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LITTÉRAIRE.

ANNÉE M.DCC. LXXXI.

Par M. FRERON,

Parcere perfonis, dicere de vitiis. MART;
TOME QUATRIÈME.

A PARIS,

Chez MERIGOT, le jeune, Libraire,
Quai des Auguftins, au coin de la
rue Pavée.

MDCC. LXXXI.

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L'ANNÉE

LITTÉRAIRE.

LETTRE I

Oraifon Funèbre de très-haute, trèsPuiffante & très-Excellente Princeffe MARIE-THÉRÈSE, Archiducheffe d'Autriche, Impératrice Douairière, Reine de Hongrie & de Bohème ; prononcée dans la Chapelle du Louvre, le premier Juin 1781, en préfence de Meffieurs de l'Académie Françoife; par M. l'Abbé de Boifmont, Prédicateur ordinaire du Roi, & l'un des quarante de l'Académie. A Paris, chez Demonville, Imprimeur-Libraire, rue Chriftine.

CE feroit, Monfieur, un sujet piquant & qui prêteroit beaucoup, que

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l'Oraifon Funèbre de l'éloquence Françoife, prononcée dans l'Académie, où elle a trouvé fon tombeau. Les uns prétendent qu'elle y eft morte d'ydropifie, les autres, de phtyfe. d'épuifement, & par une extinction de chaleur naturelle. Il eft fûr qu'un grand nombre de maux compliqués ont concouru à la faire périr: mais rien n'y a plus contribué qu'une trop forte dofe de faux Elprit tiré à l'alambic, & mêlée d'autres drogues d'un très-mauvais goût. Si l'éloquence avoit échappé à tant de caufes de déf truction, le Difcours que je vous annonce lui auroit porté les derniers coups; car tous les moyens de l'anéantir y font raffemblés. Enflûre, féchereffe, fauffe chaleur, faux efprit, mauvais goût de toute espèce,

Dès fon exorde, l'Orateur de l'Académie fait bien voir que les fujets les plus riches & les plus magnifiques, ne peuvent infpirer que des mots vuides & ftériles à ceux que l'éloquence a abandonnés. Il entre ainsi dans fon fujet.

La mort de Marie-Thérèfe accu

mule des couronnes fur une tête Augufte digne de les porter. Pour nous, recueillons, au nom de la Religion & de l'humanité, une fucceffion plus grande encore. Raffem blons ces efprits de juftice, de bienfaifance & de paix, qui environ-> noient le Trône Impérial, pour les répandre, s'il eft poffible, au pied de tous les Trônes, & en compofer le bonheur du monde ».

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Concevez-vous bien ce que fignifie un pareil jargon? Rassembler des efprits de juftice & de bienfaifance, répandre ces efprits au pied de tous les Trônes, & compofer le bonheur du monde de ces efprits ainfi répandus! Voici qui n'eft pas moins obfcur : Détournons les yeux de ce temple » de la mort, hélas ! qui fe montre toujours envain à fes victimes». L'Orateur a-t il voulu dire que les morts ne voient point leur tombeau ? Comment peut-on fe réfoudre à joindre ainfi des mots qui ne préfentent aucun fens ?

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Je veux vous montrer, dans la phrafe luivante, un exemple de l'en

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