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>> rendre les maîtres du monde, afin qu'ils con>> sentent à être ses esclaves; et, si tel est son >> but, contre quelle puissance doit-il tourner ses >> regards inquiets, si ce n'est contre la Grande» Bretagne ? Quelques-uns ont prétendu qu'il ne >> vouloit avoir avec nous d'autre rivalité que >> celle du commerce; heureux cet homme, si >> des vues administratives étoient entrées dans >> sa tête ! mais qui pourroit le croire? il suit >> l'ancienne méthode des taxes exagérées et » des prohibitions. Toutefois il voudroit arri» ver par un chemin plus court à notre perte ; >> peut-être se figure-t-il que ce pays une fois >> subjugué, il pourra transporter chez lui no>> tre commerce, nos capitaux et notre crédit, » comme il a fait venir à Paris les tableaux et » les statues d'Italie. Mais ses ambitieuses espé>> rances seroient bientôt trompées; ce crédit >> disparoîtroit sous la griffe du pouvoir; ces ca» pitaux s'enfonceroient dans la terre, s'ils » étoient foulés aux pieds d'un despote; et ces >> entreprises commerciales seroient sans vi>> gueur en présence d'un gouvernement arbi>> traire. S'il écrit sur ses tablettes des notes » marginales relatives à ce qu'il doit faire des di» vers pays qu'il a soumis ou qu'il veut soumet>> tre, le texte entier est consacré à la destruction

:

» de notre patrie. C'est sa première pensée en » s'éveillant, c'est sa prière, à quelque divinité » qu'il l'adresse, Jupiter ou Mahomet, le dieu >> des batailles ou la déesse de la raison. Une >> importante leçon doit être tirée de l'arro»gance de Bonaparte il se dit l'instrument >> dont la Providence a fait choix pour rendre » le bonheur à la Suisse, et la splendeur et l'im»portance à l'Italie; et nous aussi, nous de>>vons le considérer comme un instrument >> dont la Providence a fait choix pour nous rat» tacher davantage, s'il se peut, à notre consti»tution, pour nous faire sentir le prix de la li>> berté qu'elle nous assure; pour anéantir tou»tes les différences d'opinion en présence de >> cet intérêt; enfin pour avoir sans cesse pré» sent à l'esprit, que tout homme qui arrive en » Angleterre, en sortant de France, croit s'é» chapper d'un donjon pour respirer l'air et la » vie de l'indépendance. »

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La liberté triompheroit aujourd'hui dans l'opinion universelle, si tous ceux qui se sont ralliés à ce noble espoir avoient bien vu, dès le commencement du règne de Bonaparte, que le premier des contre-révolutionnaires, et le seul redoutable alors, c'étoit celui qui se revêtoit des couleurs nationales pour rétablir impu

nément tout ce qui avoit disparu devant elles.

Les dangers dont l'ambition du premier consul menaçoit l'Angleterre, sont signalés avec autant de vérité que de force dans le discours que nous venons de citer. Le ministère anglois est donc amplement justifié d'avoir recommencé la guerre ; mais, quoiqu'il ait pu, dans la suite, prêter plus ou moins d'appui aux adversaires personnels de Bonaparte, il ne s'est ja mais permis d'autoriser un attentat contre sa vie; une telle idée ne vint pas aux chefs d'un peuple de chrétiens. Bonaparte courut un grand danger par la machine infernale, assassinat le plus coupable de tous, puisqu'il menaçoit la vie d'un grand nombre d'autres personnes en même temps que celle du consul. Mais le ministère anglois n'entra point dans cette conspiration; il y a lieu de croire que les chouans, c'est-à-dire, les jacobins du parti aristocrate, en furent seuls coupables. A cette occasion pourtant, on déporta cent trente révolutionnaires, bien qu'ils n'eussent pris aucune part à la machine infernale. Mais il parut simple alors de profiter du trouble que causoit cet événement pour se débarrasser de tous ceux qu'on vouloit proscrire. Singulière façon, il faut le dire, de traiter l'espèce humaine ! Il

s'agissoit d'hommes odieux, s'écriera-t-on! Cela se peut, mais qu'importe? N'apprendrat-on jamais en France qu'il n'y a point d'acception de personnes devant la loi ? Les agens de Bonaparte s'étoient fait alors le bizarre principe de frapper les deux partis à la fois, lorsque l'un des deux avoit tort; ils appeloient cela de l'impartialité. Vers ce temps, un homme auquel il faut épargner son nom, proposa de brûler vifs ceux qui seroient convaincus d'un attentat contre la vie du premier consul. La proposition des supplices cruels sembloit appartenir à d'autres siècles que le nôtre; mais la flatterie ne s'en tient pas toujours à la platitude, et la bassesse est très-facilement féroce.

CHAPITRE VI.

De l'inauguration du concordat à Notre-Dame.

A L'ÉPOQUE de l'avénement de Bonaparte, les partisans les plus sincères du catholicisme, après avoir été si long-temps victimes de l'inquisition politique, n'aspiroient qu'à une parfaite liberté religieuse. Le vœu général de la nation se bornoit à ce que toute persécution cessât désormais à l'égard des prêtres, et qu'on n'exigeât plus d'eux auçun genre de serment; enfin, que l'autorité ne se mêlât en rien des opinions religieuses de personne. Ainsi donc, le gouvernement consulaire eût contenté l'opinion, en maintenant en France la tolérance ~ absolue, telle qu'elle existe en Amérique, chez un peuple dont la piété constante et les mœurs sévères, qui en sont la preuve, ne sauroient être mises en doute. Mais le premier consul ne s'occupoit point de ces saintes pensées ; il savoit que, si le clergé reprenoit une consistance politique, son influence ne pouvoit seconder que les intérêts du despotisme; et, ce qu'il vou

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