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messes du frontispice; c'est ainsi, pour ne citer qu'un exemple, qu'ils placent la biographia dramatica (de Baker, Reed et Jones, London, 1812, 4 vol. in-8°) dans la bibliographie, par le motif, sans doute, que les notices sur les pièces et sur les auteurs, contenues dans cet ouvrage, sont essentiellement bibliographiques.

Bien que cette remarquable collection renferme une très-grande quantité d'ouvrages divers, le théâtre y domine évidemment et se trouve représenté presque dans chaque chapitre; nous eussions préféré une séparation plus complète des matières théâtrales; par exemple dans les chapitres intitulés Dialectes, facéties, architecture, écrits périodiques, fétes, recueils de portraits, poétique, etc.; néanmoins, grâce au nombre des subdivisions et à la disposition typographique si nette et si claire qui distingue les livres d'impression anglaise, on n'a pas de peine à découvrir partout l'objet que l'on cherche. Mais ce qui surtout rend la bibliothèque Burton digne de l'attention des bibliographes de tous pays, c'est la collection formée sous le titre de Shakespeariana ou recueil de toutes les productions du grand poëte, représentées par les éditions les plus rares et les plus curieuses, et de tous les écrits qui concernent sa vie et ses ouvrages. Cette partie du catalogue, complétée par le chapitre Old english drama, mysteries, interludes, masques, suffirait à faire courir à New-York tous les bibliophiles de l'Union et surtout de la vieille Angleterre où ces sortes d'ouvrages ne peuvent déjà plus se trouver au poids de l'or.

Malheureusement, hélas! le monde est grand et les moyens de l'homme sont parfois bien petits. L'océan nous sépare de toutes ces belles choses et c'est à peine si, grâce à l'obligeance de la maison Bossange, qui nous a communiqué le catalogue et veut bien se charger de nos commissions, nous pouvons espérer de recueillir quelques miettes du superbe banquet ouvert aux amateurs le 28 octobre prochain dans la métropole du nouveau monde.

Joseph DE FILIPPI.

CORRESPONDANCE

BIÈVRE. Son Etymologie.

Monsieur le directeur.

Vous savez que l'on prépare en ce moment une nouvelle édition de l'Histoire du diocèse de Paris de l'abbé Lebeuf1; mes sympathies pour

1 Par M. H. Cocheris, de la Société des antiquaires de France. Paris, A. Durand, édit.

l'auteur et les éditeurs me font un devoir de ne pas être le dernier à apporter une pierre pour aider à la restauration de l'édifice ; la publicité que vous voudrez bien y donner dans le Bulletin contribuera, j'en suis sûr, à augmenter la masse des matériaux, et ainsi vous aurez bien mérité du public savant.

Commençons par une étymologie, ce qui paraîtra certainement audacieux.

« Savoir, dit l'abbé Lebeuf, si c'est la rivière qui a donné le nom au « lieu, ou si c'est le lieu qui a donné le sien à la rivière, c'est ce qui n'est • pas encore décidé'. Cette grave question fût-elle résolue (ajoute un « auteur moderne qui me permettra de ne pas être de son avis), on • ignorerait l'origine du nom; les savants n'ont pu ni la découvrir ni « l'inventer. »

En lisant attentivement le passage cité et le sentiment d'Adrien de Valois dans sa Notice des Gaules, auquel semble se ranger Lebeuf, la conclusion est « que la rivière est constamment plus ancienne que le vila lage qui a le même nom et que ce nom a une terminaison qui est plus • ordinaire pour les rivières que pour les villages1. »

De plus, continue Lebeuf, que nous résumons, pourquoi avoir laisés couler la rivière trois lieues sans la nommer, ou ne pas l'avoir appelée Buc ou Jouy, qui sont entre Bièvre el sa source; cependant, sans se prononcer ouvertement, il explique le fait par une prééminence de localité.

L'abbé Lebeuf est encore plus réservé sur l'étymologie; cependant il citer le Dictionnaire universel de France qui dit à l'article Bièvre près Versailles : « C'est à des animaux aquatiques appelés bièvres, plus connus sous le nom de loutres, que ce bourg, situé sur la rivière de Bièvre, doit sa dénomination. »>

D'après la vie de saint Germain, évêque de Paris, le nom latin de celte rivière était Biber ou Biberis 5.

On trouve encore dans Prudhomme trois villages de ce nom en France, situés sur des rivières dont deux s'appellent Bièvre: BiberKirck, c'est-à-dire Biber-Eglise sur la Bièvre, proche Sarrebourg en Lorraine, et Bibrax chez les Rèmes, mentionnés tous deux par Lebeuf".

1 Lebeuf, Hist. du diocèse de Paris, t. VIII, p. 409. Idem. Ibid., p. 410.

• Idem., t. Ier, Avertissement, p. xxvi.

* 5 vol. in-fol. Paris, 1726 (par Prudhomme).

La Martinière, Dict. de géographie au mol: BIBERIS.

• Lebeuf, loco citato et Journal de Verdun. 4749, p. 144, 1750, p. 36

et 450.

A propos de ce dernier, il rappelle un passage de César1 pour montrer qu'il s'agit, non de Laon, mais de ce Bièvre, d'accord sur ce point avec d'Anville qui s'exprime ainsi : « En effet, on trouve Bievre, qui conserve évidemment le nom de Bibrax, etc.. » Enfin Napoléon, dans son Précis des guerres de César 3, comme dans ses notes sur les Commentaires, se trouve être du même avis.

Le Bibrax des Rèmes est sur un ruisseau qui se jette dans la Lette3. Le village de Biberach, en Suisse, près du Rhin, est aussi sur une rivière qui se jette dans ce fleuve. Autun est également sur l'Arroux qui baigne ses anciens murs; deux autres petites rivières, qui prennent leur source au midi, la cernent presque entièrement avant de se jeter dans la première. On sait qu'Autun est la Bibracte des Éduens.

De plus, il existe une ville de Souabe qui a conservé son ancien nom de Biberach; il n'est pas inutile d'observer que Biber en allemand signifie castor, que cette ville est sur une rivière nommée Biber, qui se jette dans la Russ, sous ses murs, et qu'enfin pour armes parlantes elle a un castor ou bièvre.

On ne peut après cela refuser d'admettre que les rivières et les lieux du nom de Bièvre n'aient été ainsi nommés à cause de la fréquentation de ces animaux dans ces endroits, où on les chercherait vainement aujourd'hui. On peut remarquer également que toutes ces rivières du nom de Bièvre, ou près des localités de ce nom, sont des cours d'eau peu considérables; on sait d'ailleurs ce que c'est que le bief d'un moulin, dont le nom s'est conservé dans notre langue.

Cette étymologie, simple et naturelle à la fois, s'accorde parfaitement avec la position des lieux du nom de Bièvre, toujours situés sur une rivière; on ne peut nier d'ailleurs que le castor d'Europe s'appelât autrefois bièvre, qui n'est que le celtique biber francisé.

Les Romains avaient aussi ce mot, mais ils le défigurèrent en changeant le B initial en F; de là Fiber, bièvre, loutre et castor.

Bibrac serait la forme originaire d'un mot dont la force de la prononciation a fait Bibrax chez les Rèmes, Bibracte chez les Eduens, Biberach en Suisse et en Allemagne. La désinence ac ou ach est un suffixe

1 De bello gallico, L. II, c. vi.

⚫ Cf. Colleciton des classiques Lemaire. Jules César, t. IV, p. 209.

3 Cf. Collection Nisard. César, 2e edit., p. 333, notes.

Cf. Alesia, par E. Desjardins. Didier, 1859, Appendice, p. 449, notes

13 et 14; ouvrage aussi curieux qu'intéressant à tous égards.

cf. Carte du gouvernement général de l'Ile-de-France, par R. de Vaugondy.

Cf. Pline le naturaliste.

possessif et d'excellence qui ne change rien à la signification des noms1.

En voilà, ce semble, assez sur ce sujet, sinon d'une grande importance, au moins intéressant ; il ne nous reste plus qu'à former des vœux pour qu'il satisfasse les plus exigeants.

Agréez, Monsieur le directeur, etc.

L'abbé V. DUFOUR.

A Monsieur l'éditeur du Bulletin du Bouquiniste,

Monsieur,

En parcourant le catalogue de la bibliothèque Leber (acquise par la ville de Rouen), j'avais observé l'indication que voici: (n° 1724) OEuvres de Régnier, 1750, 2 vol. in-12, exemplaire de Le Brun, avec un parallèle autographe de Régnier et de Boileau.

J'étais curieux de connaitre quel jugement portait sur nos deux grands satiriques celui de tous les poëtes français qui a le mieux manié l'épigramme. J'ai donc profité d'un voyage à Rouen pour obtenir communication de ces deux volumes et pour transcrire la note de Le Brun. Si vous regardez ce fragment inédit comme étant de nature à intéresser vos lecteurs, placez-le, Monsieur, dans votre Bulletin où il ne tiendra pas d'ailleurs beauconp de place.

Régnier et Boileau ont excellé dans la satire par des qualités « différentes. Boileau est plus élégant, plus fin, plus discret, plus correct, plus littéraire et souvent plus poétique; l'autre est plus « simple, plus ingénu, plus populaire, et, dans ses incorrections « même, plus hardi et plus original; tous deux sont énergiques, mais « l'énergie de Régnier est plus méditée, celle de l'autre est plus naïve, • Boileau doit beaucoup au travail, à l'étude et au bon goût; Régnier « ne doit qu'à sa verve et à son génie.

« L'un fut satirique par raison et par bon goût; l'autre par verve ⚫ et par génie.

« L'un est naïf jusqu'à la bassesse; l'autre est correct jusqu'à la sécheresse, élégant jusqu'à la recherche et à l'apprêt.

« Boileau a plus d'art, de précision, d'éloquence, plus de discrétion « et de goût: Régnier a plus de naturel, d'abondance, de naïveté, de

1 Moet de la Forte-Maison, Antiquités de Noyon: passim. Paris, A. Aubry. Il a fait une étude spéciale des campagnes de César dans la Gaule Belgique, et des recherches curieuses sur les noms de lieux.

« verve. Le génie seul a fait de Régnier un poëte satirique; une raison exquise unie à l'étude et à l'œuvre des anciens a conduit Boileau « sur les pas d'Horace et de Juvénal. »

G. BRUNET.

CHANSONS POPULAIRES DES PROVINCES DE FRANCE Accompagnées d'une Notice sur les chansons populaires, par CHAMPFLEURY; avec les airs notés et arrangés pour le piano, par J.-B. WEKERLIN, illustrées par MM. Bida, Bracquemont, Courbet, Faivre, Flameng, Français, Hanoteau, Ch. Jacque, Morin, Sand, Staal, Villevieille, et Mme Fath, contenant des Noëls, des chants de mai, des ballades, des chansons de mariés, de métiers, de rondes, etc. Paris, 1860, grand in-8°, papier vélin 1.

Un auteur, peut-être un peu trop enthousiaste de son sujet, a dit quelque part que l'histoire de la chanson, c'est l'histoire universelle. Ce paradoxe ingénieux n'est pas aussi loin d'être un axiome qu'il le paraît à première vue.

En France, la chanson est née et s'est formée avec le peuple.

Les historiens de l'école de la réalité, ceux qui, à la suite d'Augustin Thierry de glorieuse mémoire, ont restitué aux faits leur véritable caractère, dont l'empreinte était restéc nette et indélébile dans les monuments originaux du passé; ces historiens, dis-je, doivent à l'étude de la chanson aux diverses époques, des révélations piquantes et imprévues.

De tous temps, et surtout dans ses phases d'oppression, le peuple doué, chez nous, d'un bon sens impitoyable et d'une inaltérable gaieté. vengea ses misères ou ses déconvenues par des traits de malice et gagna parfois, on le sait, beaucoup plus à rire qu'à se soulever.

La bonne humeur native qui inspira toujours au Français, même sans qu'il s'en doutât, de prêter une forme plaisante à l'expression de ses plus vifs comme de ses plus intimes sentiments, lui valut à la vérité chez les étrangers cette terrible réputation de légèreté que certes il est loin de mériter. Mais elle a donné naissance en même temps à cette longue suite de productions d'origines et de genres si divers, réunies aujourd'hui dans notre histoire littéraire sous la dénomination générale de chansons.

Les chansons, en France, sont en effet innombrables. Mille recueils, quelques-uns introuvables, beaucoup très-rares, et tous recherchés en contiennent de tout ordre et de toute nature: Morales, philosophiques,

I se trouve à la librairie Aubry. Prix

12.

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