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PRÉFACE

DE

L'AUTEUR.

PREMIÈRE ÉDITION (1799).

m

EN augmentant le nombre déja considérable des Traités élémentaires sur l'histoire ancienne, je me crois d'autant plus obligé de rendre compte du plan que j'ai suivi dans cet ouvrage.

Il fut d'abord destiné à l'usage de mes leçons publiques, et il en est pour ainsi dire le fruit. Je ne crois pas devoir y dire tout ce qu'on sait, ou tout ce qu'on croit savoir sur l'histoire ancienne; car tout ce qui peut avoir quelque importance pour un historien de profession n'appartient pas pour cela aux leçons d'un cours public. Mais je cherche à faire un choix de ce qu'il est nécessaire que mes auditeurs sachent pour se former un ensemble de connaissances historiques. Ce n'est donc pas l'histoire

de tous les peuples qui peut être traitée ici, mais seulement l'histoire de ceux qui se sont distingués par un certain degré de civilisation et de culture politique. Tels sont ceux dont je me suis borné à parler dans ce Traité.

Les objets qui ont principalement attiré mon attention sont la formation des États, les changements opérés dans leurs constitutions, et la direction qu'ils ont imprimée au commerce du monde, la part qu'y a prise chaque nation, et, ce qui y tient de très-près, l'agrandissement des peuples par le moyen de leurs colonies. L'accueil plein d'indulgence que le public a bien voulu faire à l'ouvrage plus considérable, et composé d'après un autre plan, que j'ai publié sur le même sujet, m'en ferait espérer un pareil pour ce nouvel essai, quand bien même l'esprit du siècle n'imposerait pas hautement à un historien la nécessité de donner à ces objets une attention sérieuse. Par la même raison, je ne devais pas me contenter du simple récit des événements particuliers, mais je devais m'imposer l'obligation d'en suivre la marche et l'enchaînement, d'en présenter une esquisse où j'eusse constamment le soin de faire ressortir les principales circonstances qui ont contribué au développement du tout. Sans cela, l'histoire, en général, ne peut être qu'une étude sans intérêt et sans vie, surtout celle des républiques, si nombreuses dans les anciens temps, et constituées de manière que leur histoire est nécessairement celle des partis politiques; problème véritablement le plus difficile à résoudre pour un

historien. Sous le rapport de l'ordre à établir dans les principales parties de ce travail, l'histoire de la Grèce, à cause de la division de ce pays en une multitude d'États, présentait les plus grandes difficultés. Sans

doute on se met fort à son aise en se bornant à l'histoire d'Athènes et de Sparte; mais il n'en résulte alors qu'une connaissance très-incomplète du sujet. J'ai tâché de surmonter cette difficulté, en rejetant dans la seconde période tout ce qui concerne les petits États et les colonies, afin de pouvoir, par ce moyen, faire marcher sans interruption l'histoire de la troisième période, qui est la plus importante, et où tout se rattache d'ailleurs aux principaux États. Si cet arrangement né plaisait pas à quelques personnes qui voudraient prendre mon ouvrage pour base de leurs études, ces notices peuvent fort bien se rattacher au tableau rapide de la géographie qui précède l'exposition historique, et c'est ce que je fais moi-même quelquefois dans mes cours. Je n'ai, au reste, rien à dire sur l'ordre des autres parties. J'ai indiqué les sources dans chaque section de mon livre; les citations de détail n'entraient pas dans mon plan. Si j'ai quelquefois renvoyé le lecteur à mon grand ouvrage dans les deux premières sections, cela n'est arrivé que pour certains points sur lesquels on chercherait en vain des éclaircissements ailleurs.

Je suis persuadé qu'il est indispensable de joindre à l'exposition de l'histoire ancienne des notions sur l'ancienne géographie et l'usage des cartes (1), à moins

(1) Je me suis servi des cartes de Danville.

qu'on ne suppose cette connaissance déja acquise par le lecteur. Au reste, j'ai déclaré dans l'ouvrage même que ce n'est pas un cours complet de cette science, mais simplement un moyen accessoire d'appuyer les connaissances historiques. C'est sous ce point de vue qu'on devra juger les articles de géographie que j'ai insérés dans le cours de l'ouvrage : ils sont ordonnés de manière à embrasser la totalité de l'ancien monde; de sorte qu'il ne dépend plus que du professeur d'y rattacher un cours plus ou moins complet sur cette

science.

Quant à la chronologie, je me suis borné à une seule manière de compter que j'ai prise pour base, c'est-à-dire les années avant et depuis J.-C. : j'espère que mes lecteurs me sauront gré d'avoir préféré cette chronologie, beaucoup plus sûre et plus commode, à celle des années depuis la création du monde, qui est bien moins commode et moins sûre. D'un autre côté, je renonce volontiers d'avance au mérite de ranger dans un ordre chronologique sévère quelques événements particuliers des premiers siècles de l'histoire antérieurs à Cyrus. Au contraire, j'ai souvent mis des nombres ronds à la place des nombres précis qu'on a coutume de trouver dans plusieurs nouveaux abrégés; cette exactitude rigoureuse des dates est nécessaire, à mon avis, lorsqu'il s'agit d'exposer la suite non interrompue des événements; mais elle ne l'est pas du tout lorsqu'il n'est question que d'établir des faits isolés.

Les événements de notre temps ont répandu sur

et si

l'histoire ancienne une lumière et un intérêt qu'elle n'avait ni ne pouvait avoir auparavant : l'étude de cette science est, sinon l'unique, au moins le plus sûr moyen d'envisager avec plus de netteté et moins de prévention les grands drames dont nous sommes contemporains. Assurément toute comparaison expresse, avec quelque force que l'occasion de la faire vînt s'offrir à moi, ne pouvait entrer dans mon plan; par hasard on trouvait dans plusieurs parties de mon ouvrage, particulièrement dans l'histoire de la république romaine, quelques rapports avec les événements qui se sont passés pendant les dix années dans lesquelles l'ouvrage a paru, je ne crois pas avoir besoin d'excuse pour cela. A quoi sert l'étude de l'histoire, si l'on n'en devient pas meilleur et plus sage, et si la connaissance du passé ne nous apprend pas à mieux apprécier le présent? Si je pouvais y contribuer en quelque chose, et surtout si j'étais assez heureux pour inspirer aux jeunes gens quelque goût pour l'étude approfondie d'une science qui récompense par cet avantage spécial ceux qui la cultivent, ce serait à mes yeux la plus belle récompense de mon travail.

(Voici ce que l'auteur ajoutait dans une seconde Préface, qui se trouve à la tête des trois éditions subséquentes de son ouvrage, dont la dernière (la quatrième) a paru à Goettingue en 1821.)

La forme extérieure de cet ouvrage est la même celle de mon Manuel historique du système que

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