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navires Anglois continuent de troubler la navigation dans ces parages, en s'emparant de toutes fortes de navires neutres fans aucun motif qui puiffe les juftifier.

» Les requêtes itératives des Négocians d'Amsterdam, écrit-on de la Haye, pour engager les EtatsGénéraux à protéger leur commerce par des convois efficaces, ont été fuivies de celles de plufieurs autres villes ; il y en a maintenant huit à neuf des principales de la Province de Hollande occupées à voter, pour que cette Province prenne le parti de donner des convois illimités, quelque puiffe être le vœu des autres Provinces, & quand même elles refuferoient leur concours. Celle de Leyde, c'est-à-dire les Régens, ont dû accéder à cette détermination, parce que fes manufacturiers & trafiquans en laines ont menacé de la quitter pour aller s'établir à Amfter lam. Il eft. vraisemblable. que la prohibition faite en France de l'entrée des fromages de la Nort-Hollande, engagera celles de notre Province à y accéder. Quant aux fecours que les Anglois demandent à la République, quoiqu'en difent les partifans de l'Angleterre, nous fommes perfuadés ici qu'ils n'en obtiendront aucun. La propofition d'augmenter les forces de terre, paffera probablement auffi à la négative. Il est vrai que le parti oppofé agira de fon côté pour faire accorder les convois; mais on prévoit que le commerce fe laffera de payer le double droit d'entrée & de gabelles qu'il s'étoit impofe volontairement pour avancer l'arme ment de ces convois; & l'année fuivante on ne pourra peut-être pas équiper le même nombre de vaiffeaux. Les vrais patriotes, les politiques les plus fages,difent que c'eft tant mieux, parce qu'il arrivera delà qu'elle ne fera point obligée de prendre part à la querelle des deux nations rivales, comme l'Angleterre & fes partifans le defireroient; ce dont on fera redevable, difent-ils, à la généreufe fermeté de la ville d'Amfterdam. La paix fe fera enfuite quand on fera las de fe battre, ou peut-être avant qu'on fo

batte; & ce fera infailliblement à cette feule condition que chacun à l'avenir fera le maître chez foi, & que tous feront libres fur les mers, laiffant aux Anglois le foin de fe confoler comme ils pourront du chagrin de n'être plus maîtres que chez eux «.

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A en croire quelques lettres de Londres le Gouvernement commençoit à regarder de nouveaules Américains comme des fujets révoltés. Le fieur Marçland, Capitaine du Corfaire Boftonien le Prince Noir, après avoir fait 27 prifes dans l'efpace de 3 mois & onze jours de croifière, avoit été pris luimême par une frégate Angloise, on l'avoit conduit à Londres jetté dans un cachot, & on lui faifoit fon procès, qui devoit, dit-on, fe terminer par la punition infligée aux forbans. D'après ces lettres on étoit en droit de conclure que l'Angleterre fe croyoit plus éloignée que jamais de la néceffité de reconnoître l'indépendance de P'Amérique. Ce ne font pas des fuccès dans le nouveau monde, des négociations en Europe, qui avoient pu amener dans la Grande Bretagne cet efprit deftructeur & cruel. Cette nouvelle ne s'eft pas confirmée. On apprend que le Prince-Noir eft arrivé à Dunkerque, le 6 de ce mois, en trèsbon état, après avoir pris ou rançonné un grand nombre d'ennemis."

Suite de l'Expofé des motifs de l'Espagne.. Ce Mémoire donné au mois de Mars, n'a pro duir que de belles promeffes de la part du Ministère Anglois, n'a pas empêché qu'on ne fe permît de nouvelles prifes & de nouvelles infultes dans les mois d'Avril & de Mai fuivans, ainfi qu'on l'a expofé dans la note 4. On peut révoquer en doute le Ministère Anglois a feulement pris la peine de

lire la note ou la lifte des griefs, & fi ce n'eft pas pour cette raison que beaucoup de ces griefs ne font point parvenus à la connoiffance de S. M. B., ainfi qu'elle l'a affirmé à fon Parlement.

8. L'Espagne a été plus heureuse que la France visà-vis du Ministère Anglois: car du moins on ne lui a point nié les faits, & on lui a toujours promis de belles chofes, quoiqu'elle n'ait jamais obtenu une fatisfaction complette, ni réuffi à faire ceffer les violences. Toutes les Puiffances de l'Europe favent très-bien quelles font les maximes de la Marine Angloife dans fes déprédations; elles en ont aflez éprouvé dans cette guerre, & dans la guerre précédente entre l'Angleterre & la France; mais elles ne favoient pas, & elles n'auroient pas pu s'imaginer que le Capitaine de la frégate ou de la corvette Angloife le Zephir, appelle Thomas Hafth, après avoir pris injuftement la Balandre la Trinité, allant de Bilbao à Cadix fur la fin de 1777, chargée de cuirs, de clous & d'autres marchandifes, la conduiroit à Tanger, & dans cette Place tâcheroit de l'échanger contre un brigantin Américain pris par les Maroquins, en laiffant comme efclaves le Capitaine Espagnol fon Pilote & fon Equipage. Heureufement, les Maures n'acceptèrent point le marché ; & alors quoique le vaiffeau fût conduit à la baie de Gibraltar, comme tout prétexte manquoit pour le déclarer de bonne prife, les Anglois le laiffèrent en liberté, après avoir pillé une grande partie de fa cargaifon; mais ce vaiffeau avoit été fi maltraité depuis fa prife, qu'au fortir de Gibraltar il ne put réfifter à une tempête qui furvint, & qu'il donna fur la côte. Un fait de cette nature ne feroit pas croyable, s'il n'étoit auffi pofitif, & perfonne ne pourra fe perfuadér qu'une Nation auffi civilifée que l'Angleterre air des Officiers de Marine, imbus de pareilles maximes

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9. Les deux faits fuivans peuvent faire juger de l'injuftice des Amirautés Angloifes, & de leur ex

travagante conduite à l'égard des prifes Espagnoles. La balandre Angloife le Lively, Capitaine Jofeph Smith, prit le navire Efpagnol le S. Nicolas & S. Telmo, appartenant à D. Manuel del Cerro Ru bio, Habitant de la Corogne, & allant de ce port aux Ifles Espagnoles. Smith conduifit ce navire à I'Ifle de l'Anguilie, où déclaré mauvaise prise, il fut mis en liberté, & reçut du Gouverneur Anglois un fauf-conduit pour continuer fa route; mais cette précaution lui fut inutile; au fortir de ce port, il fur pris par une autre corvette Angloise, & celle-ci l'ayant mené au port de Basseterre de l'Ifle SaintChristophe, il y fut déclaré de bonne prise. La mê me chofe arriva au paquebot Espagnol Saint-Pedro, Capitaine D. Francifco Xavier Garcia; ayant été pris le 8 Mai 1778, par le Capitaine Anglois Jayme Dunevant, & conduit à la même Ifle de l'Anguille, où on le déclara libre, il fut fuivi & pris de nouveau par une balandre Angloife, aux ordres de Jofeph Armet, mouillée dans ce port, & qui le conduifit à St-Christophe où il fut déclaré de bonne prife.

10. L'Efpagne, plus qu'aucune autre Puiffance, a fait la trifte épreuve des agreffions & des ufurpations du Gouvernement Anglois, toutes au milieu de la paix la plus profonde & fans être précédées de Déclaration de guerre. L'Angleterre poffede à. peine quelque territoire de l'ancienne dépendance Ef-> pagnole qui n'ait été acquis par surprise dans un tems de paix, & toutes les mers ont vu les vaiffeaux Efpagnols battus, quand il n'exiftoit aucun motif de croire qu'ils fuffent attaqués. Le Cabinet Anglois eft le feul qui ait donné l'exemple de conclure un Traité avec l'Espagne & de commettre l'inftant d'après contre elle les plus révoltantes hoftilités. A la vue d'une pareille conduite, on laisse au monde impartial à juger fi le Roia bien fait d'augmenter fes armemens de mer & de prendre les devants pour faire avorter les deffeins de fes ennemis & de fes agreffeurs.

11.Aucun motifne pouvoit déterminer l'Angleterre

à ne pas faire fatisfaction à l'Espagne, à ne pas empêcher qu'il lui fut fait de nouvelles infultes & à ne pas la payer de reconnoiffance, car malgré les projets & les menaces publiques de divers Membres du Parlement Anglois dans les féances des mois de Décembre 1777, & Janvier & Février 1778, pour s'arranger avec les Américains & faire la guerre à la Maifon de Bourbon, Jamais le Roi Catholique ne voulut faire aucun Traité avec les Colonies, pour ne point donner le plus léger prétexte de plainte à la Cour de Londres. On n'entend point par là que de fon côté le Ministère François n'ait pas eu des motifs très-graves pour prendre auffi les devants, en fe précautionnant contre de nouveaux ennemis & fe garantiffant des piéges & des deffeins perni cieux du Cabinet Britannique.

12. La Cour de France s'eft conduite avec tant de franchile & de bonne-foi dans cette démarche es notifiant à l'Angleterre fes liaisons avec les Colonies, (dont le Roi Catholique n'eut aucune connoiffance,) qu'elle ordonna à fon Ambaffadeur à Londres de déclarer que l'Espagne n'avoit eu aucune part à ce qui s'étoit fait. Néanmoins, par un ordre envoyé le 24 Mars à Don Francisco d'Efcarano, chargé d'affaires en Angleterre, il fui fut mandé entr'autres chofes qu'ca même tems qu'il feroit favoir au Ministère Anglois que S. M C. n'avoit aucune part à ce qui s'étoit paffé, & quoi qu'elle fût très-décidée à maintenir la paix il devoit obferver que ce feroit cependant autant que S. M. pourroit y parvenir, faus manquer à la dignité de fa Couronne, à la défense de fes droits & à la protection due à fes fujets, attendu que la conduite de l'Angleterre ferviroit de règle à celle de l'Efpagne. C'eft ce que le Chevalier d'Efcarano déclara & fit favoit au Vicomte de Weymouth dans une audience particulière qu'il eut le 4 Avril fuivant; & il en rendit compte à fa Cour le du même mois.

La Juice pour l'ordinaire prochaim

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