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de nos Opéra, M. de Caux apoftrophe ainfi fon adverfaire :

Eh quoi! n'entends-tu pas, fur le bord des ruiffeaux,

Ce doux gazouillement, ce concert des Oiseaux,
Que la Nature entière au Printems renouvelle ?
N'offrent-ils pas d'un Chœur l'image la plus
belle?

Vois-les fe difputer à qui chante le mieux :
Eft-il rien de plus beau, de plus harmonieux ?
Vois-les féparément,quand d'amoureufes flammes
D'une volupté pure ont pénétré leurs ames,
Exhaler à l'envi le feu du fentiment,
Dans un vif dialogue exprimer leur tourment,
Soupirer tour à tour, fe parler, fe répondre,
Redoubler leurs accens, & fouvent les confondre.

Le Poëte, dans un autre endroit non moins gracieux, fait fentir le faux goût des Italiens.

Je veux peindre un Berger, fur la molle fougère, Tendre, fidèle, heureux auprès de sa Bergère, Jouant avec les Ris, compagnons des beaux

jours,

Et par quelques faveurs amusant les Amours: Dans des airs éclatans, & chargés d'harmonie, Irois-je évaporer les feux de mon génie,

Et peindre le triomphe ou le fafte des Rois,
Au lieu des doux plaifirs qui regnent dans les

Bois?

On trouve à la fuite de ce Poëme une Satyre vive, intitulée, Adieux aux Bouffons. L'Auteur s'exprime ainfi fur la bizarre affociation des Intermèdes Italiens & de nos Opéra.

Sur le même Théâtre, & dans un même lieu,
Pourquoi nous préfenter l'Esclave avec le Dieu ;
Au langage François mêler celui de Rome,
Et faire tour à tour jouer le Singe & l'Homme ?

L'ouvrage de M. de Caux me fourniroit un grand nombre d'autres morceaux dignes de vous être rapportés. Le Poëte, le Muficien & le Patriote brillent égalėment dans fon écrit.

Les Philofophes du Siècle.

Lorfque la Lettre de M. Rouffeau parut, les Comédiens François remirent au Théâtre les Fées, jolie Comédie de Dancourt, en trois Actes, avec des Divertiffemens. Un des perfonnages de cette pièce est un Prince philofophe. A

354 L'ANNE'E LITTÉRAIRE. cette occafion on fit ce Vaudeville trèsingénieux des Philofophes du Siècle, qui a été gravé. Voici le Couplet que chantoit Mademoiselle Dangeville avec cet efprit, cette fineffe, cet enjoûment, ce fel dont elle affaifonne tous fes rôles.

Honorer les Sçavans,
Même dans fa Patrie;
Voir l'eflor des Talens

Sans fiel & fans envie :

Les vrais Sages penfoient ainfi.
Diffamer Harmonie

De nos Muficiens ;
Aux feuls Italiens
Accorder du génie :

Voilà nos Sages d'aujourd'hui.

M. Rouffeau fe trouva à une repréfentation de cette Comédie, & fe plaça de façon à être vû de tout le monde. Il applaudit lui-même à fon Couplet, & parut enchanté de la gaité bruyante du Parterre, qui ne pouvoit fe raffaflier du plaifir de le regarder, de rire, & de battre des mains. Je fuis perfuadé que dans ce beau moment il fe compara modeftement à Socrate qui affista à la Comédie des Nuées. Je fuis, &c.

A Paris ce 28 Mars 1754

355

TABLE

DES MATIERES

CONTENUES

DANS CE PREMIER VOLUME.

ENSÉES SUR L'INTERPRÉTATION DE
LA NATURE, par M. Diderot, de
l'Académie Royale des Sciences & Belles
Lettres de Pruffe.
Page
LES ÉGLEIDES OU POESIES AMOUREU-
SES DÉDIÉES À EGLE; par M. Poinfinet,
Valet de Chambre de M. le Duc d'Or
léans. L'Héroïne eft Melle, D....

14

LA DANSE ANCIENNE ET MODERNE,
OU TRAITÉ HISTORIQUE DE LA DANSE,
par M. de Cahufac, des Académies de
Berlin & de Montauban: fecond extrait;
le premier fe trouve dans les Leures fur
quelques Ecrits de ce Temps.

21

LA REVUE DES THEATRES, Comédie
en un Acte en vers, jouée une feule fois
aux Italiens, par M. de Chévrier, de Nan-
cy.

35

ANECDOTES HISTORIQUES ET POLITI
QUES DE L'EUROPE, par M. l'Abbé Ray-
nal, Auteur du Mercure de France, &

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