Tonnerre, Louise de Clermont, duchesse d'Uzès, pour les fiefs de Pacy-Lézinnes, Vireaux et Sambourg et ce, par l'intermédiaire d'un mandataire qui baisa respectueusement une pierre faisant un des coins de la porte du château de Montbelliaud à Tonnerre. Léonore de Robertet mourut le 16 octobre 1620. On connaît les titres nombreux de Charles de Neuville, marquis d'Halincourt, chevalier des ordres du roi, conseiller en ses conseils d'Etat et privé, capitaine de cent hommes d'armes, gouverneur de Lyon, du Forez et du Beaujolais, maréchal des logis du roi, ambassadeur à Rome, etc... Malgré tout son crédit, il ne put obtenir la charge de grand maître de l'artillerie; Henri IV dit « qu'il avait les ongles trop pâles » (1), il ne put non plus obtenir le bâton de maréchal que Louis XIV remit en 1685 à son fils. M. d'Halincourt reçut 476.174 1. pour rendre au roi Pontoise qu'il gouvernait pour la Ligue. Sur la fin de sa carrière, il se retira à Lyon où il mourut le 18 janvier 1642, âgé de 76 ans. Marguerite de Mandelot, connue sous le nom de dame de Pacy, était morte avant 1596, car le 11 février de cette année, le marquis d'Halincourt épousait Jacqueline de Harlay, fille du baron de Sancy. De son premier mariage étaient nées deux filles: Magdelaine, première femme de Pierre Bruslart, marquis de Sillery, qui paraît n'avoir eu aucune part dans les biens du Tonnerrois, morte le 21 novembre 1613; et Catherine, connue aussi sous le nom de dame de Pacy, dame d'atours de la reine Anne d'Autriche, morte en 1657. Elle avait épousé au mois de mai 1610 Jean II de Souvré, marquis de Courtanvaux, premier gentilhomme de la chambre du roi, mort à l'âge de 72 ans, le 9 novembre 1656. Il était fils de Gilles de Souvré, gouverneur de Louis XIII et frère de Jacques de Souvré, grand prieur de France. De ce mariage cinq enfants étaient nés: Nicolas, l'aîné, mort jeune; Louis, tué à l'attaque des lignes d'Arras, le 6 juin 1640; Charles, marié le 17 mai 1645 à Marguerite de Barentin, mort avant son père le 3 mai 1646, laissant sa femme enceinte d'une (1) Mém. de Sully, liv. IX, 1597. fille née posthume le 30 novembre 1646, qui fut Anne de Souvré; Enfin Eléonore et Marguerite de Souvré qui furent successivement abbesses de Saint Amand de Rouen. En sorte qu'Anne de Souvré se trouva hériter de tous les biens des Souvré, des Courtanvaux et de ceux qui avaient été attribués à Catherine de Neuville. Le 19 mai 1662 elle épousa François Le Tellier, marquis de Louvois, ministre et secrétaire d'Etat, mort le 16 juillet 1691, dont la biographie n'est plus à faire. En 1683, le marquis de Louvois avait acquis le château d'Ancyle-Franc et, en 1684, le reste du comté appartenant à Joseph de Clermont. Par partage du 1er avril 1694, le comté de Tonnerre et la terre d'Ancy-le-Franc furent attribués à Anne de Souvré. C'est dans son château de Pacy, aujourd'hui démoli, qu'Anne de Souvré reçut Mme de Sévigné et c'est d'Ancy-le-Franc que sont datées plusieurs lettres de M. de Coulanges, restées célèbres. Nous avons vu que Charles de Neuville, marquis d'Halincourt, avait épousé en deuxièmes noces Jacqueline de Harlay. Il eut de ce mariage: Nicolas de Neuville, marquis de Villeroy; Charles de Neuville, comte de Bury, mort sans postérité; Camille, archevêque et comte de Lyon; Ferdinand, évêque de Saint-Malo puis de Chartres; Léon-François, chevalier de Malte, commandeur de St Jean en l'Isle ; Et Marie de Neuville qui épousa en premières noces Alexandre de Bonne, comte de Tallart et en secondes Louis de Champlouis, marquis de Courcelles. Nicolas de Neuville, marquis puis duc de Villeroy, était né le 14 octobre 1598. Il fut maréchal de France, gouverneur de Louis XIV et mourut en 1685. Par son mariage avec Anne de Souvré, le marquis de Louvois devint donc le petit-neveu du maréchal duc de Villeroy et par ainsi petit-fils du gouverneur du roi Louis XIII et petit-neveu du gouverneur de Louis XIV. J. V. CHILLY-MAZARIN Les Tombeaux Le touriste qui visite les tombeaux et les mausolées de l'Église de Chilly est vivement étonné et déçu dans sa curiosité en constatant que toutes les épitaphes ont été effacées au ciseau avec un soin minutieux. Quand cet acte de vandalisme a-t-il été commis? A la grande révolution, évidemment, mais pourquoi et comment? Le Baron de Guilhermy, dans ses Inscriptions de la France, se contente de relever les quelques mots qui subsistent encore çà et là. M. Patrice Salin, après avoir fait d'une manière très intéressante ce même travail, cherche à donner une explication. Il pense que les habitants, par reconnaissance pour leurs anciens seigneurs, effacèrent les inscriptions des tombeaux afin d'éviter une mutilation plus grande. Ce sont de nobles sentiments qui ont suggéré à l'historien de Chilly cette supposition. Malheureusement la vérité est beaucoup plus vulgaire et beaucoup moins digne. Le maire de Chilly en 1793 avait un parent, marbrier à Palaiseau; celui-ci n'ayant plus d'ouvrage, il trouva tout simple de lui faire mutiler les inscriptions des tombeaux pour l'occuper et lui procurer un peu d'argent. Voici la délibération que nous relevons au registre de la commune. Nous la donnons avec ses fautes d'orthographe et de français. << Le dit an mil sept cent quatre-vingt-treize, onzième jour de septembre, dans une assemblée du Conseil général de la Commune réunie au lieu ordinaire des séances, au son de la grosse cloche sonnée par trois fois, où étaient présents les citoyens Lion maire, Paul Guibert officier municipal, Jeannin procureur de la Commune, Saturnin Marchais, Jean-Baptiste Aumont, Simon Marchais, tous trois notables, à l'effet des armoiries féodales, gissant dans l'église de la commune de Chilly. Le citoyen Lion marbrier s'étant présenté séance tenante à la réquisition des citoyens maire et pro cureur de la commune du dit Chilly pour entreprendre d'effacer tout ce qui respire dans l'intérieur de l'Église, tant sur le marbre que sur le bois les traces de la féodalité. En conséquence, le dit citoyen Lion demande pour cet ouvrage la somme de deux cent vingt-cinq livres qui lui ont été accordés par les citoyens composant la dite assemblée sous les conditions qu'il serait remis tous les débris en cuivre qui sortiront des dites armoiries aux citoyens Maire et officiers municipaux par le dit citoyen Lion qui, après avoir achevé ses entreprises dans la dite église, la visite en sera faite par tous les citoyens composant la municipalité et conseil général de la commune, qui, après l'avoir reçue (mot illisible) il sera donné un mandat des dits Maire et officiers municipaux et procureur de la Commune au citoyen Etienne Lebas receveur de la Commune et fabrique du dit lieu pour délivrer la somme portée par la dite délibération au citoyen Lion qui en donnera quittance et ont les dits citoyens Maire et officiers municipaux et conseil général de la Commune signé avec le dit citoyen Lion et contresigné par le secrétaire greffier les jours mois et an cy-dessus. - Signé Lion maire. Guibert off. Simon Marchais notable. Saturnain Marchais notable. Jean-Baptiste Aumont notable. Jeannin procureur de la commune. Lion marbrier. Porcherot greffier. >> Le travail n'a été que trop bien exécuté. A peine le haut de quelque majuscule, sortant du rang, indique-t-il vaguement la place d'une lettre. Mais l'inconnu excite la curiosité. J'ai cherché et j'ai trouvé. C'est un vieux manuscrit de la Bibliothèque nationale (1) qui m'a livré non seulement le texte des inscriptions effacées, mais même le croquis de deux tombes et d'un monument triomphal existant autrefois dans le château, maintenant détruit. Il est important, on le comprendra, de conserver ces textes dans le Bulletin archéologique. Commençons donc par le plus intéressant et le plus remarquable des monuments, celui de Martin Ruzé de Beaulieu. (1) Biblioth. nat. mss. Épitaphes 6, Ile-de-France, fonds Clairambault 946. On trouve également dans ce volume des textes d'inscriptions concernant La Villedu-Bois. Monument de Martin Ruzé de Beaulieu Nous empruntons d'abord la description du monument dans son état actuel à l'ouvrage de M. Patrice Salin sur Chilly. Voici ce qu'il dit page 91: << Le premier tombeau se compose d'un piédestal quadrangulaire sur lequel repose un sarcophage surmonté d'une statue agenouillée; sur le socle des colonnes sont gravées des palmes et les initiales M. R. Le piédestal et le sarcophage sont en pierre peinte en blanc et en noir. La statue en marbre représente un personnage à genoux, les mains jointes, le cou entouré d'une fraise, un manteau sur les épaules, culottes courtes et bouffantes. Il porte les moustaches et la barbe. La tête a été mutilée et séparée du corps. Cette statue avait été longtemps abandonnée hors de l'église et exposée aux insultes des enfants. Elle a été remise en place, il y a une quinzaine d'années, après avoir été restaurée tant bien que mal. Le monument a été replacé sous une large niche cintrée avec des entrelacs sculptés sur le plat de l'arc. Aux côtés de l'archivolte on voit deux anges tenant des couronnes et des palmes; au milieu de la frise qui est à rinceaux, on voit une tablette dont l'inscription a été grattée. Sur le piédestal il y avait une longue inscription de dix-neuf lignes, qu'on a effacée avec le plus grand soin. Ce tombeau ne peut être que celui de Martin Ruzé de Beaulieu, l'oncle de Coiffier d'Effiat... Il mourut en 1613 et avait acheté la terre de Chilly en 1596. » Cette description est exacte, mais elle demande à être encore expliquée et complétée. Ce monument n'est pas à proprement parler un tombeau, puisque le corps a été inhumé en face, à quelques pas de là, au milieu. du chœur, sous une dalle de marbre noir dont nous donnons plus loin l'inscription retrouvée. Le sarcophage est, non pas en pierre peinte, mais en marbre noir. La tête de la statue servait de cible aux enfants quand ils jouaient à lancer des pierres. Les yeux, le nez, la bouche sont mutilés. Mais d'après ce qu'on voit encore, c'est bien la statue de Martin |