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HISTORIQUE

ET

LITTÉRAIRE

1792.

Tome premier.

1. JANVIER.

Neque te ut miretur turba, labores,

Contentus paucis leftoribus. Hor. Sat. 10, 1. 1.

A MAESTRICHT,
Chez FRANÇOIS CAVELIER, Imprimeur
Libraire, fur le Vrythof.

Et fe trouve à LIEGE,

Chez J. F. BASSOMPIERRE, Imprimeur.
Libraire, vis-à-vis Ste. Catherine.

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JOURNAL

HISTORIQUE

E T

LITTÉRAIRE.

1. Janvier 1792.

NOUVELLES LITTÉRAIRES.

Voyages dans l'ifle de Chypre, la Syrie &la Paleftine, avec l'hiftoire générale du Levant. Par M. l'abbé Mariti. Traduit de l'Italien. A Neuwied, chez la fociété Tipographique. 1791. 2 vol. in-12. prix 8 escalins.

O

N peut bien dire que le talent propre

aux favans de ce fiecle, c'eft d'apétiffer les objets, de refferrer des chofes immenfes dans une espace imperceptible. Voilà un Voyage dans une grande partie de l'Afie, avec tout ce que l'auteur a penfé & raconté fur les objets qu'il a vus & non vus, renfermé dans deux volumes in-12, & qui laiffe encore une place fuffifante pour l'Hiftoire générale du

Levant. Un tel laconifme a du faire une grande réputation à M. l'abbé Mariti; mais ce qui l'a le plus illuftré, c'eft qu'il eft ennemi du defpotifme facerdotal, & que prétre luimême, il a pu s'élever au-dessus des préjugés, démafquer le fanatifme, & établir au nom du Ciel la liberté des cultes, c'eftà-dire, felon le Dictionnaire encyclopédique & la plupart des philofophes, le germe de l'impiété & de l'atheisme.

C'est bien certainement un terrible homme que cet abbé Mariti, dont les gens de Neuwied font fi enchantés. Ils font fur-tout ravis de ce qu'à l'occafion des croifades, il menace les pontifes du compte rigoureux que le Ciel leur demandera au jour des vengeances, des flots de fang qu'ils ont fait répandre en fon nom. Les pauvres pontifes, les voilà bien à plaindre! Pour arrêter les flots du fang chrétien que les infideles répandoient dans toute l'Asie, & prévoyant qu'ils en feroient tout autant en Europe, pour arracher à ces barbares les hommes policés, les fciences, les arts, la Religion & les plus belles provinces du monde, pour les empêcher de ravager & d'enfanglanter l'Europe après avoir défolé l'Afie, les pontifes ont tâché de les repouffer dans les fables de l'Arabie. Et quel compte rigoureux ne rendront-ils pas de cette affreuse démarche? (a)

(a) Vues diverses fur les croifades 1 Juillet 1791, p. 325, 326 & autres cités ibid. Dict. hist. Art. S. BERNARD, GODEFROI, LOUIS IX,

RE L'HERMITE &c.

Une telle maniere de voir nous difpenfe de fuivre le voyageur Italien dans fes courses légeres & fes obfervations plus légeres encore. Un homme qui fe fâche de ce qu'on ait tâché d'empêcher les hordes Ottomanes de ravager l'Afie & l'Europe, doit néceffairement porter d'étranges jugemens fur d'autres objets, & dès-lors ne promet rien de bien propre à nous inftruire. Cependant j'ai voulu me convaincre par quelques détails, du degré précis où fe trouvoit la philofophie exaltée du prêtre philofophifte, & je n'ai pas été dans le cas de lire beaucoup pour en être inftruit. Ouvrant fans deffein & cherchant un paffage à l'aventure, je fuis tombé fur la p. 353 du tome 2, où il fe moque des favans & plus encore d'un Capucin, qui dans la Mer-Morte, fes rivages & fes environs, ont cru obferver des veftiges de la vengeance divine. Un Capucin, dit-il, porte par-tout les cinq fens de la foi, & moi je ne fuis doué que de ceux de la nature. Le pauvre petit étoit bien loin de foupçonner que Strabon & Tacite ont parlé de la fcene de cette terrible catastrophe, à peu-près comme le Capucin, & cependant ils n'avoient pas les cinq fens de la foi; mais ils avoient certainement ceux de la nature d'où il s'enfuit évidemment que M. l'abbé Mariti ne les a pas.... Voilà ce qui arrive quand on voyage & qu'on écrit fans principe & fans logique.

Autres exemples de la logique & en mêmetems de la phyfique de l'abbé Mariti. Là même, P. 352. Le Capucin (aux cinq fens de la foi) croit refpirer encore une odeur de foufre:

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