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ENCYCLOPÉDIQUE,

OU

ANALYSES ET ANNONCES RAISONNEES

DES PRODUCTIONS les plus REMARQUABLES

DANS LA LITTÉRATURE, LES SCIENCES ET LES ARTS.

I. MÉMOIRES, NOTICES,

LETTRES ET MÉLANGES.

ies

NOTICE sur le général SAN-MARTIN, contenant quelques détails sur le nouvel état du PÉRou (1).

L'organisation de l'AMÉRIQUE avance à grands pas. Les ÉTATS-UNIS, qui présentent le séduisant tableau d'une sage liberté établie par les lois et d'une prospérité toujours crois

ecetle

(1) Indication des sources où l'on a puisé pour la rédaction Notice. Tous les faits, généralement peu ou mal connus, qu'on a recueillis dans cette Notice, sont tirés d'un Essai biographique sur le général SAN MARTIN, par M. Ricardo GUAL I JAEN, écrit en langue espagnole, et imprimé depuis peu à Londres, et d'une traduction anglaise de pièces officielles, publiées par le gouvernement péruvien. L'auteur de l'Essai a pris pour épigraphe ces deux vers de Corneille :

La g'oire est plus solide après la calomnie,

Et brille d'autant plus, qu'elie s en vit ternie.

En effet, la malveillance, l'esprit de parti et la calomnie, n'ont pas épargné le nom et la vie du libérateur du Pérou. Les observations que T. XVIII.-Juin 1827.

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sante, comptent maintenant chez les autres peuples américains, d'heureux imitateurs qui sauront se rendre dignes du noble modèle qu'ils ont devant les yeux. Encore quelques années, et le nouveau continent sera réellement un nouveaumonde, plein de vigueur et d'énergie, riche d'espérances, capable des plus hautes conceptions et des entreprises les plus généreuses. Depuis le cap Horn jusqu'au Labrador, partout où l'homme pourra fixer sa demeure, il sera libre, non de cette liberté sauvage et anti-sociale qui retint dans la barbarie les an

nous avons cru pouvoir nous permettre, toujours inspirées par un esprit de justice et d'impartialité, ne sauraient nous exposer au reproche d'avoir voulu atténuer les torts des détracteurs et des calomniateurs de l'homme célèbre que nous cherchons à faire connaître et apprécier. — Nous aimons d'ailleurs à nous appuyer de l'opinion éclairée d'un de nos honorables correspondans, M. GARCIA DEL RIO, qui arrive du Pérou, et qui se trouve maintenant à Londres, d'où il a bien voulu établir des re lations avec la Revue Encyclopédique. Il nous paraît mériter l'entière confiance de nos lecteurs, par l'étude approfondie qu'il a faite de la situation et des intérêts de l'Amérique espagnole, où il a demeuré pendant plusieurs années; par son active participation aux événemens mémorables, au milieu desquels de nouveaux états libres s'élèvent sur les débris d'anciennes colonies, dépendantes et vassales; enfin, par la confiance même que lui out accordée ses compatriotes, en le chargeant de venir les représenter en Angleterre, et auprès de quelques autres états de l'Europe. C'est sous les auspices et par les soins du même M. Garcia del Rio, que va être publié à Londres, en langue espagnole, un nouvel ouvrage périodique, la Biblioteca Americana, dont le prospectus est inséré, par extrait (article 51), dans notre Bulletin supplémentaire d'ânNONCES BIBLIOGRAPHIQUES, etc., no 5, annexé à notre dernier cahier, mai 1823. La Bibliothèque Américaine est destinée à bien faire connaitre, par un double tableau, à l'Europe, la situation et les progrès de l'Amérique, ainsi que les sentimens, les opinions, les besoins, les travaux scientifiques et littéraires des citoyens de ses nouveaux états; et à l'Amérique elle-même l'état des sciences, des lettres, des arts et de la civilisation de l'Europe. Nous puiserons souvent des matériaux dans co recueil, pour concourir au noble but que ses auteurs se proposent.

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M. A. JULLEN.

:

ciens habitans de l'Amérique, mais de celle qui consiste dans le développement et l'exercice de toutes les facultés de l'ame. La majeure partie de ce qui reste encore de la population primitive a quitté la vie errante, et goûte les premiers bienfaits de la civilisation. Les descendans des compagnons de Cortez, de Pizarre et d'Almagro seront bientôt devenus des citoyens, pénétrés du sentiment de leur dignité et de leurs droits, qui ne seront désormais ni oppresseurs ni opprimés. L'indépendance est conquise, l'œuvre de l'affranchissement est accomplie; il ne reste plus qu'à donner aux nouveaux états des institutions et des lois qui leur conviennent. Les constitutions adoptées par quelques-uns de ces états ne sont encore que des essais elles peuvent et doivent recevoir des modifications importantes, et peut-être même changer de nature. Déjà, l'empire éphémère du MEXIQUE a disparu, et fera sans doute bientôt place à un gouvernement représentatif et libre. L'empire du BRÉSIL paraît fondé sur une base plus solide; cependant, on peut douter qu'il se maintienne long-tems: entouré, comme il le sera, de républiques, gouvernées d'après des principes qu'il repousse, et qui ne pourront elles-mêmes co-exister en harmonie avec lui, son isolement sera pénible, sa tranquillité précaire : de là, un malaise habituel et général, dont les peuples ne méconnaissent point la cause, et qui entretient le mécontentement. Si le Brésil ne s'était pas séparé de la métropole, il aurait pu s'en détacher un jour, sans effort, sans dissensions intestines, et peut-être, sans effusion de sang : mais le passage de l'état monarchique au gouvernement républicain n'est pas aussi paisible; jusqu'à présent, il ne s'est point fait sans guerres civiles.

L'origine et les développemens de la constitution du PÉROU offrent un phénomène si extraordinaire, que tout ce qui s'y rapporte et peut servir à le faire connaître, mérite d'être recueilli et conservé par l'histoire. Cette constitution n'est pas

encore publiée en Europe (1) : quelques-unes de ses dispositions fondamentales, sans convenir à une monarchie, sont peu d'accord néanmoins avec les principes du gouvernement républicain; ce qu'il faut attribuer peut-être à la difficulté des circonstances et aux localités. Si le législateur a fait tout ce qu'il a cru possible, si tous ses actes portent l'empreinte d'un vrai patriotisme, d'une sage modération, d'une scrupuleuse équité, on ne lui reprochera point quelques erreurs peut-être

(1) D'après des nouvelles reçues dernièrement de Lima, le congrès du Pérou a nommé un comité chargé de présenter un projet de constitution, basé sur le système représentatif. Les bases de ce projet sont l'unité de la nation, sous le titre d'état libre du Pérou; la souveraineté de la nation, qui se déclare indépendante de l'Espagne et de toute autre puissance étrangère : la religion catholique est la religion de l'état; le droit d'élection appartient au peuple; celui de faire les lois, à ses rcprésentans la liberté de la presse, la sûreté des personnes et des propriétés, l'abolition de la confiscation, des peines infamantes, des dignités héréditaires, des priviléges, du commerce des esclaves, sont proclamées et garanties. Le pouvoir législatif est exercé par les députés assemblés qui composent une chambre représentative. Le pouvoir exécutif ne peut être héréditaire, ni à vie. Dans les causes criminelles, on a recours au jury. Un sénat est chargé de veiller sur la constitution; il propose au pouvoir exécutif les fonctionnaires civils et ecclésiastiques, et convoque le congrès dans les cas extraordinaires. Enfin, les ministres sont responsables collectivement et individuellement. D'autres dispositions doivent établir le principe d'une instruction primaire et commune, mise à la portée des enfans de toutes les classes de la société. Un traité particulier d'alliance offensive et défensive vient d'être conclu entre l'état libre du Pérou et la république de Colombie. Ils s'obligent à se prêter mutuellement des secours sur terre et sur mer pour défendre leur indépendance contre les efforts du gouvernement espagnol et de toute autre puissance étrangère; et, lorsque cette indépendance aura été reconnue, ils s'obligent à travailler de concert à la prospérité commune des citoyens de chacun des deux états. — Les Péruviens jouiront, dans la république de Colombie, des mêmes droits que les autres citoyens; et réciproquement, les Colombiens trouveront au Pérou les mêmes avantages que s'ils étaient Péruviens. (N. d. R.)

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