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Foucquet nous a donné de Charles de France dans le manuscrit 19819 de la Bibliothèque nationale.

L'art contemporain nous fournit une médaille frappée en l'honneur de Charles de France, et qui mérite d'être décrite 1. Son diamètre est de 0m, 065; le Cabinet de France en conserve une magnifique épreuve en or, tandis qu'une épreuve en argent fait partie d'une collection particulière 2.

Le due, revêtu d'un long manteau, porte une couronne de fleurs de lys ouverte, et tient de la main droite une épée, de la gauche un objet assez malaisé à déterminer, peut-être un sceptre. Il est assis sur un trône placé sous un pavillon dont les rideaux sont ornés de fleurs de lys et de léopards; deux anges relèvent les rideaux du pavillon. Aux pieds du duc est un écusson écartelé de France et de Guyenne. Tout autour se lit cette légende en grandes capitales:

DEVS: IVDICIVM: TVVM: REGI: DA : ET: IVSTITIAM: TVAM: FILIO: REGIS.

Au revers est gravée cette autre légende en mêmes caractères :
DEVS KAROLVS: MAXIMVS AQUITANORVM :

DVX ET FRANCORVM: FILIVS 3.

Et l'on y voit, dans une rosace à redents fleuronnés, le duc armé de toutes pièces, à cheval, se dirigeant à droite, avec une cotte aux armes de France et de Guyenne, et brandissant une épée ; la visière de son casque est levée ; une grande fleur de lys sert de cimier; le cheval est revêtu d'un caparaçon brodé aux armes de France et de Guyenne *.

1. C'est bien une médaille et non un sceau, comme l'écrit par erreur Lenormant dans le Trésor de numismatique et de glyptique (Paris, 1836, in4, p. 26, et pl. xxш, no 6, et après lui le président de Montégut, Dix entrées solennelles à Périgueux (Bordeaux, 1882, in-8), p. 89.

2. M. Gaston Le Breton, à Rouen.

3. Il est à peine besoin de faire remarquer l'étrangeté des termes employés dans cette légende du revers, qui débute par « Deus » et se termine par « Francorum filius ». A-t-on mal interprété la formule « Francorum regum filius fraterque » adoptée par ce prince dans les actes émanés de son autorité souveraine ?

4. Publié déjà dans Deby, Les familles de France illustrées (Paris, 1636, in-4), pp. 59-61, et dans le Trésor de numismatique.

On a déjà remarqué que la première inscription est tirée du premier verset du LXXI psaume de David. Le choix de ces mots paraît bien dévoiler une idée que l'on devine sans peine, faisant allusion aux insurrections du dauphin Louis contre son père, et à la pensée qu'avait eue Charles VII, un instant, de remettre la couronne entre les mains de son second fils, comme fit David pour Salomon 2. La formule est représentative d'un état d'esprit que nous avons constaté au cours de cette étude, moins peut-être chez Charles de France en personne que dans l'entourage où il vivait.

Si l'iconographie ne peut prétendre à une solution tirée du profil du prince, tel qu'on l'aperçoit sur cette médaille, du moins est-il permis d'admirer sans restriction une œuvre d'art digne d'un Spinelli ou d'un Candida, mais dont l'auteur demeure inconnu.

1. Le président de Montégut, ouvr. cité, p. 90.

2. A rapprocher de l'explication donnée par Michelet: « Ce qui doit se prendre ici, dit-il, dans up sens tout particulier : judicium peut signifier punition ».

APPENDICE IV

LES HEURES DE CHARLES DE FRANCE

1

On conserve à la Bibliothèque Mazarine 1 un très riche manuscrit sur vélin, du XVe siècle, exécuté pour Charles de France alors qu'il était duc de Normandie, c'est-à-dire entre les années 1465 et 1469; car il porte, au feuillet 85 notamment, les armes de France encadrées d'une longue bordure engrêlée, écartelées avec celles du duché de Normandie de gueules à deux léopards d'or 2.

Ce livre d'heures comprend, après un calendrier en français, le récit de la Passion et des extraits des Évangiles, des prières à la Vierge et à différents saints, l'office de la Vierge, l'office des Morts. La décoration en est habile et presque somptueuse, mais elle n'est point achevée. Trois tableaux, dans l'état actuel du volume, sont seuls terminés au fo 13, la trahison de Judas; au fo 85 v : l'Adoration des bergers; au f 72 bis, le voyage de la Vierge et de saint Joseph à Bethléem. Les autres, en assez grand nombre, sont seulement ébauchés ou esquissés à l'encre, par exemple le Massacre des Innocents (f 192), la Crucifixion (to 121). Même les tableaux achevés ne paraissent pas être tous l'œuvre d'un artiste unique. Le premier, d'une composition et d'un coloris remarquables, rappelle par certains côtés les procédés de l'école de Jean Foucquet; les autres, d'une exécution moins savante bien qu'encore très soignée, sont inférieurs quant aux figures, et pourraient assez judicieusement être attribués au peintre et enlumineur en titre de Charles de

1. Manuscrit no 473 (Catalogue, t. I, p. 182); ancien 813.

2. Cf. Armorial composé vers 1450 par Gilles Le Bouvier, édité par Vallet de Viriville, p. 66.

France, qui figure comme tel sur les rôles de dépenses du duc de Berry et de Normandie en 1463, 1467 et 1468: Jean de Laval.

Malheureusement, depuis longtemps le volume présente des lacunes fàcheuses, entre autres après les feuillets cotés aujourd'hui 26, 42, 62, 68, 70. Une seule de ces lacunes a pu être comblée naguère. Un feuillet de parchemin, miniature délicate, que possédèrent successivement le Dr Margery et le peintre Albert Maignan, était précisément, comme l'a judicieusement démontré Léopold Delisle 2, l'un des manquants; c'est celui qui porte aujourd'hui le no 72 bis, depuis qu'Albert Maignan l'a restitué par testament 3 à son légitime propriétaire *: il représente le voyage de la Vierge et de saint Joseph à Bethleem. Cette page charmante est illustrée d'un encadrement remarquable, où le chiffre AE, répété douze fois, alterne avec des écussons ou des bannières aux armes de France et de Normandie.

1. Bibliothèque Sainte-Geneviève, ms. 848; Bibliothèque nationale, ms. français 21477, ff. 12, 28 et 47; Pièces justificatives nos I, XLI, LVI et LXI. -Sur Jean de Laval, voir ci-dessus, p. 34.

2. Un feuillet des heures de Charles frère de Louis XI, avec planche (Bibliothèque de l'École des Chartes, t. L, 1894, p. 337). L'article a été reproduit, ainsi que la planche, dans Le Manuscrit, t. I, p. 149.

3. En 1909.

4. Il avait été prêté en 1904 à l'Exposition des primitifs français au Palais du Louvre (Catalogue, édit. définitive, no 373).

5. Resté jusqu'à ce jour inexpliqué.

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