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loient repousser les étrangers. Je l'avouerai, dans cet instant je ne voyois d'étrangers que les assassins, sous les poignards desquels j'avois laissé mes amis, la famille royale, et tous les honnêtes gens de France.

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Les prisonniers d'Orléans avoient subi le sort des prisonniers de Paris, les prêtres avoient été massacrés au pied des autels, la famille royale étoit captive au Temple; M. de la Fayette, fidèle au vou durable de la nation, la monarchie constitutionnelle, avoit quitté son armée plutôt que de prêter un serment contraire à celui qu'il venoit de jurer au roi, Une convention nationale étoit convoquée, et la république fut proclamée en présence des rois victorieux, dont les armées n'étoient qu'à quarante lieues de Paris. Cependant la plupart des officiers françois étoient émigrés; ce qu'il restoit de troupes n'avoit jamais fait la guerre, et l'administration étoit dans un état affreux. Il avoit de la grandeur dans une telle résolution, prise au milieu des plus grands périls; bientôt elle fit revivre dans tous les cœurs l'intérêt que l'on prenoit à la nation françoise; et si, rentrés dans leurs foyers, les guerriers vainqueurs eussent renversé les révolutionnaires, encore

y

une fois la cause de la France étoit gagnée.

Le général Dumourier montra, dans cette première campagne de 1792, un talent qu'on ne peut oublier. Il sut mettre en œuvre avec habileté la force militaire, qui, fondée par le patriotisme, a depuis servi l'ambition. A travers les horreurs dont cette époque étoit souillée, l'esprit public de 1792 avoit quelque chose de vraiment admirable. Les citoyens, devenus soldats, se dévouoient à leur pays; et les calculs personnels, l'amour de l'argent et du pouvoir n'entroient pour rien encore dans les efforts des armées françoises. Aussi l'Europe elle-même éprouva-t-elle une sorte de respect

pour la résistance inattendue qu'elle rencontra. Bientôt après la fureur du crime s'empara du parti dominateur; et, depuis, tous les vices ont succédé à tous les forfaits: triste amélioration pour l'espèce humaine !

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QUEL sujet ! Il a été traité tant de fois, que je ne me permets ici de retracer qu'un petit nombre d'observations particulières.

Au mois d'octobre 1792, avant que l'horrible procès du roi fût commencé, avant que Louis XVI eût nommé ses défenseurs, M. Necker se présenta pour être chargé de cette noble et périlleuse fonction. Il publia un mémoire que la postérité recueillera comme un des témoignages les plus vrais et les plus désintéressés qu'on pût rendre en faveur du vertueux monarque jeté dans les fers (1). M. de Malesherbes fut choisi par le roi pour son avocat auprès de la convention nationale. L'affreuse mort de cet homme admirable et de sa famille l'emporte sur tout autre souvenir; mais la haute raison et la sincère éloquence de l'écrit de M. Necker pour

(1) L'on séquestra la fortune de M. Necker en France, à compter du jour même où parut son Mémoire justificatif de Louis XVI.

TOME II.

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la défense du roi doivent en faire un document

de l'histoire.

On ne pouvoit nier que Louis XVI, depuis son départ pour Varennes, ne se fût considéré comme captif, et en conséquence il n'avoit rien fait pour seconder l'établissement d'une constitution, que les plus sincères efforts n'auroient peut-être pu maintenir. Mais avec quelle délicatesse M. Necker, qui croyoit toujours à la force de la vérité, ne la présente-t-il pas dans cette circonstance!

« Les hommes attentifs, les hommes justes >> admireront dans le roi la patience et la mo» dération qu'il a montrées, lorsque tout chan» geoit autour de lui, et lorsqu'il étoit exposé >> sans cesse à tous les genres d'insultes; mais >> s'il eût fait des fautes, s'il eût méconnu dans quelques points ses nouvelles obligations, ne >> seroit-ce pas à la nouvelle forme de gouver» nement qu'il faudroit s'en prendre? Ne se>> roit-ce pas à cette constitution, où un mo»> narque n'étoit rien qu'en apparence; où la » royauté même se trouvoit hors de place; où >> le chef du pouvoir exécutif ne pouvoit discer»> ner ni ce qu'il étoit, ni ce qu'il devoit être ; » où il étoit trompé jusque par les mots, et par » les divers sens qu'on pouvoit leur donner; où

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