Ioan.8.d Ioan.I.a Ti..a Zoan.17.4 O MON FILS, quoy que tu luy requiers ou demandes, ADIOVTE Y PAR LE VERBË eternel fapiéce du pere, filz de Dieu, qui t'a efté donné par fa bonté & mifericorde pour ton falut, a te deliurer de la fubiection du peché,& lequel te faict befoing pour t'en deliurer veritablement,comme il eft efcript. Parquoy toute priere fe doibt faire & prefenter a Dieu, par ce feul filz aucteur du falut acquis par renaiffance: & en cefte maniere ta priere fera bōne & agreable a Dieu ton pere .IE TE RENDS GRACES O MON PERE, QVI AS APROVVE MA PRIERE, & m'as donné l'intelligence de ce vray moyen,par lequel elle eft receuë de ce bon pere. IE ME fuis RESIOVY O MON FILS, QVE TV AYES RECEV LES FRVITS DE VERITE, filz de Dieu eternel, & ayes abandonné toutes ces fuperfluitez & empeschements corporels,qui t'ont par-cy-deuant rendu fi efloigne de fa cognoiffance, & te fois remis & raproche de ces diuins fruits de verité, qui font ASÇAVOIR SEMENCES BONNES ET IMMORTELLES, par lesquelles la cognoiffance & amour de Dieu a efté femée en ta penfee & volonté de l'ame,moyenant laquelle tu as acquis le fils de Dieu, qui t'a rendu agreable au pere. AYANT APRINS CESTE VERTV DE MOY, mon fils, FAIS PROFESSION &affeuré eftat DB SILENCE, lequel ie t'ay tant cy deuant recommandé, au propos duquel nous parlons, NE DECLAIRANT A AVCVN O MON FILS, LA TRADITION DE LA REGENERATION, laquelle eftant fieflognée de leur intelligence,tant pour l'excelence,eftrangeté, & mifericorde indicible de Dieu,que pour la hauteur & difficulté que les hommes materiels incapables de telz propos y trouueroyent,elle feroit facilement tournée en derifion & mefpris, qui nous donne trefgrande occafion de la retenir en filence, iufques en fon temps ordonné de Dieu pour la manifester, comme il a efté apres.Et auffia CELLE FIN QVE NOVS la propofants a l'ignorance defhontée & desbordée du public, NE SOYONS REPVTES COMME CALOMNIATEVRS & dogmatifeurs diuertiffants le peuple de leur vraye religion, combien qu'il fuft tout le contraire : & nous contentons de ce que nous en auons faict iufques a prefent.CAR CHASCVN DE NOVS DEVX àfi SVFFISANTMENT TRAVAILLE, que nous n'y deuons regirer noz labeurs, ASÇAVOIR MOY PARLANT pour t'enfeigner & retirer de ta premiere ignorance, ET TOY ESCOVTANT, qui en as receu tel fruit, que tu AS COGNEV MES MES, qui eft le premier œuurè neceflaire au falut, ET par ΕΝ TA PENSEE ΤΟΥ ce degré as receu cognoiffance de ce bon Dieu NOSTRE PIRE, qui eft ta vie eternele, comme il eft efcrit. COM ETANT que mon filz Tat en ton absance a voulu aprendre la nature des chofes qui font,& ne m'a voulu permettre de dilayer, comme eftant mon, filz ieune, & nouuellement venu à la cognoißance de chafcune chofe qui eft, i'ay esté contraint de dire plufieurs propos, à ce qu'il luy aduint une plus continuelle fcience de speculation, mais eflifant pour toy les principaux chefz des chofes qui font dietes, ie teles ay voulu enuoyer en peu de paroles, les interpretant plus fecretement, comme à fi grande perfonne,& bien inftruict des chofes de nature. COMMENTAIRE. viens de la mi fericorde in uoquant. AR cy deuant nous auons toufiours aperceu par la doctrine de Mercure, que la cognoiffance de Dieu nous deuoit venir de fa mifericorde, Cognoiffance laquelle il fait à l'homme l'inuoquant & priant, par moyens qui fenfuiuent I'vn l'autre par diuers degrez. Dont le premier eft, que l'homme reiette de foy toute fuperfluité d'vfage, defir, ou amour des chofes materieles, retirant apres fes fens d'vn fi frequent & fuperflu employ, qu'ilz font de leurs actions fur icelles : pour donner temps & lieu à la faincte Penfée (poffedée par la bonne ame) de femployer à la cognoiffance de Dieu,& contemplation de fes excellences, bontez, & bien-faicts : & de la commencer à fe cognoistre mefmes,qui nous fommés, dont nous fommes,& à quelle fin nous fommes baftis,pour nous trouuer plus capables & difpofez à cognoiftre & confiderer Dieu par fes effectz, defquelz feuls l'homme corporel a cognoiffance. Et par ce que les faictz ne font proprement Dieu, mais font les aparances de Dieu,comme Dieu eftant bonté invisible, & de laquelle les aparances, comme nous auons cy deuant dict, font beautés. Par ces beautés nous venons à confiderer & cognoiftre quelques parties de bonté :comme par les effectz de Dieu bien entendus, nous paruenons à la confideration & cognoiffance de quelque partie de ses excellences & grandeurs, felon le degré du foin, que nous auons, a le prouocquer à nous faire fa mifericorde,par prieres, actions de graces, bonne vie, & autres actes de contemplation. Dieu cons par les apparances de fa bonté, Dien. tu. tes vertus en Car cy deuant nous auons dict, que la vraye veneration de Dieu eft n'eftre point malicieux, & ne faire tort a perfonne,qui tient lieu de grand priere. Or de tant que l'homme defpuis le premier peché feft trouué plus materiel que intelligible ou fpirituel,&farreftant plus au iugement & raport des fens corporelz,faictz en fon ame,que a la frequente contemplation & relation des chofes diuines,faicte par le S.Efprit, qui a efté donné à fon ame, il a eu besoin d'estre secouru en fes cognoiffances & intelligéces des effectz corporelz & materielz,pour par Effetz corpo. relz feruent a uenir a la cognoifface de Dieu.Qui eft caufe,que Mercure adreffant ce chapitre à Æfculape, recognoistre nous declare que la principale cognoiffance de Dieu,q nous puiffions receuoir par ces effets corporelz qui font les creatios & generatiós de toutes chofes copofées de matiere &forme, Dieueftatio, nous manifefte q Dieu eft veritablemét ceste actiō,efficace,&vertu, par lesquelles eft faite la efficace,ver productió de fes effetz & creatios de toutes choses. C'eft cefte puifface,par laquelle elles főt mifes en effet,fans aucune refiftace. C'eft cefte fapiéce par laquelle elles fot difpofées en l'ordre de leur cōpatibilité éternelemét conftitué. C'est l'amour & bonne voloté procedat de la puiffance &fapiéce, par laquelle toutes chofes reçoiuet a toutes heures benefices & bié faits, tat en leurs actios,proprietez,q durée & cóferuátion. Dót nous diros en brief propos,q Dieu Dieu est touest ceste actio faisant toutes chofes.A laquelle il nous fera loifible de referer plufieurs vertus, one effence. excelleces,botez,& gradeurs,fans aucun nobre,bord,ou limite. Et par ce que Mercure delibere de parler plus hautemet auec Æfculape, qu'il n'a faict à fon fils Tat cy deuat,il comence ce chapitre par quelque maniere d'excufe,qu'il luyen fait en la maniere,quiféfuit.DE TANT QVE MON FILZ TAT EN TON ABSANCE, O fculape,mefmes quad ie l'ay inftruit des reuelatios qi'auois receu de Dieu, A VOVLV APRENDRE LA NATVRE DES CHOSES,QVI SONT Venues a fa cognoiffance, par la relation de fes fens, ayant fi frequentmet entendu de moy,q par celles la il failloit venir a la cognoifface de leur createur,lequel elles manifestoient & annoçoient,eftat bien entédues:ET NE M'A VOVLV PER METRE DE DILAYER,ou bićatadre q fa capacité fut plus forte,auec l'eage & experiece,&frequés propos,qu'il entédoit de moy, COMME ESTANT MON FILZ: dont il prenoit ocafio de foy rédre plus priué & familier de moy.ET fieftoit 1 E V NE, n'ayat encore attaint la cognoiffance dequel ordre toute do&trine doit cftre donéc& receuë,qui le rédoit auffi haftif que bouillant, à vouloir entédre toutes chofes,tat celles de fa capacité, celles,qui l'excedoient. ET NOVVELEMENT VENV A Pourquoyieu LA COGNOISSANCE DE CHACVNE CHOSE, QVI EST, Ou bien des circoftances,qui adnesse desire a uiennet ou dependet de la particularité & differace de chafque chofe differate de l'autre, lef cognoiftre. Mercure permet a efeu Lape chofes a hautes. I quelles eftat en fi merueilleux nobre perturboient facilemét celuy qui nouuelemet venoit a les aperceuoir, outre ce q la ieuneffe de fa nature porte en foy cófideratio & reception en fon entedemet de toutes chofes,come nouueles:de tat qu'il ne les a encore veuës ny aperceuës. Qui eft caufe qu'il luy en eft engedré vne delectatio & plaifir qu'il a de voir tant d'œuures de Dieu en fa péfée Efprit de Dieu,qui encore n'a guiere efté perturbée des erreurs du monde,q cefte perceptio &diuerfité le maintiết en vne trefgrade faim d'en auoir la cognoifface:à cause L'Esprit de de ce S.Efprit,qui le preffe d'érichir fon ame d'intelligéces & cognoiffaces de Dieu,durất fon gueur en l'in- innocece,pour fil lui eft poffible,preuenir ccft arbitre,auat qu'il le iette a l'obeifface & amour de fes fens corporels & leurs abus,qui eft la vraye operatió de fa bōté en l'home, tachát a le re tirer de fa ruyne & prefent dager. Dót il aduiet q toute ieuneffe eft comunemét plus ioyeuse Seneffe eft q la vielleffe,à caufe q la ieuneffe n'a encore prins,q le fimple vfage des chofes materieles,qui plus joyeuse n'eft aucunemet mauuais,& n'ayat encore eu liberté de paruenir a l'abus ou exceffif vlage,qui que fur l'eage. eft le mal, de tát qu'il fait oblier Dieu:il demeure en prefque cótinuele ioye, ne demandát ia Dien a vi nocence. Fourquoy la Dontvient la vieux. mais q a rire&foy ioüer,ce qu'il pert auec le téps,par lequel ayat abufé de la matiere par exces &cócupifcéces,qui luy amenet maux & defplaifirs,il ne les trouue plus fi belles,nouuelles,& plaifantes qu'il a cy deuat fait.Dot il f'en trouue plus trifte & melacolique,ayat perdu ce grad rire & cótentemét,par la cognoiffance de l'imperfectio de la matiere aperçeuë par luy.Dótil tristesse aux fenfuit,qfi l'home aperçoit cefte imperfectio par fon intelligece, & la reçoit en fa cognoifface,il n'y aura faute qu'il ne mette peine à fen retirer,& predre la voye intelligible & de fon fa lut:& celuy qui ne l'aperçoit q par fes fens corporelz,fentant en fa perfonne feulemet les defplaifirs & incommodités corporeles, qui luy font produites par cefte matiere exceffiuemét Quelle voye venerée: de tant que les fens n'ont cognoiffance, ains feulement fimple raport faict a l'ame. C'eft homme ainfi fenfible ou fenfuel, n'ayant cognoiffance des chofes, qui luy nuifent, estime son mal venir d'ailleurs, &par ces ratiocinatios perturbées & peruerties,il propofe di ruyne l'home. uers argumens,qui luy femblent fuffifantz a foy descharger de la cognoiffance,qu'il deuroit auoir, ce pendant fentretenant toufiours en l'amour & continuele veneration de ce, qui le combat & en la fin ruyne,qui font les exceffiues concupifcences, defirs, & vfages de chofes materieles. A caufe dequoy quand l'home eft en fa ieuneffe, c'eft le vray téps qu'il doit eftre Le temps d'a inftruit: par ce que c'eft l'heure qu'il procede a l'electio de fa voic,foit à cognoiftre l'abus de prendre et la ieunesse. la matiere par fon entendement, pour f'en retirer,ou bien a le fentir par les fens,& ne le cognoiftre,pour fy laiffer endormir venat a fon eage,auquel apres vn mauuais chois les chofes font malaisées a ramener. Et a cefte occafion l'inftruction fe donne fi foigneufement a la ieuneffe,pendant qu'elle vient a ceste nouuelle cognoiffance de toutes creatures,foit par fes fens ou intelligence, pour le deftourner du danger, ou l'acheminer en fa bonne voie par le fain vfage d'icelles. Voiát donc dict Mercure, que mon filz Tat venoit comme ieune a la co- Bonne doctri gnoiffance des chofes,auant qu'il fuft preuenu d'vne mauuaife election, I'AY ESTE CON- ne preuient mauuaife eleTRAINT deluy DIRE PLVSIEVRS PROPOS que ie ne luy euffe fitoft declaré, n'cust lion. efté le defir que i'auois de l'accoustumer a telles chofes, auất qu'il fuft preuenu des contraires, A CE QU'IL LVY ADVEINT VNE PLVS CONTIN VELE SCIENCE DE Mercure def SPECVLATION, & cótemplation des chofes diuines, & par confequent qu'il fut nourry en re contemplation a fon filz. l'efloignement de tous abus & veneration des chofes materieles, pour y eftant acheminé, pouuoir fuiure auec fon eage plus facilement & a moindre peine la doctrine de la cognoif fance de Dieu, comme i'auois befoin de faire en l'inftruction d'vn ieune homme non encores instruict. MAIS ELISANT POVR TOY, OÆfculape, homme cy deuant instrui& & exercité LES PRINCIPAVX PRINCIPAVX CHEFS DES CHOSES, QVI SONT DICTES,Pourne d'inftruire le m'amufer aux longs argumentz & discours qu'il me faudroit faire a vn ieune homme,& te fauant on le les bailler comme par abregé ou epitome, IE TE LES AY VOVLV ENVOYER EN PEV DE PAROLES, comprenant la fubftance des longs propos, par ce que tu en as cy deuant entendu, LES INTERPRETANT PLVS SECRETEMENT, & par cofequent plus obfcuremét,à caufe que la briefueté raporte toufiours difficulté ou obfcurité d'vn propos:de quoy tu ne dois auoir aucune crainte,ny moy de l'abreger parlat a toy, co MMBA SI GRANDE Chofes obscu= PERSONNE, & de fi profond fçauoir, ET BIEN INSTR VICT DES CHOSES DE res aparienăs NATVRE.De tant que ceux qui en ont efcript ne faisant guiere mention que d'vn Æfculape, aux/çamanız racomptent que à cause du grand fçauoir qu'il auoit en medecine, il luy a efté attribué la representation du ferpent,pour la multitude des vertus & proprietés des remedes,qui fe trouuent aux ferpens pour le corps humain. Et tant pour ce fçauoir que autres les anciens en ont eu fi bonne reputation,qu'ilz ont toufiours apliqué fon nom en bone part, qui n'eft cho- Grad fauoir fe trop estrange,mefmes eftant de fa part, comme dict Mercure,bien inftruict des chofes de desculape nature, & des circonftances qu'en dependent,desquelles la Philofophie & Medecine trai&ent proprement & particulierement. Differance jeune. Si nous adioustons auec fon fçauoir de philofophie l'instruction des chofes diuines,que Mercure luy a communicqué, il fenfuiura bien aylement qu'il aura efté homme digne de loüange,& homme de vertu & grand valeur.Et fi bien il n'a publié par fes efcripts cleremét les chofes diuines,nous ne le trouuerons eftrange, pour le temps & perfonnes auquel, & auec lesquelles il a vefcu,n'eftat lors licite de publier chofe de laquelle la manifeftation eftoit encore fi lointaine, comme Mercure l'a dict à fon filz Tat à la fin de fa regeneration : c'eft Inconueniens de publier pro qu'il n'eftoit befoin la publier pour n'eftre eftimés crimineux & calomniateurs du peuple, pos obfcurs. indifpofé & incapable de telles intelligences,ains plustost disposé à les calomnier & en faire vne caufe de fedition,qui euft produict grands ruynes, come nous le voyons au temps prefent. Auquel au lieu de publier au peuple les chofes neceffaires à leur falut, il leur a efté publié questions fi hautes & difficiles pour leur capacité, que chacun ne les entendant à leur vray fens leur ont donné fauces intelligences, dont s'eft enfuiuy plufieurs & tres-grandes ruynes & feditions. Quia efté caufe que Dieu a quelque fois commandé à Moife ne pu- 4.Efdr. 14.a blier certaines chofes pour l'incapacité du peuple : & Iefus Chrift pareillement à fes Apoftres: & Mercure auoit vfé de la mefme maniere en diuers endroits. SECTION 2. ASçauoir fi toutes chofes apparantes font faictes, & fe font: car les chofes faictes ne font faictes de foy,ains d'un autre. Toutes-fois il y a plufieurs chofes faictes, Matth. 17.b mefmemant toutes les aparantes, & toutes differantes & non semblables. Et ces choses faictes sont faictes par autruy. Oril eft quelcun, qui faict ces chofes,t) qui n'eft pas faict,a celle fin qu'il foit plus ancien que les chofes faictes, detant que iay diet les chofes faictes eftre faictes par autre. Et des chofes qui font faictes, il est impoffible qu'il y aye quelque chofe plus ancienne que toutes chofes,mais c'est le Seul non faict. COMMENTAIRE. Es chofes apparantes font celles,qui font apperceuës par quelque fens corporel, & non feulement celles,qui aparoiffent a la veuë,mais tant a louïe,fentiment, que atouchement ou autres fens corporels,faisant raport a l'ame de ce qu'ils recueillet.Et dautant que les choApparoir a- fes qui font en telle maniere aparantes, qu'elles puiflent eftre aperceuës par les fens, & que parties tous les fens ne reçoiuent aucune chofe,qui ne foit corporelle & materielle : & finalement que toute chofe materielle eft faicte & compofee, Mercure propofe, ASÇAVOIR SY TOVTES CHOSES APARANTES SONT FAICTES , ET SE FONT: de tant que fi elles font aparantes,c'eft aux fens qu'elles aparoiffent,& par confequent font matericles, afçauoir fi elles font faictes,& afçauoir fi elles fe font mefmes. fens. Si ce qui parefteft chofe faille. mesme. Tout ce qui CAR LES CHOSES FAICTES NE SONT FAICTES DE SOY mef me, detant qu'il fenfuiuroit vn impoffible, qui eft,fi la chose se faifoit,elle feroit auất qu'elle fuft, que eft impoffible: parce qu'il feroit befoin de recoure encores a celuy, qui auroit faict la premiere,& ainfi toufiours.Dont fenfuiuroit que lon viendroit avn commencement Riene fe faict infini.Parquoy nous tiendrons pour refolu,que fi la chofe eft faicte, elle ne fera faicte par elle mefine n'y d'elle mefme,AINS D'VN AVTRE,qui ne fera cefte chofe faicte:mais fera auất qu'il face la chose faicte, laquelle par confequent dependra de luy. TovTES FOIS IL YA paroisteft cho PLVSIEVRS CHOSES FAICTES, a caufe que la matiere, dont elles font faictes par l'addife faicte. tiō de la forme,peut estre variée en infiny nombre de diuerfitez, MES MEMANT TOVTES LES'APARANTÉS, ET TOVTES DIFFERENTES ET NON SEMBLABLES,lesquelles a cause de ceste differace & diffimilitude, rendent leur nombre plus grand en aparance. Er CES CHOSES FAICTES SONT FAICTES PAR AVTRY, comme nous venons de dire, puis qu'elles ne font faictes par elles mefmes, c'eft par autruy qu'elles font faictes. OR EST IL QVELCVN QVI FAICT CES CHOSES, afin qu'il foit autre. Car fi nous voulos penfer que ce foit vne chofe faicte, qui face l'autre,de mefme maniere que deuant, il nous faudra toufiours reprédre celuy,qui aura faict ceste chose faicte faifant l'autre, iufques a l'infini, que nous paruiendrons a celuy,qui fait les autres, ET QVI N'EST PAS FAICT, mais aura faict toutes les autres prenant ceft ordre: A CELLE FIN QU'IL SOIT PLVS ANCIEN, QVE LES CHOSES FAICTES, comme les precedant en temps, difpofition, & tout ordre, eftant plus ancien. mieux difpofé a toutes actios, & mieux ordoné. Dont fenfuit qu'il fera different des chofes faictes. DETANT QVE I'AY DICT LES CHOSES FAICTES ESTRE FAICTES PAR AVTRES & non par chose faicte :a caufe que celle la en auroit tousiours vne precedente, iusques a ce qu'il faudroit venir a celle, qui ne feroit faicte. Er DES CHOSES QVI SONT FAICTES, IL EST IMPOSSIBLE QU'IL Y AYE QVELLa chofe fai QVE CHOSE PLVS ANCIENNE, QVE TOVTES CHOSES, Car fi cefte quelque chofe plus ancienne est faicte, elle n'eft fi ancienne que l'autre qui l'a faicte:ains est fubfequéte & pofterieure en ordre & téps.Parquoy elle eft plus nouuelle & non fi anciene.Dont fenfuit que cefte chose faicte ne peut eftre plus ancienne que toutes chofes: MAIS C'EST LE SEVL NON FAICT en qui eft enclose cefte infinitude de temps, dans lequel il a faict, basty, & compofé toutes chofes faictes n'eftant precedé d'aucune, parce qu'il n'eft point faict: mais est de luy mefmes non faict, ny cópofé, estant fon commancement luy mefmes, auant toutes chofes, & n'en ayant prins d'ailleurs que de foy mefme. Ce propos eft mis auant par Mercure, pour nous donnera entendre, que nous ne deuons applicquer ou attribuer a la crean'eft dicle fa- ture aucune operation,ou vertu,puiffance, ny proprieté, par laquelle elle se puiffe dire fa &teur, ou aucteur de quelque autre facture Ce qui fait eft plus anci en que les cho fes faictes. Ele n'est la de tout. Le plus ancien n'est fait. La creature Feur. Mais veut |