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inconvénient à donner aux Bêtes une ame immatérielle? M. de Maupertuis fait voir qu'il n'y en a aucun quant à la Religion, & qu'en leur accordant même des ames beaucoup plus parfaites que celles qu'on leur fuppofe ordinairement, elles pourroient encore manquer de certaines idées morales ou de devoir; ce qui les rendroit incapables des récompenfes ou des peines. Il ne voit non plus aucune néceffité à les faire immortelles, puifque la Divinité, qui les a créées & qui les foutient, peut ceffer de le faire. Rien ne s'oppofe donc à accorder aux ames des Bêtes l'immatérialité.

D'un autre côté, M. de Maupertuis ne regarde pas comme des preuves bien convaincantes d'une ame dans les Bêtes, les raifonnemens fondés fur les actions

fpirituelles qu'on leur voit faire. Il feroit métaphyfiquement poffible qu'elles en fiffent de plus fpirituelles encore, fans qu'elles fuffent autre chofe que des machines. Il y a plus loin de l'adresse & de la puiffance du Créateur à celle des plus habiles Méchaniciens, que de l'animal le plus induftrieux au Fluteur de Vaucanfon. « Il nous eft donc im

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poffible, conclut M. de Maupertuis, de

"prouver directement que les Bêtes ont » une ame, ou de prouver qu'elles n'en » ont point; nous n'en pouvons juger qu'obliquement & par analogie, à pea » près comme nous jugeons des habitans » des Planètes. »

S'il eft métaphyfiquement incertain quel parti nous devons prendre ici, il eft cependant plus probable que les Animaux ont des ames; je veux dire, qu'ils font fufceptibles de perceptions & de fentimens. Dès-lors il eft aifé de tirer la conféquence fur le droit barbare que s'arrogent les hommes de les tourmenter fans néceffité. Il y a de la cruauté & de l'injuftice dans ce procédé. Le grand Newton penfoit à cet égard comme M. de Maupertuis; & l'on prétend qu'il ne fe prêtoit qu'avec peine à l'ufage qui deftine les Animaux à nos alimens ; il avoit fur-tout défendu dans fa maifon de les faire mourir de ces morts cruelles & recherchées, qui n'ont d'autre objet que d'en rendre la nourriture plus délicieufe. Faut-il, dit M. de Maupertuis, qu'une ame foit précisément celle d'un homme ou d'un tel homme, pour s'abstenir de lui caufer de la douleur ? Penfer de cette manière, c'est avoir de la difpofition à

penfer par dégrés à tuer ou à tourmenter fans fcrupule tout ce qui ne feroit pas nos parens ou nos amis ; ce feroit penser comme ces cruels conquérans du Nouveau Monde, qui en égorgeoient fans remords les malheureux habitans, parce qu'ils différoient d'eux par leurs cheveux plats & leur face bazanée. L'expérience a fait voir que ceux qui tourmentoient les Animaux avoient auffi peu de fenfibilité pour leurs femblables.

Les quatre Lettres fuivantes concernent les fyftèmes, fur-tout les fyftêmes métaphyfiques, celui des Monades en particulier, la nature des corps & les Joix du mouvement. Chacun de ces fujets fournit à M. de Maupertuis la matière de plufieurs réfléxions nouvelles.

L'hiftoire de ce qui s'eft paffé à l'occafion de la découverte du principe de la moindre action, eft le fujet de l'onzié me Lettre. Cette querelle, dans laquelle on a vû fe pratiquer contre M. de Maupertuis tout ce qu'une rage envenimée peut infpirer de plus odieux, a déja trop occupé le Public pour la lui retracer. M. de Maupertuis a toujours oppofé la modération à la fureur & aux Libelles; & dans cette Lettre même on ne trouve

rien que de très ménagé contre des adverfaires qui ont employé contre lui toutes fortes d'armes. Si M. de Maupertuis fe plaint de la haine & de l'envie qui lui ont fufcité cette querelle, elles ont trop éclaté pour qu'il dût pouffer le ména gement jufques à leur donner des noms plus doux.

Quant au fond de la queftion, j'entends la queftion géométrique, l'illuftre M. Euler, dont le témoignage en Géométrie & en Méchanique eft du plus grand poids, vient de traiter complettement ce fujet, & de donner une nouvelle étendue au principe de M. de Maupertuis, dans une differtation, dont peu d'exemplaires font parvenus à Paris, mais qui paroîtra fans doute dans les Mémoires de l'Académie de Berlin. « Le résultat » de cet examen, dit l'Auteur des Lettres, me fait trop d'honneur pour qu'il » me convienne de l'expliquer ici. Ce grand Géomètre (M. Euler) a nonfeulement établi le principe plus folidement que je ne l'avois fait; mais fa vûe plus étendue & plus pénétrante que la mienne, y a découvert des conféquences que je n'en aurois pas tirées. Après tant de droits acquis fur le prin

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cipe même, revenant à la discussion de » celui à qui il appartenoit, il a démon» tré, avec la même évidence, que j'étois » le feul à qui l'on pût en attribuer la dé

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» couverte. »

La douzième Lettre regarde la figure de la Terre, & la décifion de cette quef tion importante. Ce que M. de Maupextuis avoit déja publié à ce fujet, ayant précédé le retour des Académiciens envoyés au Pérou, il parle ici de tous ceux qui ont eu part aux nouvelles mesures de la Terre, & des conteftations qu'elles ont fait naître. Il s'accufe lui-même, avec une ingénuité auffi rare chez les Philofophes que chez les hommes ordinaires, d'avoir peut-être pris les chofes avec trop de vivacité. Rapportons fes. propres paroles. « On chercha à répandre des doutes fur notre mefure; nous la foutinmes peut-être avec un peu trop d'ardeur : : nous attaquâmes à notre » tour les mesures qu'on avoit faites en France; les difputes s'élevèrent, & des difputes nâquirent bien-tôt des injuf»tices & des inimitiés.... Enfin deux » des (trois) Mathématiciens du Pérou » revinrent en 1744, & leurs mesures » s'accordoient avec les nôtres. La figure

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