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NOTICES BIBLIOGRAPHIQUES

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L. DELAPORTE. — Epigraphes araméens (sic). Étude des textes araméens gravés ou écrits sur des tablettes cunéiformes. Paris, Geuthner, 1912, in-8, pp. 96. Un certain nombre de tablettes assyriennes et babyloniennes portent, à côté du texte écrit en caractères cunéiformes, de courtes épigraphes araméennes, gravées ou tracées au calame simples notes de référence destinées à faciliter le classement ou la consultation des documents, en indiquant d'un mot leur nature ou le nom des intéressés. On avait espéré, aux débuts de l'assyriologie, que ces petits textes, alors qualifiés « phéniciens », aideraient au déchiffrement des signes cunéiformes; mais en réalité, dans la plupart des cas, c'est l'assyrien ou le babylonien qui permet de lire le texte araméen souvent écrit avec négligence et mal conservé. Si restreint que soit le nombre de ces inscriptions bilingues (à peine dépasse-t-il la centaine), elles méritent d'être examinées avec soin, puisqu'elles fournissent quelques points de repère pour la grammaire comparée des langues sémitiques, encore si imparfaite, malgré les nombreux et savants travaux dont elle a été l'objet en ces derniers temps. M. Delaporte a fait un travail utile en réunissant dans un même volume tous ces textes disséminés en divers recueils. Il y a joint une bibliographie à peu près complète et a résumé les opinions des savants qui les ont publiés ou commentés. Il n'était guère possible d'ajouter aux nombreuses conjectures déjà formulées, surtout sans un examen direct des monuments originaux. En s'astreignant à collectionner les textes et à les rééditer avec soin, en y ajoutant un index de tous les mots araméens et une table de concordance, l'auteur de ce volume a accompli une tâche méritoire dont les épigraphistes lui seront reconnaissants.

J.-B. CH.

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Die Mittlere Lehre (Madhyamika Çâstra) des Nâgârjuna, nach der tibetischen Version übertragen von MAX WALLESER. Heidelberg, Carl Winter's Universitätsbuchhandlung, 1911, in-8, p. vin-188, M. 4,80. Le livre du même auteur intitulé « die philosophische Grundlage des älteren Buddhismus » constituait la première partie d'une série d'études entreprises par M. W. sur l'évolution de la philosophie bouddhique. Le présent ouvrage représente le tome II, mais son caractère est tout autre: ce n'est plus la reconstitution d'un système de pensées, c'est la traduction d'un texte et de son commentaire. On semble même s'être interdit, sans doute par un souci d'ob

jectivité, toute espèce d'exposition ou de critique des doctrines. Nous regret. tons, quant à nous, que l'introduction écrite par M. W. se limite à trois pages, dont une à peine traite de la signification historique des théories; nul n'était plus qualifié que l'auteur pour esquisser une interprétation de la philosophie mâdhyamika.

Les documents traduits sont d'une part la Madhyamika-káriká, dont la rédaction sanscrite primitive nous a été conservée par Candrakirti ; d'autre part le commentaire (Akutobhaya) qu'a fait de cette kârikâ l'illustre Nâgârjuna; cet écrit ne nous est connu que dans sa version tibétaine, celle qu'a traduite M. W. et dans sa version chinoise sensiblement differente, que l'auteur traduira également; mais il a pu reconstituer d'une façon approximative le texte sanscrit du commentaire, tant ont coutume d'être littéralement exactes les traductions tibétaines, Pour la confrontation de l'édition « noire » avec l'édition << rouge » du Tanjur, préliminaire à l'établissement définitif de la tradition allemande, M. W. s'est assuré la collaboration de l'érudit traducteur du « Madhyamakavatâra » et d'autres compositions de cette école, M. de la Vallée Poussin.

La traduction de M. W. est telle qu'on devait l'attendre de lui: sobre et précise. La difficulté du texte résidait plutôt dans l'aride subtilité de la pensée que dans la langue même ;, la glose de Nâgârjuna n'est guère moins sèche que la kârikâ. Les variantes des éditions de Potala (Lhasa) et de Péking ont été fidèlement notées. Mais un index sanscrit-tibétain-allemand et une table des passages où figurent les divers termes techniques auraient été les bien

venus.

Cet ouvrage nous donne, sous son aspect le plus abstrait, la substance de la doctrine Madhyamika telle qu'elle naquit au 11 s. de notre ère. Le contenu positif de cette doctrine est l'approfondissement de la théorie spécifiquement bouddhique des douze causes, qui, en expliquant l'existence et l'ignorance, constitue la connaissance et le salut. A cet égard, l'école Mâdhamika, quoiqu'elle fasse partie du Grand Véhicule, reste dans la tradition du Bouddhisme primitif, tel qu'elle se maintint dans le Petit Véhicule. Mais, au lieu de professer, comme ce dernier, un positivisme assez indifférent à la métaphysique et d'un caractère surtout moral, l'école en question, sans doute à cause de son voisinage et de sa rivalité avec celle des Yogâcâras, s'applique à tous les problèmes métaphysiques. L'originalité des solutions qu'elle fournit consiste en un esprit de négation systématique, dont l'instrument est un type special de dialectique. - Négation systématique en effet, quand les Madhyamikas rejettent toute existence et toute vérité, leur scepticisme ne se fonde en aucune façon sur le doute, sur une incertitude qui serait inhérente à notre connaissance; leur formule n'est pas : ceci aussi bien que cela; c'est, en un dogmatisme sûr de lui-même: ni ceci, ni cela. Et, disons-nous, ce dogmatisme négatif se démontre par un type spécial de dialectique: il s'agit toujours de dissocier un concept en deux termes, par exemple, dans une essence donnee,

au

elle-même et ce en quoi elle se réalise; ou, dans une action donnée, l'acte et l'agent; puis, de faire voir que les deux termes ne peuvent exister, sens absolu du mot, ni ensemble, ni séparément; d'où l'on conclut que ce concept était vain, ou plutôt « vide».

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La méthode ainsi définie aboutit donc à une critique très serrée de la plupart des notions philosophiques de l'Inde. La réalité comme la vérité s'effondrent, quand est sapée leur base commune, la notion d'existence. L'objectivité des dharma est nulle; l'autonomie même d'un concept (svabhâva) n'est qu'apparente, de sorte qu'aucune inférence ne peut s'accrocher à un point ferme et fixe. Un sentiment obscur, mais intense, de la relativité a inspiré cette critique. Si cet ouvrage conserve, comme nous le croyons, une valeur philosophique, c'est précisément parce qu'il prouve, malgré lui pour ainsi dire, que la relativité est la seule chose absolue. Mais quand il lui arrive d'isoler la notion de relation (ch. XIV, Samsarga), c'est pour y appliquer le même procédé dissolvant qu'aux autres concepts. Car le but n'est pas d'édifier une théorie de la connaissance, mais de fonder la délivrance. Or, en vertu de la vacuité universelle (çûny ta), le samsâra ne fait qu'un avec le nirvàṇa (ch. XXV). Le phénomène ne peut cacher l'être, car il n'existe ni phénomène, ni être. Le nirvâṇa lui-même n'est ni être, ni non-être; bien plus, cette formule même est dénuée de sens, puisque être et non-être ne signifient rien. Burnouf (Introduction, p. 498 et suiv.) a prononcé d'emblée le mot juste, en qualifiant cette doctrine de pyrrhonisme; c'est bien en effet, comme chez les Pyrrhoniens de tous les temps, le dogmatisme négatif s'employant à faire la place nette pour la pratique ou pour une foi.

Cette foi, sans doute, était plus abstraite que littérale; car les Madhyamikas tenaient le Bouddha, lui aussi, pour inexistant. Mais, à en juger par la puissante efflorescence de la métaphysique mahâyâniste qui s'épanouit dans l'Inde du Nord aux premiers siècles de notre ère, c'était la foi qni convenait à cette époque et à cette région. On reconnaît dans la dialectique madhyamika l'esprit de subtile discussion qui s'était exprimé dans le « Milinda-praçna ». Dans l'intervalle, la préoccupation édifiante a plutôt diminué, mais le goût de l'augmentation n'a certes pas décru. La Madhyamika-kârikâ représente, dans l'évolution de la logique bouddhique, un jalon intermédiaire entre la première sophistique indienne, dans laquelle un Nâgasena s'essayait à manier les concepts, comme un Antisthène ou un Protagoras, et la constitution au Vi s., d'une logique définitive et systématique, chez Dignaga et son successeur Dharmakirti. On saura gré à M. W. d'avoir facilité l'intelligence d'un texte important à la fois pour les indianistes et pour les historiens de la philosophie.

P. MASSON-OURSEL.

D. J. W. ROTHSTEIN. Juden und Samaritaner. Die grundlegende Scheidung von Judentum und Heidentum. Eine kritische Studie zum Buche

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Haggai und zur Jüdischen Geschichte im ersten nachexilischen Jahrhundert. Leipzig, J. C. Hinrichs, 1908, in-8, 82 pages. De l'avis de presque tous les commentateurs, il n'est guère de livres dans l'A. T. qui soient aussi faciles à dater que celui d'Aggée: la deuxième année du roi Darius. Mais duquel des trois Darius connus s'agit-il? Ici la question se complique. Les uns optent pour Darius Ier, fils d'Hystaspe, 521-485; d'autres pour Darius 11 Nothus, 425-405; les troisièmes, enfin, pour Darius III Codoman, 336-330.

Le synchronisme que l'on pourrait espérer établir entre l'activité prophétique d'Aggée et la construction du temple après le retour de l'exil n'est pas non plus satisfaisant. Car un espace de temps assez long s'échelonne entre l'édit de Cyrus, l'interruption des travaux de reconstruction par suite des agissements des Samaritains, enfin la reprise de ces travaux au temps d'Aggée, et leur achèvement sous le règne d'un Darius.

La question n'est pas encore élucidée d'une façon définitive. Après tant d'autres commentateurs, M. Rothstein apporte sa pierre à l'édifice que l'on construit savamment pour établir l'histoire de cette période post-exilique. Il le fait dans une plaquette qui n'est pas volumineuse mais où le style souvent lourd, où l'obscurité même du sujet traité, ne laissent pas apparaître à l'esprit du lecteur toute la lumière qu'on serait en droit d'attendre de la part d'un spécialiste en la matière.

L'introduction expose le problème; l'auteur voit dans la prophétie d'Aggée un réflexe d'après lequel le peuple du pays (7) est une expression désignaut les Samaritains, qui furent écartés par Zorobabel et les autres chefs de la commauté juive, ceux-ci ne voulant pas les laisser prendre part aux travaux de réfection du Temple.

Le chap. I étudie cette attitude du peuple juif à l'égard du « peuple du pays », d'après Aggée 2, 10-14 et Esdras 4, 1-5, et l'auteur conclut (p. 41) que le 24 jour du 9 mois de la 2° année de Darius est le jour de naissance du judaïsme post-exilique, au sens strict du mot..

Le chap. II traite de l'encouragement de Zorobabel par une promesse et fait l'exégèse de Aggée 2, 20-23.

Enfin, le chap. III s'occupe de la promesse de Iahvé à la communauté lors de la pose de la première pierre pour la construction du Temple, Aggée, 2, 15-19, et se termine par cette affirmation (p. 73) que le 24 jour du 9e mois de l'année 520 fut le jour où l'on posa la pierre fondamentale (Grundsteinlegung) pour la reconstruction du Temple par Zorobabel.

L'auteur termine par une conclusion où il tient compte des éléments d'information nouveaux qu'apportent les papyrus araméens d'Eléphantine, et il conclut que si la date de jour et de mois qu'il vient d'établir se trouve vérifiée, elle marque aussi le jour de la naissance du véritable judaïsme, et de sa séparation consciente d'avec les éléments païens et semi-païens qui, comme des scories, l'encombraient jusqu'alors.

F. MACLER.

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PAUL GAUCKLER. Le sanctuaire syrien du Janicule. Un vol. in-8, de 1x-367 pages avec fig. et planches. Paris, Auguste Picard, 1912. - Nos lecteurs savent l'intérêt, au point de vue de l'histoire des religions, des fouilles entreprises par Paul Gauckler, en partie avec l'aide de MM. Darier et Nicole de Genève, sur le Janicule à Rome et qui ont amené la découverte d'un sanctuaire syrien (voir RHR, t. LVIII (1908), p. 305-309; t. LXI (1910), p. 133-135 avec fig.). Après la mort de l'actif archéologue (voir RHR, t. LXV, p. 139-140) des mains pieuses se sont occupées de réunir les articles épars, d'en compléter l'illustration et d'y joindre des notes inédites, voire tout un chapitre (le chap. VI, sur le temple du iv siècle). En même temps qu'un hommage, ce volume est donc un service rendu à nos études et une mise en valeur d'une découverte qui compte parmi les plus importantes qui aient été faites, en ces dernières années, à Rome.

Les éditeurs ne se sont pas dissimulé que la réimpression de ces mémoires entraînait des répétitions. Le lecteur pressé ira tout droit au deuxième chapitre, consacré (comme le premier, mais sous une forme plus développée) à décrire le bois sacré de la nymphe Furrina où se réfugia pour y mourir Caius Gracchus, en 121 avant notre ère. On y trouvera d'intéressants renseignements sur tous les monuments se rapportant aux cultes syriens mis au jour à Rome, Presque tous les grands dieux de Syrie y figurent. Sur le Janicule, Gauckler a même découvert un nom divin nouveau, le Jupiter Maleciabrudes ou Malec Iabrudi(tanus) fort intéressant en ce que le vocable malek (roi) paraît y jouer le même rôle qu'ailleurs le terme ba'al (maître, seigneur). C'est un nouvel argument pour qui n'admet pas l'existence d'un dieu particulier et ancien Malik ou Milk1.

et même

La présence de ces dieux étrangers s'explique par le fait que le quartier du Trastévère, où le fameux lucus restait désert depuis que Caius Gracchus y avait trouvé la mort, s'emplit d'Orientaux au second siècle de notre ère plus tôt si l'on accepte pour l'autel de Malachbel (Soli Sanctissimo), conservé au Capitole, l'opinion de Stuart Jones qui le date du 1er siècle, Juifs, Phéniciens, Palmyréniens, Apaméens, Héliopolitains. On peut dire avec Gauckler qu'au temps des Antonins et des Sévères, tout le Panthéon syrien avait élu domicile sur les bords du Tibre et, de plus, on connaît aujourd'hui un des sanctuaires qui abritait ces cultes étrangers. Les derniers chapitres sont consacrés à une étude précise des trois sanctuaires superposés. Nous en avons précédemment indiqué l'économie. Mais au sujet de la logette, renfermant une section de crâne humain, découverte juste au-dessous de la place occupée dans l'abside par la statue du dieu (dieu syrien figuré en Jupiter), il nous faut signaler une note additionnelle (p. 90-92) communiquée par M. Goguel sur la boîte à reliques exigée par la liturgie catholique dans tout autel consacré. On pour

1) Voir Milk, Moloch, Melqart, dans RHR, t. XLIX (1901), p. 163-168, réimprimé dans nos Notes de Mythologie syrienne.

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