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VARIÉTÉS BIBLIOGRAPHIQUES

CORRESPONDANCE

L'APOLOGUE DU PAYSAN DU DANUBE 1.

Monsieur le Directeur,

Je viens de lire, dans votre numéro du 15 août, une notice littéraire de M. Hiver de Beauvoir sur l'Apologue du Paysan du Danube, dont on sait depuis longtemps que La Fontaine a pris le sujet dans l'Horloge des Princes de l'évêque espagnol Antonio Guevara. Comme l'honorable auteur de cet article me paraît avoir eu l'intention d'indiquer en passant toutes les imitations de la fiction du Paysan du Danube, antérieures à la fable de La Fontaine, veuillez me permettre d'ajouter à cette nomenclature l'Advertissement et Remonstrante du Monstre du Danube au Sénat romain, pièce contenue dans les OEuvres de Pierre Sorel, Chartrain (Paris, G. Buon, 1566, in-4). C'est la première imitation connue, en vers français, du récit inventé par Guevara; elle est antérieure de 35 ans à celle de Gabriel Fourmennois, découverte en 1835 par M. G. Duplessis, et elle précède de plus d'un siècle la fable de La Fontaine, qui ne parut qu'en 1678, dans son deuxième recueil.

Dans un article intitulé Un Prédécesseur inconnu de La Fontaine, inséré dans la Bulletin du Bibliophile de février 1858, j'ai décrit le volume rarissime des OEuvres de Pierre Sorel, et j'y ai reproduit une grande partie des 242 alexandrins de l'Advertissement et Remonstrance du Monstre du Danube, avec les passages correspondants de l'Apologue de notre grand fabuliste. Renvoyant à ma première notice pour de plus amples détails littéraires et bibliographiques, je me contenterai de mettre sous les yeux de vos lecteurs le portrait que Sorel nous a donné de son principal personnage:

Ce fut un Monstre horrible, effroiable, incongnu,
Dont le corsage fut couvert de peau
de chèvre,
Le visage petit, petite main, là lèvre
Par ampoules enflée, à cheveux hérissés

1 Voyez le Bulletin du 15 août.

De crainte et de terreur, en rondeur enlacés,
Le regard enfoncé, la teste eschevelée,
La couleur en tout point de la chaleur bruslée,
Les sourcis avalés, le front tout renfrongné,
La barbe qui couvroit de son poil mal peigné
Sa face et sa poitrine, au-dessus de laquelle
Il avoit mis la peau d'une ourse très cruelle.
Voilà le vray pourtrait du Monstre, qui... etc...

Le discours du Monstre de Sorel, puisé à la même source que celui du Paysan de La Fontaine, en contient nécessairement les mêmes pensées, mais exprimées d'une façon beaucoup trop verbeuse. J'y remarque cependant les vers suivants, qui ne manquent pas d'énergie :

L'estat de vos Censeurs commis par nostre terre
Est pire, je diray, que celuy de la guerre,
Auquel il est permis en armes s'opposer

A cil qui de nos biens nous vouldroit déposer :
Là, sans oser ciller ou tourner nostre vue,

Nous voyons vos Censeurs traîner par pleine rue

Une togue empourprée, undoyante à grands plis,
Tissue à la sueur et labeur des petits.

La Fontaine place, à la suite des paroles sévères de son Paysan, cette épigramme à sens un peu détourné :

On ne sut pas longtemps à Rome

Cette éloquence entretenir.

Le poëte de Chartres termine plus ouvertement son récit exclamation courageuse :

Or pleust au Dieu des cieux que dedans ceste France
Un tel Monstre survint et y print sa naissance,

Pour faire entendre au Roy, prince dessus nous tous,
Et dont le naturel est gracieux et doux,

Combien de cruauté en la Gaule séjourne,
Comme toute æquité du François se détourne,
Comme tout le malheur ensemble amoncelé

S'est de l'umbre des grands fièrement affublé!

par celle

On ne sait rien de la vie de Pierre Sorel; La Croix du Maine nous apprend seulement qu'il « mourut à Chartres, lieu de sa nativité, l'an 1568 ou environ. »

Veuillez agréer, Monsieur le directeur, l'assurance de ma considération très-distinguée.

Eusèbe CASTAIGNE, Bibliothécaire de la Ville d'Angoulême.

20 août 1860.'

CORRESPONDANCE BIBLIOGRAPHIQUE

Monsieur le directeur du Bulletin du Bouquiniste.

Vous accordez volontiers dans votre Bulletin une gracieuse hospitalité à des notes bibliographiques qui ne sauraient comment faire pour arriver à la publicité; peut-être jugerez-vous celles-ci dignes de passer sous les yeux de quelques amis des livres.

En lisant l'excellente nouvelle édition du Manuel du Libraire, j'ai remarqué qu'en parlant du libelle bien connu sous le titre des Amours d'Anne d'Autriche avec monsieur le C. de R., M. Brunet observe que lorsqu'on a imprimé, comme on l'a fait dans l'édition de 1696, avec le Cardinal de Richelieu, c'est le résultat de l'absurde négligence de l'imprimeur, et le savant bibliographe ajoute : « Il n'est pas plus exact, peut-être, de dire que les initiales désignent le comte de Rivière. »

Qui désignent-elles donc ? la chose vaut la peine d'être éclaircie, il s'agit de savoir quel est le véritable père de Louis XIV, et M. Michelet se fâcherait bien fort si l'on s'avisait de parler de Louis XIII.

Je me bornerai, sur cette question délicate, à transcrire un passage d'un livre fort peu connu en France et qui fut même saisi en Allemagne, à cause de l'allégation hasardée qu'il s'était permise.

Ouvrez si vous les trouvez, les Portraits historiques des hommes illustres de Danemark, par Tycho Hoffmann, 1746; cherchez à la page 35 du tome II, et vous y lirez ces lignes que je transcris sans commentaire : « Un capucin nommé Joseph fit savoir au cardinal de Richelieu que la reine lui avait confessé entre autres péchés d'avoir conçu tant de tendresse pour un officier étranger nommé Rantzau qu'elle ne pouvait s'empêcher de penser fort souvent à lui. Le cardinal, capable de tout, trouva moyen par sa nièce, alors dame d'honneur, de faire parler Rantzau seul à la reine. Cet entretien eut un tel effet qu'à ce qu'on prétend, il contribua plus à la naissance de Louis XIV qu'un mariage de vingt-trois ans avec le roi. »

Maintenant permettez-moi de faire deux observations sur le catalogue de la somptueuse bibliothèque de M. Solar, tout récemment mise au jour :

Il est question au no 658 de Jugger, «l'illustre patricien de Nuremberg, dont les relations avec Charles-Quint sont restées célèbres; » les Fugger étaient d'Augsbourg, et maître François Rabelais a soin de le rappeler lorsqu'il constate que les Fourques, d'accord avec Hans Carvel, évaluèrent à 69,894,018 moutons à la grand laine les pierreries qui ornaient l'anneau que Gargantua avait « au doigt médical de la dextre. Les moutons dont il s'agit représenteraient aujourd'hui une

valeur de 16 francs, de sorte que ces pierreries valent réellement, en chiffres ronds, un milliard douze millions, mais ce n'est pas là ce qu'il s'agit d'établir.

Ouvrez encore le catalogue en question, vous trouverez au n⚫ 997, Poëme de la captivité de saint Malo, par M. de la Fontaine : il y a là une faute d'impression; lisez saint Malc; il est vrai que ce saint (qu'il ne faut pas confondre avec saint Marc) est très-peu connu, tandis que saint Malo l'est beaucoup, grâce à la ville à laquelle il a donné son nom. Saint Malc, dont saint Jérôme a retracé la vie, était au quatrième siècle moine eu Syrie, et devint captif d'une bande de Sarrazins; saint Malo était un évêque breton et mourut en 565. L'histoire de l'un n'a aucun rapport avec l'histoire de l'autre.

Un Abonnė.

NOTES BIBLIOGRAPHIQUES.

Monsieur l'Éditeur du Bulletin du Bouquiniste.

En m'amusant à parcourir des catalogues, en prenant de côté et d'autre des notes sans prétention, j'ai pu rassembler des indications relatives à un grand nombre de livres qui ne sont pas, je crois, trèscommuns et qui méritent de la part des amateurs d'être l'objet de quelque attention. Je vous offre un échantillon de ce travail qui me semble rentrer tout à fait dans le cadre d'un journal consacré aux bouquins. Je me bornerai d'ailleurs à signaler des ouvrages que je ne trouve pas indiqués dans l'édition toute récente du Manuel du Librairé, et, comme bien vous devez penser, je ne dis pas que ces livres ont été inconnus à M. Brunet (phrase souvent employée pour faire ressortir la rareté, parfois contestable, d'un livre qu'on veut vendre). Je suis au contraire très-persuadé que le respectable doyen des bibliographes de l'Europe à parfaitement connu les bouquins que je vais signaler. S'il n'en a point parlé, c'est sans doute parce qu'il lui aurait fallu 12 volumes au moins, au lieu des six qu'il nous promet, s'il avait voulu signaler tout ce qui sort de la tourbe des livres sans mérite et sans valeut.

Abraham, ou la Vie parfaite (sans indication de lieu). 1680, in-12. Petit poëme mystique en cinq chants, imprimé avec les caractères qui ont servi à exécuter la Bible dite de Richelieu. L'auteur est inconnu; peut-être est-ce la célèbre madame Guyon. (Voir une note de M. G. Duplessis, catalogue M. 1846, no 199.) 37 fr. mar. en 1847.

ACHE (D'). Tableau historique des malheurs de la substitution. A Vourouxgoreux, 4809-4812. 6 vol. in-8. L'auteur se prétend frère aîné de Louis XVI; la Bibliothèque impériale possède un exemplaire accompagné d'un procès-verbal constatant que l'édition entière a été détruite; cependant M. Beuchot en possédait un autre. (On trouve dans le catalogue de la librairie de Polain de Liége, 1842, p. 44-46, une notice sur d'Aché).

Il existe un ouvrage du même personnage: Réclamations de Louis-Joseph Xavier contre la spoliation de ses biens. Paris (Dentu), 1817, in-8, 58 p. L'imprimeur ne voulut se dessaisir d'aucun exemplaire (voir une note de M. Beuchot dans le Journal de la Librairie, no 2578, de 1839).

ACCOLTI (Pietro). L'Inganno degli occhi, prospettiva pratica. Firenze, 1625 in-fol. sur bois, ouvrage fort estimé.

Actes et dispense du mariage entre Henry de Bourbon et Marie de Clèves, Lyon, B. Rigaud, 1573, rare. 33 fr. mar. Pont-la-Ville, n° 899.

ADAMO (Piero) di Mantova, come Pieradam sognando vede Lombardia in Italia in forma d'un giardino in una grand campagna, etc., sans lieu ni date. in-4°. Ce volume paraît d'une impression antérieure à 1475: il est imprimé en caractères ronds, sans chiffres, réclames ni signatures; 4 cahiers de 6, 12 40 et 12 pages; 23 lignes à la page. Un bel exemplaire est à la Bibliothèque palatine à Florence.

ADIEU (L') des macquereaux et macquerelles allant à la conqueste de Gayac aux isles infortunées; opuscule que je n'ai trouvé mentionné qu'au catalogue Duquesnoy, an XI, no 441.

ADRESSES (LES) de la ville et fauxbourgs de Paris, pour trouver facilement toutes les rues, palais, châteaux, etc. Paris, Ch. Saugrain, 1708, in-12; 50 fr. v. t. d., Giraud, 2914.

Adrian (le jeune), Emblesmes (traduits par J. Grevin), fig. sur bois. Anvers, 4575, in-46. 20 fr. v. tr. d. Buvignier en 1649.

Advertissement des nouvelles cruautez et inhumanitez desseignées par le tyran de la France. Paris, R. Thierry, 1589, in-8. Opuscule de 14 fts. 67 fr. (avec un autre opuscule de même genre), Nodier, en 1844, no 1129.

ENEE. Sylvii proverbiorum Libelus. L'édition de Vienne, 1509, est indiquée au Manuel ainsi que dans la Bibliographie parémiologique de M. G. Duplessis, p. 75; une autre édition, 40, 5 fts, sans lieu ni date, est mentionnée dans la Bibliotheca Crenvilliana. p. 5.

AFFAITATI (F.). Physicæ ac astronomicæ considerationes. Venetiis, 1549, in-8, volume rare, renfermant six traités; le plus curieux est : de Androgyne à se ipso concipiente.

AINSLIE (Whitelaw.). Materia indica, or some account of those articles employed by the Hindoos, London. 1826, 2 vol. in-8; 56 fr. vente P. en 1832

ALEMAND. Histoire monastique d'Irlande. Paris, 1690, in-8. Rare, David Clément en parle dans sa Bibliothèque, t. I. p. 468. Il en existe une traduction anglaise par Mears, 4722, in-8. Les ouvrages relatifs à l'Irlande, et imprimés sur le continent, sont fort recherchés en Angleterre.

ALLEGRANZA. Spiegazioni e riflessioni sopra alcuni saéri monumenti antichi

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