Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

en disant que le baron de Modène se démit, en 1642, de la charge de grand-prévôt de France, et fut exilé à Avignon. Le baron de Modène fut mis à la Bastille en 1626, ainsi qu'on l'a vu dans la seconde observation ; il se démit de sa charge en 1630; et je tiens de M. le comte Hippolite de Modène que le grand-prévôt de France mourut à Avignon le 25 août 1632, comme le porte l'inscription érigée sur son tombeau à Avignon, qui a été mise sous mes ieux.

CINQUIÈME OBSERVATION.

NOTICE DES PIÈCES ORIGINALES QUI CONSTATENT LES RAPPORTS DE LA FAMILLE DE MODÈNE AVEC LA FEMME DE MOLIère.

M. le comte Hippolite de Modène m'a confié cinq pièces qu'il a trouvées parmi ses papiers, et qui m'ont paru constater les rapports qui ont existé entre la famille de Modène et la femme de Molière. C'est ce qui résultera de l'analise suivante, où je désignerai ces pièces par les numéros 1, 2, 3, 4 et 5.

N° 1. Par acte passé à Carpentras le 23 octobre 1621, illustre et généreux seigneur messire François de Raimond, seigneur de Modène, chevalier de l'ordre du roi et grand-prévôt de France, acquit de Jean Autrand, comme fils et donataire de feue damoiselle Marthe Baratz, de Mazan, une grange, moulin et terres, sous le nom de la Souquette, situés au terroir de Saint-Pierre de Vassols.

par

Dès le 21 octobre 1620, ledit sieur de Modène, acte passé à Sarrians, notaire Pierre Barthélemi Viennois, avait donné sa procuration à Charles Escoffier, du lieu de Sarrians.

Par acte du 14 février 1622, notaire César Vervin, de Bédoin, ce Charles Escoffier, instruit que le moulin et autres dépendances de la grange de la Souquette relevaient du chapitre de Montmajour-lez-Arles; comme prieur du lieu de Bedoin, ainsi qu'il en constait par une reconnaissance du 15 juillet 1592, notaire Girardi, de Pernes, paya trois cens florins pour le lodz de ces divers objets à M. Jean Bernard Ouvrier de Montmajour, sire Augustin Bonnet et Antoine Clop, du lieu de Bedoin, comme rentiers desdits sieurs de Montmajour pour le prieuré de Saint-Martin de Bedoin.

M. le baron de Modène qui avait fait cette acquisition et payé ce lodz, étant mort en 1632, la grange de la Souquette passa sans doute à ses enfans.

N° 2. Il faut que ces enfans l'eussent vendue à dame Marie Courtin de la Dehors, femme de messire JeanBaptiste de l'Hermite, puisque celle-ci, par acte du 12 septembre 1644, notaire Théoffre Balbis de Carpentras, reconnut le moulin de la Souquette et quelques terres, comme se mouvant de la directe du prieuré de SaintMartin de Bedoin.

N° 3. Par acte du 7 juin 1661, notaires Ogier et le Foin', de Paris, madame Courtin de la Dehors, avec la

1. Le nom est écrit le Sin ou le Pin; mais il est clair qu'il faut lire le Foin, puisque la liste des notaires de Paris à cette époque ne désigne pas d'autre notaire dont le nom ressemble mieux à celui qui est écrit au numéro 3.

licence et aveu de son mari, vendit la grange de la Souquette à damoiselle Madelène Béjard.

Le 20 février 1662, cette Madelène Béjard consentit au mariage de sa fille avec Molière. Vers la fin de 1663, Montfleuri accusa Molière d'avoir épousé sa fille.

Le 4 août 1665, le comte de Modène tint sur les fonts de batême avec Madelène Béjard, leur petite fille, second enfant du mariage précédent. Elle reçut les noms d'Esprite Madelène, qui étaient ceux du parrain et de la marraine.

Madame de Modène ayant perdu sa mère, revint avec son mari dans le comté Vénaissin, et apprit que, quelque tems avant sa mort, cette mère avait vendu secrètement la grange de la Souquette, qu'elle croyait lui appartenir comme fille unique et héritière de Marie Courtin de la Dehors. Mais elle ne put savoir ni le nom de l'acheteur, ni le tems de la vente.

No 2. Par acte du 11 octobre 1668, notaire JeanEsprit Rey, de Bedoin, sire Jean-Thomas du lieu de Bedoin, en qualité de rentier des religieux de Montmajour et du prieuré de Saint-Martin, dépendant de cette abbaye, par deux actes d'arrentement reçus par Toussaint Joannis, notaire de Bedoin, l'un le 19 février 1662, et l'autre le premier janvier 1666, dont le premier avait commencé le premier mars 1662 et fini le dernier février 1666, et dont le second avait commencé le premier mars 1666, et devait finir le dernier février 1670, vendit à dame Madelène de l'Hermite, femme de messire Esprit de Raimond de Mormoiron, seigneur et comte de Modène, présente et stipulante avec la permission de son époux, le droit de premier lodz avec celui de rétention par droit de prélation et autres droits

résultans de la première aliénation qui pouvait avoir été faite depuis le susdit jour premier mars 1662 jusqu'à présent, ou qui se ferait si elle n'avait pas été faite à l'avenir jusqu'au dernier février 1670, fin de l'arrentement, au sujet de la portion de la grange de la Souquette, qui relevait du prieuré de Saint-Martin de Bedoin. Cette vente fut faite au prix de soixante écus payés comptant. L'acte fut signé au château de Modène en présence de M. Dominique Coren, vicaire de Modène, et de Gabriel Rousséti, bachelier et notaire de Caromb.

Il paraît résulter de cet acte que Madelène Béjard ayant négligé de se faire donner l'investiture de la grange de la Souquette, madame de Modène voulut en profiter pour la rendre nulle en usant des droits du seigneur direct.

No 3. Elle s'était trompée : les droits qu'elle avait acquis dataient du premier mars 1662, et la vente avait eu lieu le 7 juin 1661, ainsi qu'on l'a vu plus haut. Madelène Béjard en profita pour se faire donner une investiture le 18 avril 1669 par frère Gilles Benoît, religieux du monastère de Montmajour-lez-Arles, et seigneur direct de la Souquette, en qualité de prieur du prieuré de Saint-Martin, dont cette grange relevait.

Alors M. et madame de Modène attaquèrent le rentier Jean-Thomas pour se faire rendre les soixante écus qu'ils lui avaient donné sans utilité pour eux.

N° 4. M. de Modène mourut le premier décembre 1672, Madelène Béjard le 17 février 1672, et Molière le 17 février 1673; madame de Modène, veuve et héritière de son mari, ne s'était point dessaisie de la grange de la Souquette, malgré la tardive in

vestiture de Madelène Béjard. En effet, étant à Avignon le 3 février 1674, elle nomma son procureur, Pompée Madon, viguier du lieu de Roussillon en Provence; l'acte fut reçu par Hugues, notaire et greffier d'Avignon; en vertu de cette procuration, Pompée Madon arrenta la grange de la Souquette pour six ans à prudhommes Laurens et Jean-Pierre Meynards, père et fils, du lieu de Saint-Pierre de Vassols. Les six ans devaient commencer à la Noël, et finir six ans après. L'acte fut passé à Caromb, le 19 février 1674, par Antoine François Reynaud, notaire de ce lieu, en présence de Pierre Pons, apothicaire, et de M. Justiny, habitant du même lieu.

No 5. Ainsi frustrée d'une propriété sur laquelle elle avait compté, la veuve de Molière écrivit la lettre suivante à M. de Raimond de Modène, frère du comte de Modène, qui semblerait avoir hérité de sa belle sœur à cette époque; elle est écrite d'une autre main, mais signée par la veuve du seul nom de Molière, et adressée à Avignon.

[ocr errors]
[ocr errors]

MONSIEUR,

« Si je n'avais point été indisposée, je n'aurais pas manqué à faire réponse à votre première lettre, et à « vous marquer que je suis toujours dans la résolution de faire affaire avec vous pour ma grange de la Souquette, aux termes que nous sommes convenus. Mais <«< comme j'ai moins d'habitudes à Avignon que vous en « avez à Paris, vous pouvez plus facilement envoyer ici votre procuration pour traiter. En même tems, je vous prie, monsieur, de vous souvenir que vous

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
« VorigeDoorgaan »