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« m'avez promis que ce serait de l'argent comptant à <«< la Madelène prochaine, parce que j'en ai besoin dans «< ce tems-là, et que je fais mon compte sur cette partie. « Je ne m'arrête point à ce qu'on m'a voulu faire croire

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ici, que vous vous étiez vanté depuis votre retour de Paris que vous m'aviez fait donner dans le panneau, « et que vous me vouliez surprendre; parce que je suis « trop persuadée de votre probité, et que vous avez « trop d'honneur pour vous prévaloir du peu d'expérience d'une pauvre veuve. J'attends votre réponse pour conclure avec celui qui aura votre pouvoir, et

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Cette lettre achève de démontrer que la prétendue vente de la terre et grange de la Souquette n'était pas le résultat d'une véritable acquisition. On y reconnaît le langage d'une propriétaire incertaine qui n'a pas des droits incontestables à ce qu'elle réclame, et qui est en quelque sorte dans la dépendance de son débiteur. La tradition de la famille de Modène est donc aussi fondée sur des actes. Il est fâcheux que celui de 1661

ait disparu. L'énoncé de ses dispositions, quoique sans doute un peu obscur, éclaircirait encore mieux la question. Mais je crois en avoir dit assez pour faire voir que la femme de Molière a eu des relations très-intimes avec la famille de Modène, résultantes de celles de Madelène Béjard. Cette famille ne le constate que pour rendre hommage à la vérité. Elle a des alliances qui convenaient mieux à son existence dans le monde et à sa haute antiquité. On le verra dans sa généalogie, qu'imprime en ce moment M. de Courcelles 1. J'en donnerai aussi la preuve ici dans l'observation suivante.

SIXIÈME OBSERVATION

SUR LA PARENTÉ DU COMTE DE MODÈNE AVEC LA MAISON DE LORRAINE ET ANNE DE GONZAGUE.

L'auteur du Duc de Guise à Naples dit que le comte de Modène était un homme d'esprit, de courage et de naissance, parent d'Anne de Gonzague, et qui s'était dès long-tems attaché au duc de Guise. «< M. de Guise, ajoute-t-il fort bien, « disait que Modène << était gentilhomme de sa chambre3; le comte prétendait << n'être que son ami 4. Tel était l'usage de ces tems-là :

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1. Histoire généalogique et héraldique des pairs de France, des grands dignitaires de la couronne, des principales familles nobles du royaume et des maisons princières de l'Europe, tome cinquième in - 4°. Cet ouvrage est distingué par son exactitude et la beauté de son exécution. 2. Paris, 1825, p. 132.

3. Mémoires de M. de Guise, liv. I, 16, édit. de Paris, 1681. 4. Modène, seconde partie, II, 69.

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les gens les plus qualifiés s'attachaient aux princes; les simples gentilshommes aux grands seigneurs. Mon«< trésor disait qu'il était domestique de M. le prince de « Condé; le maréchal d'Ancre, qu'il avait l'honneur d'être à la reine Marie de Médicis; Chavigni, qu'il appartenait à M. le cardinal de Richelieu. C'était, «< comme dans nos anciennes coutumes françaises, une « sorte de vasselage volontaire, fondé sur l'échange de l'indépendance du plus faible contre la protection du plus fort, et personne ne manquait jamais à cet en«gagement réciproque. »

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Cette parenté du comte de Modène et d'Anne de Gonzague est trop honorable à la famille de Modène pour ne pas mériter ici une explication. Les autorités sur lesquelles s'appuie l'auteur que je viens de citer, sont une dépêche de M. de Cérisantes à l'abbé de Saint-Nicolas, du 17 décembre 1647, et les négociations de M. l'abbé de Saint-Nicolas, tome V, page 342. On ne trouverait dans ces deux manuscrits que de simples assertions dénuées de preuves. Je vais en donner ici le développement qui fera voir que le comte de Modène était allié au même degré du duc de Guise et d'Anne de Gonzague, et que cette alliance lui coûtait cher, puisqu'elle avait transporté à la maison de Lorraine presque tous les biens de la sienne. C'est ce que fera d'abord comprendre le tableau suivant :

I.

Jean de Raimond de Mormoiron, écuyer du roi Louis XI, obtint de ce prince une pension de quatre cens livres sur le péage de Beaucaire par lettres don

nées au Plessis-lez-Tours le 22 décembre 1477, vérifiées à Autun le 4 juillet 1478. Il fut marié, par contrat passé à Beaucaire devant Michel d'Yères (de Areis), notaire de cette ville, au mois de juin 1480, avec Marie de Vénasque, dame de Modène, d'Urban, de la Roque, et en partie de Caumont et des Issards, fille et héritière d'Antoine de Venasque, chevalier, qui testa en sa faveur devant le même notaire le 8 juin 1480, et de Geneviève de Raimond, sa parente; par cette alliance, les biens considérables qui étaient sortis de la maison de Raimond, et qui étaient passés dans celle de Venasque, retournèrent à leurs anciens seigneurs. Jean de Raimond rendit hommage à la chambre apostolique séante à Carpentras le 22 mars 1483, et fit son testament le 16 juin 1506, en faveur de ses enfans.

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II.

François de Raimond de Mormoiron, seigneur de Modène, la Roque, Urban', etc., fut marié, par contrat passé devant Teyssier, notaire à Tarascon en 1517, avec Étiennète de Villeneuve, fille de Tannegui, seigneur de Beauvoisin en Languedoc, et de Marguerite du Buix; 2o par contrat du 15 août 1531, avec Sibille

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1. Le 17 mars 1584, Truphémond de Raimond de Modène vendit à Giles de Fortia « le fief et territoire foncier d'Urban avec tous ses apparténemens, seigneurie, juridiction, tous domaine et terroir, services de toute espèce avec leurs directes, granges, terres labourables et her«< mes, vignes, vergers, prairies et toutes autres possessions tant rustiques qu'urbaines, fontaines, dérivations et conduites d'eau, et tons autres « biens et droits tant seigneuriaux que autres. » J'ai l'acte de cette vente. 2. Histoire de la noblesse du comté Vénaissin. Paris, 1750, III, 9.

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de Saint-Martin, fille de Trophime et de Madelène Hardouin, de la ville d'Arles. Il eut du premier mariage le premier des deux enfans qui suivent, et du second:

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Laurent de Raimond de Mormoiron, quatrième fils de François, et fils aîné de Sibille de Saint-Martin,

Jacques de Raimond de Mormoiron, baron de Modène, etc., chevalier de l'ordre du roi, fut marié avec Florie de Maubec de Mont-se distingua par ses services et par laur, veuve de Jean de Vaësc, ba- les négociations dont il fut chargé ron de Grimault, etc., fille et héri- | dans le tems des troubles du comté tière de Louis, baron de Maubec, Vénaissin. Il eut le commandement en Dauphiné, et de Montlaur, en d'une compagnie de cinquante homVivarez, seigneur d'Aubenas, Mir- mes de pié par commission du mois mande, Montbonet, etc., chambel- de mars 1570. Il avait été marié dès lan du roi, et de Philippine de l'an 1560, avec Françoise de GauBalzac d'Entragues'. Florie de Mau-thier de Girenton, fille de François bec fit son testament le 2 février et de Jeane de Rodulf, dame de 1576, en faveur des enfans de son Lirac, de laquelle il eut 2: second mari, sous l'obligation de porter le nom et les armes de Maubec et de Montlaur.

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Louis-Guillaume de Raimond de François de Raimond de MorMormoiron de Maubec de Mont-moiron fut baron de Modène, par la laur, baron de Modène et d'Au- restitution que lui fit de cette terre benas, marquis de Maubec, comte Marie de Raimond de Montlaur, de Montlaur, seigneur de Montpe-sa cousine3, ou plutôt sa nièce à la zat, Mairez et Montbonnet, bailli mode de Bretagne, fille aînée de

1. Histoire de la noblesse du comté Vénaissin, III, 10. 2. Id., 18.

3. Id., 19.

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