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mécontents? Qu'on juge de l'importance de son état de maison par cette énumération1: cinq écuyers tranchants, un premier panetier, sept panetiers, un sommelier, deux clercs de panneterie, six échansons, un ou deux sommeliers et un porteur d'échansonnerie, un barrillier, un garde-huche, un cuisinier, un hâteur de cuisine, deux ou trois potagers, deux sauciers et un valet, deux porteurs et trois ou quatre enfants de cuisine, un garde-vaisselle, deux sommeliers de fruiterie, deux valets et un aide de fruiterie, trois porte-chapes, un porte-nappes, une lavandière de nappes, deux palefreniers, un trompette, un valet de pied, des pages, deux poursuivants d'armes, quatre écuyers et trois chevaucheurs d'écurie, un maréchal de forge, deux sommeliers d'armures, trois valets de sommiers, deux charretiers et deux aides, un valet d'étable, un ou deux sergents d'armes, un por. tier et un valet, deux ou trois tendeurs ou gardes de tapisserie, deux ou trois huissiers de salle, quatre fourriers, deux valets de fourrière, un «< sert-de-l'eau », un valet de retrait, une lavandière de corps, deux sommeliers de chambre, un brodeur et un valet de garde-robe 2, un barbier, un médecin, un apothicaire, un peintre, un orfèvre, un pelletier, un fourreur, un cordonnier, deux selliers, un barbier du commun, deux ou trois canonniers, un forgeur d'artillerie, un coutelier, un taillandier, un chaussetier, deux maîtres d'hôtel, cinq clercs d'office, quatre valets de chambre, un valet des pages, quatre ménestrels. Sa chapelle comprend, outre son maître des requêtes l'abbé Jourdain Faure de Vercors 3, deux aumôniers, cinq ou six chapelains, deux sommeliers et un clerc, un confesseur. A côté de ses secrétaires figurent un maître et un contrôleur de la chambre aux deniers, un contrôleur général, un argentier 5 et un contrôleur

1. Compte de l'année 1467 (Bibliothèque nationale, ms. français 21477; Pièce justificative no XLI).

2. Parfois la même personne remplit les deux offices.

3. Originaire de Vercors (Dauphiné) et ancien prieur à Die, que nous retrouverons plus tard.

4. Généralement au nombre de quatorze.

5. Jean de Neufbourg, argentier, reçoit, le 28 février 1466, une somme de 53 livres de 11 sous 10 deniers obole tournois, monnaie de Normandie, en 35 écus d'or valant 30 sous 7 deniers ohole tournois l'écu, pour le fait de son office, plus une autre somme de 18 livres 7 sous 6 deniers tournois en 12 écus d'or (Bibliothèque nationale, ms. français 26090, no 467).

de l'argenterie, un prévôt des maréchaux, un trésorier général, six chambellans, un capitaine de la garde du corps (Patrick Folcart), un commis chargé de paiement de la garde, un grand écuyer, et un nombre variable d'écuyers allant jusqu'à dix-neuf à certaines périodes, enfin son chancelier qui est Guillaume de Haraucourt. Les voyages secrets et les ambassades qu'il envoie dans toutes les directions sont confiés, tantôt à un officier en titre, tantôt à un chapelain (Alain Prieur), tantôt à un religieux indépendant de son entourage immédiat, comme le cordelier Gautier Hervieu 1.

Il faut reconnaître d'ailleurs que ses dépenses personnelles sont aussi réduites que possible. On ne peut guère lui reprocher de faire acheter des nattes pour son retrait, qui lui coûtent 42 sous, et des sacs pour sa panneterie, qui sont payés 40 sous 2 ; d'acquérir une chaîne et un collier pour un de ses lévriers, moyennant 8 sous tournois 3; de commander à l'orfèvre nantais Pierre de Fontenil une fourchette d'argent doré pour sa fruiterie, qu'il a payée 41 livres 3 sous, et à l'orfèvre Jean Galant, pour Caux son héraut, un émail d'or armorié qui coûte 68 sous 9 deniers; de faire établir un jeu de paume devant le château de Nantes lorsqu'il s'y installera; d'offrir de la vaisselle d'argent aux ambassadeurs de Castille qui viendront le trouver le 12 janvier 14677; de payer la rançon de l'écuyer Pierre Prévost, fait prisonnier 8, et de solder les dettes qu'ont contractées quelques-uns de ses serviteurs décédés pendant leur séjour à Vannes; de payer les médicaments nécessités par la maladie d'un de ses enfants d'honneur 10 ou de gratifier d'une indemnité

1. Compte de 1468 (Bibliothèque nationale, ms. français 21477; Pièces justificatives).

2. Compte de 1466 (Idem). 3. Compte de 1467 (Idem).

4. Compte de 1467 (Idem).

5. Compte de 1468 (Idem); et Bibliothèque nationale, ms. français 26091, no 708.

6. Compte de 1467 (Idem).
7. Compte de 1467 (Idem).
8. Compte de 1468 (Idem).
9. Compte de 1467 (Idem).
10. Compte de 1467 (Idem).

un charretier pour aider à sa guérison 1; de faire faire cinq clefs pour un de ses coffres, ou d'acheter des miroirs et de fines serviettes ouvrées pour son usage personnel 3; de faire venir de Nantes à Vannes l'armurier Jean Bataille, à trois reprises, pour essayer un harnais ; d'acheter des brigandines 5; de donner 4 livres 2 sous 6 deniers pour l'acquisition d'une arbalète d'acier destinée à son échanson Jean de Broc ; de choisir des chevaux dont il fait don à son écuyer d'écurie Perceval Pelourde, ou à Jean Blosset, ou au valet de pied Pierre Aleaume, ou à un chevaucheur ; de remettre un cadeau à un serviteur du légat du pape, qui lui amène une hacquenée de la part du Souverain Pontife ". Lorsque, au mois de juin 1467, Charles de France se décide à quitter Vannes 10 pour aller loger à La Sauvenière lez Nantes 11, des réparations y sont reconnues nécessaires ; et si le déménagement s'effectue sans de trop fortes dépenses, du moins prend-on certaines mesures de précaution on achète de la toile pour couvrir le harnais du duc; son vouge est placé, pour éviter les accidents, dans un étui de cuir; la volière est l'objet de soins particuliers ; et l'on confie à deux personnes de toute confiance, moyennant 7 livres 12 sous tour

1. Compte de 1468 (Idem). 2. Compte de 1468 (Idem). 3. Compte de 1467 (Idem). 4. Compte de 1467 (Idem). 5. Compte de 1468 (Idem). 6. Compte de 1468 (Idem).

7. Payés, suivant leur valeur, 50, 30 ou 20 écus neufs (100 écus neufs équivalant à 137 livres 10 sous tournois).

8. Compte de 1468 (Pièces justificatives).

9. Compte de 1468 (Idem).

10. Le 17 mai 1466, François II, duc de Bretagne, avait mandé aux juges de Vannes d'avoir à connaître des causes et affaires, tant mobilières que personnelles, qui viendraient à mouvoir entre ses sujets, d'une part, et les serviteurs et officiers du duc de Normandie, d'autre part (Archives départementales de la Loire-Inférieure, B 4, fo 59 vo). Un archer de corps de Charles de Normandie, Antoine Dupré, d'origine picarde, s'étant rendu coupable de meurtre sur la personne d'un valet de cordonnier, dont la boutique s'ouvrait sur le marché de Vannes, François II, en faveur de son hôte et à l'occasion du vendredi-saint de l'année 1467, lui octroie des lettres de rémission (Idem, B 5, ff. 39 vo et 46 vo).

11. Cant. et arrondt de Nantes (Loire-Inférieure).

nois, le soin d'emballer et de surveiller dans leur déplacement les livres appartenant à ce prince bibliophile'.

A toutes ces dépenses pourvoit le trésorier général de Bretagne Pierre Landais. Quant au trésorier du duc de Normandie, Pierre Morin, il va prendre livraison, périodiquement, des sommes destinées à son maître, soit à Nantes, soit ailleurs (à Craon et à Rennes, par exemple, en 1468), et qui se chiffrent par 4800, 6000 livres et plus à la fois. On achète des paniers et des grands sacs pour y mettre l'or (des écus d'or neufs) et l'argent ainsi versés, et des archers d'une garnison voisine sont désignés pour accompagner le trésorier dans ses voyages et assurer sa sécurité. Mais il faut transformer ces écus d'or neufs bretons 5 en monnaie de France courante, et au change il faut constater une perte calculée à raison de 7 deniers par écu, soit de 58 sous 4 deniers par cent écus 7. En outre, comme le duc de Normandie ne peut se contenter de ce qu'il reçoit pour contrebalancer ses dépenses, il s'endette: on le voit emprunter en 1468 à l'italien Pietro Fanucci une somme de 1000 livres pour laquelle il paie un intérêt annuel de 50 livres, soit 5 pour 100. D'autres dettes contractées dans les mêmes conditions, ainsi que ce prêt, seront remboursées l'année suivante lorsqu'il aura été

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1. Compte de 1468 (Bibliothèque nationale, ms. français 21477; Pièces justificatives).

2. Sur ce personnage, voir A. de La Borderie, Histoire de Bretagne, t. IV (1906), p. 469, 497 et 515.

3. Dans l'extrait du compte de Pierre Landais, d'octobre 1466 à octobre 1467 (Dom Morice, Mémoires pour servir de preuves, t. III, col. 166), on lit : << AMonseigneur Charles de France, duc de Normandie, par les mains de Pierre Morin, trésorier, et de Ythier Marchant, 28206 livres 10 sous 6 deniers pour l'aider à supporter ses charges ». Mais le chiffre est inexact (voir plus loin p.206, n. 4). 4. Bibliothèque nationale, ms. français 21477 (Comptes de 1466 à 1468). 5. Sur la monnaie de Bretagne, voir le travail de A. Bigot, Essai sur les monnaies du royaume et duché de Bretagne (Paris, 1857, in-8).

6. Qui s'opère, par exemple en 1468, chez Gilles Bourgneuf, maître des monnaies de Rennes.

7. Bibliothèque nationale, ms. français 21477 (compte de 1468). — Cf. un mandement de François II aux gens des comptes de Bretagne d'allouer à Martin Anjorrant, argentier, 69 livres 13 sous 4 deniers, pour le rembourser des pertes subies « au voyage et armée de France » pour avoir changé 4847 livres 10 sous, monnaie de Bretagne, en écus neufs de France (Archives départementales de la Loire-Inférieure, B 5, fo 21 vo).

8. Idem.

pourvu d'un nouvel apanage et qu'il y aura trouvé les sommes nécessaires à leur extinction. Et cependant Louis XI continue de servir à son frère la pension de 4000 livres qu'il a l'habitude de lui octroyer 1.

Les questions financières sont d'ailleurs au premier rang des préoccupations du duc de Normandie. Le jour où il aura l'espoir de recouvrer sa souveraineté sur une partie de son apanage, il songera à ne pas perdre les bénéfices qu'il en peut tirer; mais comment recouvrer les impôts ? Comment établir les rôles exacts du rendement qui peut être escompté ? Quelle autorité même exercer, tant sur une population sans doute un peu récalcitrante, que sur les agents locaux, vicomtes, receveurs, grenetiers, fermiers, commis, pour exiger d'eux l'état précis de leurs opérations et pouvoir les contrôler? Pénétré de la nécessité d'être exactement renseigné à ce sujet, Charles de France chargera son receveur général des finances Martin Anjorrant de procéder à une enquête générale 2 dans toute la province de Normandie (8 novembre 1467): Anjorrant devra se transporter partout, sans tarder, et en même temps qu'il enquêtera, il draînera tout l'argent disponible qui pourra être trouvé dans les caisses des agents fiscaux ; il recevra pleins pouvoirs pour suspendre tels officiers qu'il jugera incapables ou suspects, modifier les rôles, laisser de côté toutes les assignations inutiles, faire faire toutes contraintes et exécutions nécessaires, opérer des virements, donner des décharges, et requérir au besoin la force armée pour obtenir satisfaction complète. Nous ignorons quel fut le résultat de cette enquête qui eût porté ses fruits en temps normal; mais, si l'on songe que l'autorité du duc absent sur une partie du duché à peine reconquise est encore purement nominale, que son action ne peut guère réellement s'exercer sur une région naguère encore pillée par les Bretons, et que

1. « A monseigneur Charles de France, frere du roi, pour son estat entretenir, IIII mil livres» (Bibliothèque nationale, ms. français 32511, fo 281). - « A Jean de Billon, clerc, pour trois voyages à Rennes en Bretagne, en la compagnie de Jehan de La Driesche, trésorier de France, et de Pierre Doriolle, conseiller du Roy, porter la somme de IIII mil livres à monseigneur Charles de France, frere du roy » (Idem, fo 284).

2. Bibliothèque nationale, Pièces originales, vol. 70, dossier 1441, no 6. Pièce justificative no XLVIII.

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