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TROISIÈME OBSERVATION,

RELATIVE A LA PAGE 29 SUR M. DE L'HERMITE.

Jean-Baptiste étant le prénom du beau-père d'Esprit de Modène, il paraît que l'on doit rectifier la qualification de beau-frère, qui lui est donnée ici. On ignore l'époque du mariage de Madelène de l'Hermite, en sorte que Jean-Baptiste ne devint peut-être que postérieurement à 1638, beau-père du comte Esprit de Modène, et cela est même très-vraisemblable. La mère de Madelène se nommait Marie Courtin de la Dehors.

QUATRIÈME OBSERVATION,

RELATIVE A LA PAGE 30, SUR LE BARON de modène, grand-prévot de FRANCE, ET SUR LA CHARGE de grand-prévot.

Le Grand-Prévot de France, ou Prévôt de l'hôtel du Roi, que l'on appelait ordinairement, par abréviation, Prévôt de l'Hôtel, simplement, était un officier d'épée; il jugeait tous ceux qui étaient à la suite de la Cour, en quelque lieu qu'elle se transportât 1.

1. Encyclopédie, art. Prévôt.

Selon l'opinion de Dutillet1, qui était l'opinion commune du tems de Brantôme 2, le prévôt de l'hôtel était le même officier qui s'appela long-tems le roi des Ribauds, et qui prit le nom de prévôt de l'hôtel sous le règne de Charles VI.

Ce sentiment ne peut se soutenir; Pasquier 3 a prouvé que l'office du roi des ribauds se bornait à avoir soin de faire sortir des lieus que le roi habitait les personnes qui n'y devaient pas rester; d'ailleurs cet officier n'eut jamais de juridiction proprement dite. Le prévôt de l'hôtel, au contraire, en eut toujours une, et le nom seul de prévôt l'indique.

Boutillier 4 nous apprend que le roi des ribauds servait à l'exécution des sentences du prévôt des maréchaux de France, lorsque le prévôt fut chargé de la police des maisons où résidait le roi avant la création du prévôt de l'hôtel, qui le remplaça dans ses fonctions, comme on le verra bientôt; c'est donc avilir injustement le prévôt de l'hôtel que de le confondre avec l'ancien officier nommé le roi des ribauds.

Fauchet, au contraire, relève trop l'office de prévôt de l'hôtel, lorsqu'il veut que ce soit le même office que celui de l'ancien comte du palais, qui, sous la seconde race de nos rois, jugeait les différends des personnes de la suite de la Cour; le comte du palais fut

1. Recueil des rois de France, 279.

2. Id., I, 279.

3. Recherches, 840.

4. Somme rurale, 898.

5. Des dignités, I, chap. XIV, 40.

remplacé par le grand-maître de l'hôtel du roi, auquel le prévôt de l'hôtel fut toujours très-subordonné, et l'office même n'était, pour ainsi dire, qu'un débris de celle du comte du palais, que les rois de la troisième race n'eurent garde de faire revivre1.

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Loiseau a dit que le prévôt de l'hôtel était anciennement le juge établi par le grand-maître, pour faire sa première charge de comte du palais, qui signifie le Juge de la maison du roi cela n'est pas exact; le grandmaître de l'hôtel du roi connaissait d'abord avec les maîtres de l'hôtel du roi des actions civiles et criminelles qui se passaient dans les maisons royales 3 : ce tribunal des maîtres d'hôtel, dont le grand-maître était le chef, dura fort long-tems, et ne fut supprimé que par l'édit de décembre 1355, qui renvoie aux maîtresdes-requêtes de l'hôtel les causes des officiers de la maison du roi et actions personnelles, et en défendant seulement; cet édit n'eut son exécution que plus de soixante ans après, en vertu de la déclaration du 19 septembre 1406. Depuis cette dernière époque, il n'y eut plus de juge dans la maison du roi que les maîtresdes-requêtes de l'hôtel pour les actions civiles purement personnelles, et en défendant.

Ces juges ne suivaient pas le roi hors des lieus de sa résidence. Charles VI, sur la fin de son règne, attacha à la suite de la Cour le prévôt des maréchaux de France, qui était alors unique pour y exercer les mêmes

1. Lamarre, Traité de la police, tome I, 152.

2. Des Offices, chap. II, no 53.

3. Lamarre, I, 152 et suiv.

fonctions qu'à la suite des armées; mais c'était seulement dans les marches et chevauchées ou dans les campagnes, quand le roi voyageait ou était à l'armée1.

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Enfin, Charles VII, ne voulant pas détourner de leur service ordinaire les prévôts des maréchaux, établit un prévôt exprès, sous le titre de prévôt de l'hôtel; nous voyons dès 14552, que le prévôt de l'hôtel, Jean de la Gardette, arrêta l'argentier du roi à Lion, le roi y étant, en 14583. Le prévôt de l'hôtel assista au procès de M. d'Alençon, en 15724. C'est Nicolas de Beaufremont, bailli de Sénecei, qui fut nommé cette année grandprévôt de l'hôtel à la place d'Innocent Tripier de Monterud, sous qui cette charge était devenue considérable. Car, au lieu que sa juridiction ne s'étendait auparavant que sur des gens de néant qui suivaient la Cour, on y soumit pour lors jusqu'aux personnes nobles; et l'on commença à lui adjuger la connaissance des affaires qui jusque-là avaient été renvoyées par-devant les maréchaux de France. C'est le premier qui ait pris le titre de grand-prévôt, au grand regret de ceux qui croyaient qu'on ôtait à leurs charges tout ce que l'on donnait à la sienne. Cette juridiction si étendue avait cessé pendant quelque tems après la mort de Monterud; mais le roi la rendit en faveur du bailli de Sénecei, tant à cause de sa noblesse que de sa science,

1. Lamarre, I, 152 et suivantes.

2. Miraumont, 102.

3. Id., 108.

4. De Thou, livre LII, 150 de l'édition in-12.

5. La traduction de M. de Thou dit baron; mais l'Encyclopédie dit bailli, et j'ai préféré cette dénomination.

qualité rare alors parmi nos guerriers', mais qui malheureusement ne lui avait pas ôté cette dureté de mœurs qu'exigeaient quelquefois ses terribles fonctions.

Il en donna un exemple le lendemain du fameux jour de Saint-Barthélemi, c'est-à-dire le 25 août 1572. On continuait de tuer et de piller. Pierre de la Place, premier président de la Cour des aides, magistrat aussi illustre par sa sagesse et par son intégrité que par sa science et ses lumières, s'était jusque-là défendu de la fureur populaire par le moyen d'une grosse somme qu'un certain capitaine, nommé Michel, avait tirée de lui la veille, et avec le secours de quelques archers qui lui avaient été envoyés par Nicolas de Beaufremont et par Charron, prévôt des marchands. Le bailli de Sénecei avait donc contribué à le sauver; mais ce jourlà il vint trouver la Place, et lui dit de la part du roi que quoique Sa Majesté eût résolu d'exterminer tellement les protestans, qu'il n'en restât pas un dans le royaume, cependant elle avait résolu, par bien des raisons, de l'excepter de ce nombre, et qu'elle lui avait ordonné de le conduire au Louvre pour savoir de lui certaines particularités des affaires des protestans, qu'elle avait intérêt de connaître. La Place s'excusait d'y aller, et priait Sénecei de lui donner quelques jours jusqu'à ce que la fureur du peuple fût un peu calmée, et qu'en attendant il suppliait le roi de le faire garder comme il lui plairait. Sénecei, qui avait des ordres pré

1. Histoire de J.-A. de Thou, IV,596 de la traduction française, in-4°.

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