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tuent l'évangile social, sous une forme à peu près semblable dans la déclaration du 2 mai, datée de Saint-Ouen, par Sa Majesté Louis XVIII, et dans une autre circonstance dont nous aurons occasion de parler plus tard. Depuis le 27 décembre 1788, jusqu'au 8 juillet 1815, voilà ce que les François ont voulu quand ils ont pu

vouloir.

Le livre du Pouvoir exécutif dans les grands états est le meilleur guide que puissent prendre les hommes appelés à faire ou à modifier une constitution quelconque ; car c'est, pour ainsi dire, la carte politique où tous les dangers qui se présentent sur la route de la liberté sont signalés.

A la tête de cet ouvrage, M. Necker s'adresse ainsi aux François :

« Il me souvient du temps où, en publiant » le résultat de mes longues réflexions sur les » finances de la France, j'écrivois ces paroles: » Oui, nation généreuse, c'est à vous que je » consacre cet ouvrage. Hélas! qui me l'eût » dit que, dans la révolution d'un si petit » nombre d'années, le moment arriveroit où >> je ne pourrois plus me servir des mêmes >> expressions, et où j'aurois besoin de tourner >> mes regards vers d'autres nations, pour avoir

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>> de nouveau le courage de parler de justice >> et de morale! Ah! pourquoi ne m'est-il pas >> permis de dire aujourd'hui : C'est à vous que >> j'adresse cet ouvrage, à vous, nation plus » généreuse encore, depuis que la liberté a développé votre caractère, et l'a, dégagé de >> toutes ses gênes.; à vous, nation plus géné>> reuse encore, depuis que votre front ne porte >> plus l'empreinte d'aucun joug; à vous, na» tion plus généreuse encore, depuis que vous » avez fait l'épreuve de vos forces, et que vous » dictez vous-même les lois auxquelles vous » obéissez? - Ah ! que j'aurois tenu ce langage >> avec délices! mon sentiment existe encore ; » mais il me semble errant, il me semble en » exil; et, dans mes tristes regrets, je ne puis, >> ni contracter de nouveaux liens, ni reprendre, » même en espérance, l'idée favorite et l'uni» que passion dont mon âme fut si long-temps >> remplie. >>

Je ne sais, mais il me semble que jamais on n'a mieux exprimé ce que nous sentons tous cet amour pour la France qui fait tant de mal à présent, tandis qu'autrefois il n'étoit point de jouissance plus noble ni plus douce.

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Des divers partis dont l'assemblée législative étoit composée.

On ne peut s'empêcher d'éprouver un profond sentiment de douleur, lorsqu'on se retrace les époques de la révolution, où une constitution libre auroit pu être établie en France, et qu'on voit non-seulement cet espoir renversé, mais les événemens les plus funestes prendre la place des institutions les plus salutaires. Ce n'est pas un simple souvenir qu'on se retrace, c'est une peine vive qui re

commence.

L'assemblée constituante, vers la fin de son règne, se repentit de s'être laissé entraîner par les factions populaires. Elle avoit vieilli en deux années, comme Louis XIV en quarante ans; c'étoit aussi par de justes craintes que la modération avoit repris quelque empire sur elle. Mais ses successeurs arrivèrent avec la fièvre révolutionnaire, dans un temps où il n'y avoit plus rien à réformer ni à détruire. L'édifice social penchoit du côté démocratique, et il

falloit le relever en augmentant le pouvoir du trône. Toutefois, le premier décret de cette assemblée législative fut pour refuser le titre de majesté au roi, et pour lui assigner un fauteuil en tout semblable à celui du président. Les représentans du peuple se donnoient ainsi l'air de croire qu'on n'avoit un roi que pour lui faire plaisir à lui-même, et qu'en conséquence on devoit retrancher de ce plaisir le plus possible. Le décret du fauteuil fut rapporté, tant il excita de réclamations parmi les hommes sensés! mais le coup étoit porté, soit dans l'esprit du roi, soit dans celui du peuple; l'un sentit que sa position n'étoit pas tenable, l'autre embrassa le désir et l'espoir de la république.

Trois partis très-distincts se faisoient remarquer dans l'assemblée les constitutionnels, les jacobins, et les républicains. Il n'y avoit presque pas de nobles, et point de prêtres parmi les constitutionnels; la cause des privilégiés étoit déjà perdue, mais celle du trône se disputoit encore, et les propriétaires et les esprits sages formoient un parti conservateur au milieu de la tourmente populaire...

Ramond, Matthieu Dumas, Jaucourt, Beugnot, Girardin, se distinguoient parmi les

constitutionnels: ils avoient du courage, de la raison, de la persévérance, et l'on ne pouvoit les accuser d'aucun préjugé aristocratique. Ainsi la lutte qu'ils soutinrenten faveur de la monarchie fait infiniment d'honneur à leur conduite politique. Le même parti jacobin, qui existoit dans l'assemblée constituante, sous le nom de la Montagne, se remontra dans l'assemblée législative; mais il étoit encore moins digne d'estime que ses prédécesseurs. Car, au moins, dans l'assemblée constituante, l'on avoit eu lieu de craindre, pendant quelques momens, que la cause de la liberté ne fût pas la plus forte, et les partisans de l'ancien régime, restés députés, pouvoient encore être redoutables; mais, dans l'assemblée législative, il n'y avoit ni dangers, ni obstacles, et les factieux étoient obligés de créer des fantômes, pour exercer contre eux l'escrime, de la parole.

Un trio singulier, Merlin de Thionville, Bazire et le ci-devant capucin Chabot, se signaloient parmi les jacobins ; ils en étoient les chefs, précisément parce qu'étant placés au dernier rang sous tous les rapports, ils rassuroient entièrement l'envie: c'étoit le principe de ce parti, qui soulevoit l'ordre social par

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