Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

"

fimple, modefte, réservée, toujours » chrétienne..... Ainfi s'écoule entre l'in» nocence & la fageffe une vie à laquelle il n'a manqué, fi j'ofe le dire, » pour être obfervée avec plus d'intérêt, que des erreurs & des repentirs. La » REINE n'a qu'une vertu qui les réunit toutes, mais qui les cache, l'égalité. Chaque jour voit renaître les facri »fices de la veille; chaque devoir amè» ne la fidélité à le remplir; elle ne cherche pas le bien avec cette in

[ocr errors]

30

[ocr errors]
[ocr errors]

quiétude qui fait foupçonner que l'a» me fe déplace, & qu'elle a befoin » d'un mouvement étranger; elle a » cette vertu tranquille qui marche fans » effort & fans attention fur elle-mê» me, qui contente de fuivre la chaîne » des obligations, fe développe paifiblement avec elle, fans rien exagé»rer & fans rien affoiblir. Que ce ca»ractère eft grand ! Les facrifices les plus » brillans ne font pas toujours ceux qui » coûtent le plus. Une forte d'enthou» fiafme & d'ivreffe, l'intérêt feul de » la fingularité, tout élève l'ame, tout » la foutient alors; la vertu féduit tou» jours quand elle mène la gioire à fa

[ocr errors]

» fuite. Mais s'immoler à cette obfcure » fucceffion de devoirs qui fatiguent » par l'uniformité, s'alfervir à ce dé» tail de mœurs auffi fimples que pu»res, où l'amour-propre ne jouit de rien, être jufte, ne l'être que pour foi-. » même, & n'ofer fe l'avouer; c'est un » courage que la foi feule infpire, d'au» tant plus difficile à conferver qu'il n'a que le Ciel pour fpectateur & pour juge.»

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

M. l'Abbé de Boifmont termine fa première Partie par un morceau bien vrai, bien noble & bien éloquent. Aveugle difpenfateur de la gloire, » monde aufli vain dans votre culte » que dans vos cenfures, ce tableau rapide de quarante ans de bienfaisance » & de juftice vous étonne fans doute. Pendant la vie, une fageffe qui fe » cache & qui fe reffemble toujours, obtient à peine de votre orgueil cette » eftime froide & diftraite, prefqu'auffi injurieufe que le mépris. Mais la mort » remet tout à fa place. Tout ce qui » avoit paru foible, petit, obfcur » s'agrandit alors; & cette même fagelle qui n'occupoit qu'un point

[ocr errors]

le

» abandonné aux regards de Dieu, remplit tout à coup le Ciel & la » Terre. Tel eft, Meffieurs, le pouvoir » de la vertu. Le jufte meurt : à la place » de ces malheurs publics qu'on honore » du nom de triomphes, on compte les victoires qu'il a remportées fur » lui-même. L'humanité le pleure, l'orphelin le redemande au tombeau, "pauvre redit au pauvre qu'il étoit leur » confolateur & leur ami. On ne diffi» mule point avec art ce qu'il auroit » dû faire; on n'exagère point ce qu'il » a fait, on raconte, avec cette fimplicité qui loue fi bien une grande »ame, qu'il a refpecté les hommes, » aimé la vérité, commandé à fon » cœur: mérite fuprême, parce qu'il » les fuppofe tous. L'adulation, il eft » vrai, ne lui élève aucun monument; » la vanité ne le place point dans fes faftes; mais une main immortelle, la main de la Religion le dépofe dans

"

"

[ocr errors]
[ocr errors]

» le cœur de Dieu même. Là rien ne

» s'efface, rien ne périt; &, tandis que »ce Temple de Mémoire, inventé par »l'orgueil, s'écroulera fur les ruines du monde, la gloire d'une ame jufte,

échappée à l'ingratitude & à l'oubli,

» s'étendra dans l'éternité, »

Dans la feconde Partie l'Orateur fait admirer la foumiffion & le courage de la REINE, accablée coup fur coup des épreuves les plus cruelles à foutenir. Le danger de fon augufte époux à Metz, la mort de fon petit - fils le DUC DE BOURGOGNE, celle de Madame HENRIETTE fa fille, de M. LE DAUPHIN fon fils, de fon père..... du père le plus aimable & le plus aimé : toutes ces pertes aceumulées, tous ces tombeaux élevés autour de la REINE, M. l'Abbé de Boifmont les décrit avec autant de fenfibiJité que d'énergie. Cette Princeffe infortunée fe foumet aux décrets éternels. Peut-être penfez vous qu'une » foi vive étouffe le cri du fang, & va deflécher jufqu'au fond de l'ame la » fource de ces précieufes larmes que le fentiment fait couler? Loin cette piété barbare, qui n'a jamais fçu gé» mir, & qui outrage la nature en af»fectant d'honorer fon auteur..... Ah! s'écrie l'éloquent Académicien, la REINE Vivroit, fi fon cœur eût été » moins tendre; elle eût encouragé cer

[ocr errors]
[merged small][ocr errors]
[ocr errors]

art de guérir qui flatte encore lors » même qu'il n'ofe plus rien promettre; »elle eût reçu des efpérances que le >> defir de vivre rend fi douces & fi pé» nétrantes. Mais il falloit ranimer des » morts pour la ramener à la vie; sûre » de fon trifte fecret, elle fe prêtoit aux » remèdes fans en rien atttendre: Ren» dez-moi mon père & mon fils, difoitelle, & vous me guérirez. Religion

[ocr errors]

fainte, défavoueriez vous un mouve»ment fi touchant! C'eft le gémisse»ment, hélas, fi excufable de la na»ture; c'eft l'accent du cœur d'une mè»re; mais ce n'eft pas celui de l'impa» tience & de la révolte. Ce gémiffe»ment même que vous fanctifiez, » vous honore; Dieu repouffe ces victimes immobiles fur l'autel où fa » main les étend, dont le fombre filen»ce paroît être un blafphême fecret plutôt qu'un hommage: ce n'eft pas »la douleur, c'eft la plainte qui l'offenfe. »

"

[ocr errors]
[ocr errors]

La REINE fuccombe elle-même fous le poids de tant de maux. Que fa mott chrétienne eft bien peinte! L'Orateur, pour en mieux faire éclater la fainteré

« VorigeDoorgaan »