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Pendant les siècles où régna l'usage de brûler les morts, pas une créature humaine ne descendit dans la terre sans un fragment de tuile ou un morceau de poterie. Les cimetières de cette époque sont de véritables collections de céramique. Voici de beaux échantillons de vase provenant de sépultures romaines, qui sont gravés dans l'Archéologie céramique et sépulcrale:

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Le premier de ces vases, à la gauche du groupe, est presque identique par sa forme à un autre vase également ansé, trouvé avec une médaille de Gordien III dans le cercueil d'un enfant, et dessiné de grandeur naturelle par M. Guillaume Petit, en tête de son Essai sur un tombeau gallo-romain découvert à Louviers (Eure), en avril 1860. Lorsqu'au temps de Constantin, l'usage revient d'inhumer les corps,

Sépulture gallo-romaine de Saint-Médard-des-Prés, Vendée, ive siècle.

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les vases de terre et de verre entourent pour ainsi dire le mort depuis les pieds jusqu'à la tête. Cette abondance de vases élégants, gracieux, de toutes formes, de toutes tailles et de toutes matières, constitue même le caractère des sépultures du iv siècle.

Pendant le moyen âge, les vases de terre qui descendent dans la tombe, ont ordinairement servi aux funérailles, les uns pour contenir

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l'eau bénite, les autres pour déposer l'encens qui brûle autour du cercueil Ces derniers sont percés de trous par où l'air pouvait alimenter la combustion, et par où aussi sortaient les jets de la fumée odoriférante. Les nombreuses figures dont les pages de M. Cochet sont parsemées représentent un bon nombre de ces pots à feu.

Une miniature d'un manuscrit du XIVe siècle, représentant un service funèbre et reproduite également par notre auteur, montre trois pots forés, rangés entre les chandeliers au pied du drap mortuaire.

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Mais ce nouveau travail de M. Cochet n'est pas seulement un résumé de ses travaux antérieurs, c'est en même temps un supplément où il consigne des faits dont il n'a acquis la connaissance que depuis la publication de son troisième volume, le Tombeau de Childéric. Ainsi notre docte abbé fait connaître à ses lecteurs une naïveté vraiment inouïe ! on croyait en Silésie, il n'y a pas cent ans, que ces vases poussaient naturellement en terre! Un écrivain français du xvine siècle, le siècle philosophique, eut la candeur de répéter le fait d'après Martin Zeiler, géographe et voyageur allemand, et il poussa la bonhomie jusqu'à donner la gravure d'un a pot de terre qui croist naturellement en terre avec d'autre vaisselle. » M. l'abbé Cochet n'a point manqué de reproduire cette curieuse image dans laquelle un archéologue reconnaît aisément une urné celtique où germanique.

Si l'auteur avait ajouté quelques détails sur la nature de la pâte, le grain, la couleur et le vernis ou couverte des poteries aux différentes époques, et qu'il eût adopté un format moins grand, il eût aisément fait, au lieu d'une plaquette in-40, un véritable volume in-12, vademecum indispensable aux antiquaires. C'est là une idée que nous nous permettons de suggérer à M. l'abbé Cochet, l'écoulement rapide de ce

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dernier écrit devant le conduire infailliblement à une nouvelle édition. Notez bien que nous ne disons pas une seconde édition, mais bien une nouvelle, car l'Archéologie céramique et sépulcrale, dans l'état où la voici, est déjà une seconde édition remaniée et très-augmentée d'un travail publié pour la première fois dans le dernier cahier des Mémoires de de la Société des antiquaires de Normandie, sous le titre d'Archéologie céramique des sépultures.

Raymond BORDEAUX.

QUELQUES VERS SUR LA MORT DE GABRIELLE D'ESTRÉES.

De toutes les maîtresses de Henri IV, Gabrielle d'Estrées, marquise de Monceaux, puis duchesse de Beaufort, est la seule dont le nom soit demeuré populaire, et cette popularité est, selon nous, due à la fois à la Henriade de Voltaire et à la fin tragique de la favorite. On connaît les détails de la sanglante catastrophe qui conduisit dans le tombeau, après deux jours d'atroces souffrances, une femme la veille encore brillante de tout l'éclat de la jeunesse et de la beauté : il est donc inutile de les rappeler ici. Disons seulement que Gabrielle mourut le 10 avril 1599. Mais ce qu'on connaît sans doute moins, ce sont les pièces de vers qu'inspira ce trépas inattendu. Plusieurs poëtes, dont quelquesuns ont laissé un nom, Bertaut et Porchères, déplorèrent dans leurs vers ce triste événement. Timothée de Chillac publia un volume intitulé: Tombeau de Madame la duchesse de Beaufort, marquise de Monceaux et autres épitaphes. Au roy. A Lyon par Thibaud Ancelin, impr. ord. du roy MCXCIX (sic: 1599) avec privilége de Sa Majesté. In-12 de 60 feuillets. Bertaut composa sa belle pièce Sur la mort de Calerime. Laugier de Porchères qui avait déjà chanté, du vivant de la maîtresse royale, ses cheveux blonds et ses yeux bleus dans des stances célèbres et dans un sonnet, chef-d'œuvre du ridicule (c'est le sonnet qui commence ainsi: Ce ne sont pas des yeux, ce sont plutôt des dieux), prit de nouveau la plume et consacra à la mémoire de Gabrielle les trois pièces suivantes : Tombeau de Madame la duchesse de Beaufort; Regrets de Polémandre sur la mort de Calistée; Regrets du roy sur la mort de Madame la duchesse. Un anonyme écrivit : Regrets de Daphnis sur la mort de sa belle Astrée; A. de Vermeil, la mort d'Astrée, pièce curieuse en strophes de 5 vers de douze syllabes (nous croyons que c'est ici un des premiers exemples de l'emploi de ce mètre harmonieux), et du Maurier, Regrets sur la mort de Madame la duchesse de Beaufort. Toutes ces pièces de vers, sauf celle de Bertaut, se trouvent au tome 1er du curieux recueil Le Temple d'A

:

pollon ou Nouveau recueil des plus excellents vers de ce temps. A Rouen, de l'imprimerie de Raphael du Petit-Val, lib. et impr. du roy, 1611 2 vol. in-12, et dans le Parnasse des plus excellents poëtes de ce temps, Lyon, 1618, 2 vol. in-12.

Nous n'avons pas l'intention de donner des extraits de toutes ces poésies sur la mort de Gabrielle, cela nous entraînerait trop loin. Nous nous bornerons à citer deux pièces, celles de du Maurier et de Vermeil: elles suffiront pour faire connaître le ton et le caractère des autres pièces sur le même sujet et l'état de la poésie sous Henri IV en 1599, six ans avant la réforme de Malherbe.

Voici les stances de du Maurier1:

REGRETS SUR LA MORT DE MADAME LA DUCHESSE DE BEAUFORT.

STANCES.

Avril, non au printemps, mais à l'hyver semblable
Qui des plus belles fleurs la plus belle as fany,
Pour marque à l'advenir de ce crime execrable,
Puisse d'entre les mois ton nom estre banny!
Tout autre mois produise, et rien moins infertile
Que glaçons et que neige en toy ne soit produit,
Comme ennemy des fleurs et des fruits sois sterile,
Puisque tu as meurtry cette fleur et ce fruit.
Nous avions l'abregé dans une creature
De tout ce que le ciel eut jamais de plus beau,
Et toy la renfermant sous une sepulture

La fis d'un mesme enfant mère, bers et tombeau.
De ce triste accident la nouvelle trop vraye,
De Henry tout soudain l'oreille alla blesser :
Et tout au mesme instant d'une sanglante playe
Par l'oreille le cœur on luy veid transpercer.
Combien tu souhaitas que la Parque deçeue,
L'eut livré, non à eux à cet assaut, ô grand roy
Ton corps entier plustost cette mort eust reçeue
Que de la voir souffrir à ces deux parts de toy.
Las! dès le premier bruit de ce fameux desastre,
Plusieurs de grande crainte eurent le cœur transi,
Qu'ayant ton œil souffert l'eclipse de son astre,
Ton œil, astre des leurs, ne s'éclipsast aussi.

2

Et chacun sans te voir en ton angoisse extresme,
Compatissant de l'ame à ton mal vehement,

Fut contraint d'admirer en ta personne mesme,
Le patron d'un bon prince et du fidel amant.

1 Ce poëte peu connu et huguenot était ami de Saint-Amant, il mourat en 4646. (Voir dans les Œuvres de Saint-Amant l'épftre au baron de Villar noul, édit. Livet, T. Jer, p. 389.)

2 C'est-à-dire Gabrielle et l'enfant dont elle était enceinte.

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