelques mois un danger pour l'unité nationale. En transigeant ici, en cédant là, en obligeant le Parlement à accepter ses décisions, Louis XI témoignait d'un sens politique auquel il convient de rendre hommage. Le duc de Bretagne et le comte de Charolais étaient ses plus dangereux adversaires. En détachant l'un et l'autre de la Ligue, peut-être arriverait-il à dominer la situation équivoque tandis qu'il rétablira le calme dans le midi, en

1. Non prévenu encore, Odet d'Aydie appelle toujours Charles « duc de Normandie et de Berry » dans des lettres du 3 novembre (Bibliothèque nationale, Pièces originales, vol. 155, doss. 3216, no 10; Pièce justificative n° XIV).

2. Chaumeau, Histoire du Berry (1566), p. 150. Il est évident que la joie provenait surtout du plaisir que trouvaient les habitants à voir cesser l'état de guerre.

3. Cf. Gilles Le Duc et J.-B. Dupré, Mémoires inédits pour servir à 'histoire de la ville et des seigneurs de Linières en Berri, édit. L. Jeny, dans Mémoires de la Société historique du Cher, 4a série, VI (1899), p. 287. 4. Notamment la ville de Dun-le-Roi (cf. Archives communales de Dunle-Roi, AA 3).

5. Les lettres de rémission accordées aux habitants de Saint-Amand et de Bourges sont de juillet 1465 (Bibliothèque nationale, coll. Fontanicu, vol. 130, fo 307).

6. Par lettres du 9 novembre 1465; «...... qui pour quelconque chose qu'il ait ou pourroit avoir fait par cy devant à notre desplaisance, tant en soy -adherant à notre frere Charles et autres seigneurs de notre royaume à l'en

pardonnant au sire d'Albret sa conduite et en lui offrant sa protection pour l'avenir. Car, livré à lui-même, Charles de France n'était pas à redouter et se montrait incapable de jouer un premier rôle, de soutenir une lutte permanente, de résister aux perfidies de son frère. Mais si Louis XI, roi de France, avait le droit d'agir, dans l'intérêt de la couronne, par des méthodes que l'honnêteté réprouve mais que la diplomatie tolère, du moins ne devait-il pas renier sa propre signature et chercher à annuler par tous les moyens le traité de Saint-Maur; alors qu'il eût dû être le premier à en respecter les clauses, il n'aura que des projets de vengeance et qu'une idée, reprendre sa parole et enfreindre l'article XXII auquel il vient de souscrire.

1

Louis XI, on peut en être certain, n'oubliera pas les noms de ceux qu'il tient pour responsables de ses déboires: en premier lieu, le comte du Maine, qu'il avait déjà accusé d'avoir ouvert une des portes de Paris au parti bourguignon ; puis Dammartin et Dunois, qu'il se propose de châtier sévèrement. Ce sont eux, à son sens, qui abusent d'une influence néfaste sur l'esprit du duc de Berry et qui l'incitent à chercher des appuis en Angleterre et ailleurs à l'étranger. Persuadés qu'ils se feront bienvenir du roi en épousant ses inimitiés, et jugeant qu'ils feront ainsi une bonne politique pour leur maître, les ambassadeurs milanais offrent à Louis XI de recommander tout spécialement à leur collègue de Londres, Turco Cincinello, d'avoir à exercer une discrète mais sérieuse surveillance sur les allées et venues des agents de Charles de France en Angleterre. Le roi témoigne en effet de cette proposition beaucoup de satisfaction 2.

contre de nous, ne autrement fait chose qui nous deust desplaire jusques au jour present en quelque maniere que ce soit, nous ne luy ferons ne pourchasserons ne ferons faire ne pourchasser par nous ne par autre aucuns destourbiers à l'encontre de luy et de ses biens, terres, seignouries, subgetz et serviteurs, ainçois preserverons et garderons de tout force et violence que nostre dit frere Charles ne autres luy vouldroient faire ou faire faire et pourchasser en quelque maniere que ce soit » (Archives départementales. des Basses-Pyrénées, E 73).

1. Archivio di Stato, Milano; Potenze estere : Francia, lettre du 15 novembre 1465 (extrait d'un original perdu).

2. Idem (lettre du 19 novembre 1465, original chiffré, communiqué par M. B. de Mandrot).

2

Pendant toute cette période, qui comprend la fin de l'année 1465, Bourges est resté occupé par des troupes de ligueurs, sous la conduite du bailli de Forez. Mais la région est loin d'être calme; dès que l'on s'éloigne de la ville, on est à la merci du moindre incident. Ainsi, quatre archers et un sergent s'étant aventurés du côté de Sancerre, se voient attaqués et détroussés par des hommes d'armes des troupes royales tenant garnison à La Charité-sur-Loire 3. Il s'agissait, semble-t-il, non d'une expédition militaire, invraisemblable en raison du nombre infime de soldats voyageant ainsi, mais d'un groupe d'hommes d'armes chargés d'aller recouvrer des fonds destinés au paiement des gens de guerre et au trésor ducal, fortement appauvri par les précédents évènements 5. D'autres archers et

1. Pour punir la ville de Bourges, Louis XI dans la suite ne la ménagea pas, et il s'y créa une sourde agitation, dégénérée un peu plus tard (1474) en une véritable insurrection dont les détails sont racontés par Raynal, Histoire du Berri, t. III, pp. 100-130, et par Sée, Louis XI et les villes, pp. 179-182 (droit de barrage).

2. « A Olivier Le Breton, Jehan Bourgeton, Glaude Roy et Jehan de Vacheton, gens de guerre estans en garnison en ladite ville de Bourges soubz monseigneur le bailli de Forestz, la somme de dix huit livres tournois tant pour ung voyage que nagueres ilz ont fait en la compagnie de Jehan Germain, sergent de mondit seigneur, en l'arcepreveré de Sancerre, où ilz ont vacqué par quinze jours entiers chascun, ouquel voyage faisant ilz ont esté destroussez par autres gens de guerre tenans le party contraire de mondit seigneur estans à la Cherité sur Loire en garnison de par le roy, comme pour la perte et destrousse qu'ilz avoient faicte oudit voyage. A Noel Regnault, archer soubz le bailly de Forestz, la somme de soixante sols tournois pour la recompensation de la destrousse qu'il a eue à Sancerre par les gens de La Cherité sur Loire, ouquel lieu il estoit allé en la compaignie d'autres pour faire venir ens les deniers de mon dit seigneur » (Archives nationales, K 530 3, n° 16).

3. Chef-lieu de cant., arrond de Cosne (Nièvre).

4. « A Bertrand Faron, la somme de cinquante cinq sols tournois en deux escuz d'or, pour partie de ses peines et sallaires d'avoir esté de ladite ville de Bourges en la ville de Sancerre devers Mery de Coué et les quatre de ladite ville, porter certaines lettres de messeigneurs de Villars, Luçay et Voillon, pour faire venir ens les deniers de la recepte des gens de guerre et le recouvrement d'iceulx. A Loys Le Pelletier, sergent de mondit seigneur, la somme de vingt sept sols six deniers tournois pour ung voyage qu'il fist de Bourges à La Chastre faire venir ens les deniers de mondit seigneur » (Archives nationales, K 530 3, no 16). Méry de Coué est signalé comme écuyer d'écurie du roi dans un compte de janvier 1464 (Idem, KK 65, fo 92).

5. Il en est de même de celui du roi d'ailleurs (Archives départementales de l'Isère, B 2904, fo 233).

1

sergents ont des missions analogues à remplir à La Châtre, à Châteauroux, à Argenton et ailleurs, lorsque ce ne sont pas les receveurs eux-mêmes qui, profitant d'une accalmie passagère ou d'une sécurité relative, viennent apporter à Bourges les deniers qu'ils ont pu récupérer et dont ils sont comptables.

Au moment où se livrait la bataille de Montlhéry, les conseillers du duc de Berry demeurés à Bourges s'étaient maintenus en constante communication avec le duc 2, que Pierre des Barres est allé retrouver à Étampes en s'informant chemin faisant de l'emplacement des troupes royales, avec le duc de

1. « A Charles de Villenne, seigneur de La Roche, la somme de soixante huit livres quinze sols tournois, laquelle somme luy fut ordonnee par mondit seigneur le bastart de Bourbon pour quatre voyages qu'il a faiz, deux par l'ordonnance de mondit seigneur le bastart, de la ville de Bourges devers monseigneur de Chauvigny à Saint Charretier, acompaigné de vingt archiers, pour avoir l'obéyssance de ses terres et seigneuries es villes et paroisses des arcepreverez de La Chastre, Chasteau Roux, Argenton et villes foraines, luy et ses trois archers, pour acompaigner Jehan Piat et Phelippes Loppin, commis à recevoir et faire venir ens les deniers du paiement des gens d'armes desdits gens d'armes desdits arcepreverez, et aussi pour avoir esté devers Guillaume Pinette à Chasteau Roux, commis de par le roy à recevoir le paiement desdits gens d'armes en la compaignie desdits Piat et Loppin, et l'avoir acompaigné de ladite ville de Chasteau Roux en ladite ville de Bourges pour apporter certaine somme de deniers pour mondit seigneur, esquelz voyages il a vacqué par l'espace de trente jours entiers » (Archives nationales, K 530 3, no 16).

<< A Pierre Gallant, la somme de quatre livres deux sols six deniers tournois, tant pour son sallaire d'un certain voyage qu'il a fait, partant de la ville de Bourges à Linieres devers ung nommé Jehan Ragon, commis à la recepte des arcepreverez de Linieres et Chateauneuf, pour apporter deux cent cinquante livres tournois audit tresorier et receveur general que pour faire les despens de cinq archers qu'il mena avecques lui pour l'acompaigner et conduire ledit argent en ceste dite ville de Bourges » (Idem).

2. « A Pierre des Barres, la somme de soixante sols tournois pour ses peines et sallaires d'avoir esté de ladite ville de Bourges à Estampes devers mondit seigneur pour ses affaires, où il a vacqué dix sept jours, et aussi pour avoir esté de ladite ville de Bourges à Saint Pere Avy en Beausse, pour enquerir où estoit le roy, où il a vacqué quatre journces par le commandement de messeigneurs de Luçay et Voillon.

« A Jehan de Grueille, cappitaine des francs archers du pays et election de Berry, la somme de quatre livres deux sols six deniers tournois, tant pour ung voyage qu'il a fait, acompaigné de vingt archiers, au Boys l'Abbé près de Bourg de Deoulx pour la garde de la place estant en iceluy Boys, que pour faire les despens et conduire iceulx archiers jusques audit lieu » (Idem).

« VorigeDoorgaan »