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ANGLOISE,

OU

HISTOIRE LITTERAIRE

DE

LA GRANDE BRETAGNE,

Par ARMAND de la CHAPELLE.

TOME NEUVIE ME.

PREMIERE PARTIE.

A AMSTERDAM,
Chez DAVID PAUL MARKET.
M. DCCXXI.

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DE

L'AUTEUR.

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ORS que je me chargeai de la continuation de cette Bibliotheque Angloife, je crus avoir de fort bonnes raifons pour demeurer inconnu. Tout Auteur qui paroit pour la premiere fois dans la République des Lettres, ne peut guère s'y montrer qu'en tremblant, ce n'est pas un petit avantage pour lui de pouvoir écouter derriere le Rideau les jugemens que le Public porte de fon Ouvrage. Ajoutez à cela, qu'avant toujours vécu dans une grande obscurité, & ne m'étant jamais foucié de faire aucun bruit dans le monde,mon inclination ne m'engageoit pas moins que la prudence à fupprimer mon Nom. Quand on voit un Livre nouveau, premiere question que l'on fait en Angleterre roule fur le Parti de l'Ecrivain: Eft-il Whig? Est-il Tory? Estil pour l'Evêque de Bangor, ou contre lui? S'il époufe avec chaleur la querelle des uns ou des autres, fa fortune est faite,& de quelque maniere qu'il écrive, on a égard à fon zèle, & les gens qu'il favorife ne manquent point de l'élever jusqu'aux Nues. Mais qu'il ne compte point fur les Aprobateurs, & qu'il

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qu'il ne fe promette aucun appui, s'il n'est pas tout un ou tout autre. Quelle figure peut donc esperer de faire un Homme qui,connoissant le fort & le foible des Factions qui partagent depuis long-temps l'Eglife & l'Etat, n'en eftime affez aucune pour lui facrifier Ja Raifon &fa Liberté? Il ne peut être affûré que de fe faire des Ennemis de tous les côtés,& cela étant, n'est-il pas de fon intérêt qu'on ne le connoisse point, s'il fe peut?

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Mais je ne fus pas long-temps à m'appercevoir que la chofe n'eft presque pas poffible. Je ne fai comment on déchifra les Lettres initiales de mon Nom un peu déguifé, que j'avois fait mettre à la tête du fixieme Volume. Perfonne n'ignorant plus qui je fuis, il n'est donc pas moins inutile qu'il feroit ridicule de faire encore myftere d'une chofe que tout le monde fait. Je puis dire même qu'à quelques égards,il ne m'a pas été desavantageux d'être connu. Quelques Perfonnes Javantes judicieufes qui m'honorent de leur bienveillance m'ont donné de temps en temps de bons avis, dont j'ai bien fait mon profit, & il y a même eu des gens qui m'ont fourni des Memoires, ou fait préfent de leurs Livres. Tout cela me détermine enfin à publier mon

vrai Nom, dans l'esperance de me procurer des fecours &des lumieres qui rendront cette Bibliotheque Angloife plus curieufe,& plus inftructive.

Il eft vrai que je m'expofe en meme temps à la cenfure,& que je cours risque d'être perfonnellement attaqué par les Auteurs ou par les Partis, dont je dis peut-être trop librement ma pensée. Mais cela ne m'intimide point,& je me fens,fije ne me trompe,affez d'équité ou de courage pour méprifer ce danger. Si les plaintes que l'on fera me paroiffent mal fondées, je ne m'en mettrai pas fort en peine, fi elles font accompagnées de raifon,ou même de quelque apparence de juftice,on peut compter que je me ferai toujours un plaifir && un devoir de reparer inceffamment la faute que j'aurai faite. Je tiendrois mal ma parole, si je ne prenais pas cette occafion de répondre aux honnêtetés qu'un Inconnu me témoigne dans un Memoire que Mr. LE CLERC a inferé depuis peu dans fa † Bibliotheque Ancienne & Moderne, On y dit que j'ai fait tort à Mr. Brandt.

que j'ai mal pris fapenfée, en infi nuant qu'il a mis la Confeffion de Foi des Réformés au nombre des Satires que * 3 l'on

† Tom. XV. Part. I.

Bibl. Angl. Tom. VII. pag. 397.

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